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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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française.
    Cela se termina à l’anglaise, par un score nul et un partage
à l’amiable : fifty-fifty. Les bijoux, la vaisselle, tout fut
divisé en deux parts égales, hormis un somptueux diamant, le « Miroir de
Naples », que la reine Claude réclamait à cor et à cri et
qu’Henry VIII se garda bien de restituer. François se hâta de marier celle
qui n’avait été reine de France que durant quelques mois et renvoya les deux
époux s’expliquer avec le roi d’Angleterre. Bon débarras !
    Je pus longuement plaisanter sur le mariage des deux «  lovebirds » :
     
    Après le roi
caduc
    Marie se
marie
    Avec son
grand duc
    Un plus
chouette parti
    Qu’“hibou”
d’impatience
    De conclure
cette alliance.
     
    Je rendis une dernière visite de courtoisie à ma matrone qui
me donnait l’impression de ne jamais vieillir. Je n’irais pas jusqu’à dire
qu’elle gardait une certaine fraîcheur, mais elle était encore gaillarde.
Contrairement à nos habitudes, elle m’entraîna dans un recoin de sa cahute qui
lui servait de coucher. Elle me jeta presque sur sa paillasse, m’ôta les
chausses avec la dextérité d’une professionnelle du déshabillage masculin,
releva sa jupe et me chevaucha brusquement en imprimant les mouvements d’un
cavalier au triple galop sur un cheval sauvage. Elle hurlait :
    « Laisse-toi dompter, mon bel étalon ! »
    Je me cabrai à moult reprises, essayant de me dégager, ce
qui n’eut pas l’air de lui déplaire, à moi non plus d’ailleurs car nous ne
tardâmes pas à unir nos orgasmes dans des hennissements de jouissance. Sans ménagement,
elle se désarçonna de sa monture qui resta de longues minutes haletant, sans
puissance ni force, pendant qu’elle était retournée s’asseoir à sa table,
lapant goulûment une écuelle de potage.
    « Nous ne nous reverrons plus mais je garderai un beau
souvenir de toi », me dit-elle entre deux déglutitions.
    Ayant repris mon souffle, je voulus lui répondre, elle m’en
empêcha :
    « Ne dis rien. Garde tes banalités pour ton nouveau
roi. Je ne te raccompagne pas, tu trouveras bien le chemin du retour tout seul.
Dirige-toi vers le sud, quand tu apercevras des érables, guide-toi avec leurs
cimes, tu verras le soleil darder ses rayons, continue tout droit et compte
cent pas. Répète cette opération quatre fois. Quand tu auras passé six
clairières, tu apercevras le village de L’Ormeau, tu n’auras plus qu’à longer
la Loire pour rejoindre la grand-route qui conduit tout droit vers le château.
À présent, va-t’en ! »
    Au moment où je me dirigeais vers la porte, elle me rappela
et me tendit une toute petite fiole bouchée avec de la cire remplie d’un
liquide d’une pâle couleur jaune. Quand je la pris dans ma main, elle ajouta
seulement :
    « On ne peut s’en servir qu’une seule
fois ! »

 
Chapitre septième
    J’avais le sentiment que l’on quittait une époque, qui avait
traversé bon nombre de difficultés, de guerres, d’épidémies où la mort était la
seule solution tant l’avenir était incertain et ne présentait aucun intérêt,
pour entrer dans une nouvelle ère où la fascination, l’admiration,
l’insouciance, la joyeuseté, l’enthousiasme et la curiosité allaient s’imposer
dans une renaissance rejetant résolument le scepticisme.
    Nous ne sommes pas passés de « l’âge moyen » au
grand âge, non ! C’est la Renaissance dans son sens le plus total qui va
donner à la France, à l’Europe, au monde tout entier un éclat qui ne se ternira
jamais au cours des siècles futurs.
    Ma carrière prenait aussi le chemin du renouveau et allait
me maintenir au premier rang de ma plaisante profession. Ce fut mon âge d’or,
ma consécration ! Ma folie faisait maintenant partie prenante des mœurs.
    Si elle m’avait déjà permis d’échapper à l’horreur du
quotidien, elle m’avait toujours paru bien sage comparée à celle des hommes. Je
possédais en outre une sagesse empreinte d’une philosophie railleuse et joviale
qui était très en avance sur son époque. Au cours des années à venir, j’allais
faire la rencontre d’hommes exceptionnels qui, à leur manière, ont
« folié », eux aussi, et ont laissé sur notre belle terre des traces
indélébiles de leur génie pour le bienfait de l’humanité.
    « Mon cousin », François I er ,
était donc le nouveau roi de France.
    François, dans son adolescence, fervent lecteur du Roman
de la rose, des

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