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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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Une telle promesse n’oblige aucunement celui
qui la fait à moins qu’il ne soit libre. Il ne sera jamais question que je me
sépare de la Bourgogne. Je propose à l’empereur de lui payer à la place deux
millions d’or. Quand il recevra cette somme il devra délivrer aussitôt la reine
Éléonore et mes deux fils. »
    Le pape lui-même le délia du serment donné en même temps que
sa signature :
    «  Les accords faits dans la contrainte ne se
maintiennent pas », lui assura-t-il.
    Fort de l’appui du Saint-Père qui entraîna à sa suite la
république de Venise et tous les États italiens, après avoir signé un traité de
paix avec Henry VIII, et trouvé une alliance avec Soliman le Magnifique,
François I er forma alors « la ligue de Cognac »
contre Charles Quint pour abattre sa puissance. Quand l’empereur apprit cette
coalition, il fut ulcéré. Dans sa fureur, il fit aussitôt transférer les deux
enfants de France dans un lointain et imprenable castillo d’Andalousie.
Ils se retrouvèrent bien seuls puisque leurs serviteurs français avaient été
vendus comme esclaves en Afrique.
    Charles Quint ne décoléra pas :
    « Le roi de France m’a trompé. Il n’a point agi en vrai
gentilhomme et en vrai chevalier mais méchamment et faussement. Je ne lui
rendrai pas ses enfants pour de l’argent. S’il compte les avoir par force, je
vous assure qu’il n’y parviendra pas tant qu’il restera pierre sur pierre dans
mes royaumes ! »
    Pendant ce temps, à Cognac, le roi se précipitait dans les
plaisirs dont il avait été privé pendant si longtemps. Madame et sa fille
organisaient des fêtes, des pastorales, des bals que le roi ouvrait toujours
avec la fine et ravissante Mademoiselle Anne d’Heilly, rayonnant de ses
dix-huit printemps.
    Au même moment, en Angleterre comme en France, deux jeunes
femmes pleines de malice surent fixer l’attention de leur roi : Anne
Boleyn pour Henry VIII et Anne de Pisseleu pour François I er .
     
    Dieux immortels,
rentrez dedans vos cieux !
    Car la beauté de
ceste vous empire !
     
    écrivait François dans son enthousiasme, en hommage à sa
nouvelle muse, et il ajoutait en soupirant comme un jeune amant transi :
    «  Elle me fait respirer cet arôme de grâce
féminine auquel je me plais tant à rafraîchir ma force. »
    Sans retard il l’assaillit et fit si bien qu’en peu de temps
elle n’offrit plus la moindre résistance. Il la maria sans tarder avec un mari
distrait, Jean de Brosse, qui avait à se faire pardonner une complicité dans la
conspiration de Bourbon, le nomma duc d’Étampes, afin que « la plus
savante des belles » devînt duchesse d’Étampes. Cependant elle ne se fit
pas faute, étant d’un tempérament insatiable, de le tromper fort souvent.
Décidément, c’était une mode chez les favorites !
    À propos, tu dois te demander ce que devenait la comtesse de
Châteaubriant ? Elle avait eu le temps, durant la captivité de son amant,
d’éprouver la haine qu’elle inspirait à ses ennemis. Mise à l’écart, elle avait
dû résister aux manœuvres de Louise qui avait trouvé sa vengeance en ayant
poussé sa protégée dans les bras de son fils.
    Le roi, se souvenant de ses voluptés passées avec Françoise,
va tenter de faire cohabiter ses deux maîtresses, mais c’était mal connaître
Anne qui menaça de se refuser si sa vieille et noire rivale paraissait à la
cour et dans le lit royal qui à présent était son territoire.
    Françoise, longtemps persuadée que l’amour du roi n’était
pas mort et que la blonde Anne ne serait qu’un caprice passager, comme tant
d’autres, se rendit à l’évidence : ce grand amour s’achevait en douleur et
martyre et elle ne supporta plus ce qu’elle savait perdu. Elle décida alors de
laisser la place et de regagner ses terres au château de Châteaubriant pour
renouer avec son mari qui l’attendait depuis longtemps, ricanant sourdement.
    Le comte n’avait jamais pardonné l’infidélité de son épouse,
il allait enfin pouvoir mettre à exécution une vengeance ruminée depuis des
années.
    Il savait que le roi ne s’inquiéterait plus d’elle, il
pouvait donc agir en toute impunité. La comtesse lisait clairement dans les
pensées de son mari bafoué, se rappelait ses violences d’antan et tremblait de
tous ses membres.
    Le soir de son retour, comme elle priait dans sa chambre,
agenouillée sur son prie-Dieu de velours, le comte entra suivi de deux

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