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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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m’affronter à nouveau ou s’éclipser. L’approche de trois autres soldats le fit pencher vers la seconde possibilité. Il tourna les talons et s’enfuit vers le bois d’où il était sorti.
    Arrivé à l’orée de la forêt, il s’arrêta et se retourna vers moi. Sans prévenir, il tira une dague de sa ceinture, la fit pivoter dans les airs et l’attrapa par la pointe pour la lancer dans ma direction. Seuls mes réflexes, aiguisés par des années d’entraînement, me gardèrent en vie. À la dernière seconde, je me baissai et entendis l’arme siffler juste au-dessus ma tête. Un grognement étouffé monta derrière moi et je sus qu’un innocent avait payé de sa vie pour que je conserve la mienne.
    —    Protège la Vérité, maudit lâche ! cracha l’inconnu, la voix pleine de fiel. N’as-tu pas compris que ta vie n’a aucune valeur ?
    Puis, la main pressée sur son épaule blessée, il s’enfonça dans les bois et disparut. Je restai là, les bras ballants. Mais les circonstances n’étaient pas à la réflexion. Chassant ma perplexité, je courus vers Ugolin. Il en avait fini avec ses adversaires et protégeait Pernelle, toujours blottie derrière lui.
    —    Fichez le camp, vite ! ordonnai-je.
    Le Minervois considéra Pernelle, dont les grands yeux étaient éperdus. Puis son regard se porta par-dessus mon épaule. Presque imperceptiblement, il fit non de la tête et resta en place.
    —    Trop tard, soupira-t-il.
    Je me retournai, contrarié. Des Barres, l’épée ensanglantée et le souffle court, se tenait à une vingtaine de pas de nous. Tout autour, le sol était jonché des cadavres de nos assaillants, dont peu semblaient avoir survécu, et de ceux de plusieurs croisés. La bataille n’avait pas duré dix minutes, mais elle avait été furieuse et avait fait de lourds dommages.
    Il aboya des ordres et quelques-uns de ses hommes vinrent aussitôt se saisir de nous. Ugolin et moi laissâmes tomber notre épée et n’offrîmes aucune résistance. La tension retombant, ma tête se mit à tourner et seuls les bras puissants du Minervois m’empêchèrent de m’affaler sur le sol comme une damoiselle en pâmoison.
    —    Tu es blessé, s’écria Pernelle en prenant ma senestre pour l’examiner.
    Elle se retourna vers Guillaume et prit tout naturellement charge de la situation.
    —    Emmenez-le à l’écart et faites quérir mon coffre, ordonna-t-elle de ce ton qui n’acceptait aucune contestation. Et retirez-lui ce maudit fer !
    Autour de moi, le jour fut enveloppé par la nuit et c’est à demi conscient que je fus traîné par Ugolin jusqu’à un arbre auquel il m’adossa. Pendant que Pernelle attendait son coffre, Guillaume s’approcha avec une petite gourde qu’il gardait suspendue à sa selle et m’abreuva de quelques gorgées d’eau qui me rendirent mes esprits. Puis il déverrouilla le bracelet de métal qui retenait mon poignet gauche. Il repartit dès qu’un soldat revint avec les effets de mon amie.
    —    Alors ? m’enquis-je pendant qu’elle m’examinait.
    —    Tu as une belle entaille, répondit-elle.
    Je relevai la main à la hauteur de mes yeux pour prendre acte des dommages. La peau était fendue entre les deux premières jointures.
    —    Heureusement, elle n’est pas trop profonde, poursuivit-elle. Ta main ne sera pas pire qu’avant.
    —    Mais pas mieux, rétorquai-je sombrement.
    Elle enduisit ma blessure d’un onguent et la banda solidement. Dès que je fus soigné, Guillaume ordonna que mes fers me soient remis. Démontrant une nouvelle fois ses qualités de chef, il prit en charge la situation. Pressé de quitter au plus vite cette souricière et craignant sans doute une nouvelle attaque, il ordonna à la plus grande partie de l’escadron de dégager le sentier pour que les chevaux puissent y passer. Aussitôt, des dizaines d’hommes s’attaquèrent aux branches à coups d’épée et à mains nues. Aux autres, il commanda de ramasser leurs morts. Malgré le fait qu’ils avaient dominé, les croisés avaient perdu une bonne douzaine d’hommes auxquels il fallait offrir la sépulture la plus décente que permettaient le temps et les circonstances. Les brigands, eux, seraient laissés là pour y pourrir ou être dévorés par les bêtes sauvages. Puis des Barres héla Guillot, qui se dandina jusqu’à lui, et lui intima de réciter les prières d’usage pour chacun des défunts, ce que le moine

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