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Le bouffon des rois

Le bouffon des rois

Titel: Le bouffon des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Francis Perrin
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parfois, pis encore, du plus bas lieu. Souvent,
après un banquet fortement arrosé, suivi de ses compagnons d’enfance qui
occupaient à présent des postes importants comme il leur avait promis, il
partait en aventure dans les quartiers mal famés de Paris. Tandis que sa sœur
se divertissait fort de ses escapades nocturnes, sa mère ne cessait de lui
reprocher cette conduite indigne d’un roi de France.
    « Vous ne regardez guère à la condition de vos
maîtresses pourvu qu’elles soient frisques, galantes et bien faites. Je
soupçonne fort votre bouffon d’être l’intendant de vos menus plaisirs. Vos
compagnons ne valent guère mieux. L’amour des femmes est une ardeur de famille,
soit, et je ne vous en blâme pas à la condition qu’il ne franchisse pas le
seuil de la courtoisie. Les conquêtes faciles sont dégradantes pour le roi de France. »
    M’accuser de dépraver le roi, de le corrompre, de le pousser
au vice. Me faire jouer le rôle de l’entremetteur, celui qui montre du doigt la
femme à séduire, la sœur à enlever, la fille à déshonorer alors que les plus
grands seigneurs, les plus haut placés, briguent à l’envi pour leurs femmes,
leurs sœurs, leurs filles ce pompeux déshonneur. Comme si le roi, entre mes
mains, était un pantin tout-puissant qui brise toutes les existences au milieu
desquelles le bouffon le fait jouer. C’était me calomnier odieusement.
Allais-je me confronter à une nouvelle Anne de Bretagne ?
    Mon second roi n’avait besoin de personne pour être prompt à
pousser son avantage. Il mangeait déjà les femmes rien qu’en les regardant. Il
ne pouvait vivre sans qu’une atmosphère féminine ne l’entourât. Il avait besoin
de la respirer, comme il aimait à respirer des parfums. Mais je lui rends cette
justice, il était fort galant, certes, mais pas suborneur, incapable d’abuser
des femmes et n’admettant jamais qu’on les forçât. Eusse-t-il voulu d’ailleurs
abuser d’elles, cela aurait été totalement inutile, elles étaient toutes
consentantes. N’était-ce pas la faute de Louise de Savoie s’il était devenu
ainsi ? Cette mère qu’il entoura du plus déférent amour filial eut pour
lui tant et tant de tendresses qu’elle lui donna ce furieux goût des caresses
qui devait en faire le monarque le plus galant et le moins fidèle d’Europe.
Pourquoi le moins fidèle ? Mais parce que toutes les femmes de la maison
de Savoie, depuis les servantes jusqu’aux innombrables amies, en extase devant
sa jeunesse triomphante, la régularité de ses traits, l’harmonie de son visage,
la douceur de ses yeux souvent pétillants de malice, se le passèrent de bras en
bras, de lèvres en lèvres, s’attardant à le parer, l’attifant de toutes sortes
d’étoffes éclatantes, de pourpoints surbrodés ornés de soie et d’or, ce qui lui
inspira, en même temps que le désir des étreintes, celui de posséder les plus
beaux ajustements du monde qui rendront bien jaloux les autres princes de l’Europe.
    Dès que j’ai prononcé le nom de François I er ,
je suis sûr que la première chose qui t’est venue à l’esprit, c’est Marignan
1515 ! Eh bien, justement, nous y voilà !
    François procède à la nomination d’un conseil qui n’existera
que par sa volonté. Il choisit ses conseillers pour leur compétence évidemment,
mais celui-ci n’excédera jamais plus de dix personnes et parfois il ne
demandera qu’à deux conseillers de venir siéger. Je suis bien entendu admis
parmi eux et ma participation est active puisque « mon cousin » ne
manque jamais de s’enquérir de mon avis sur les grandes décisions de la
politique royale. Je suis plus que jamais dans l’intimité du roi. Il rétablit
la charge de connétable, chef des armées, vacante depuis 1488. Elle échoit
toujours à un grand noble et sa dignité lui donne un vaste pouvoir. C’est le
duc Charles de Bourbon qui devient connétable. Il est inamovible (ou
presque !), mais n’anticipons pas !
    La charge de chancelier revient à Antoine Duprat, une
vieille connaissance qui a su faire son chemin depuis le procès du maréchal de
Gié. La calomnie va bon train, on le sait, mais les fausses rumeurs aussi. Au
sortir de chaque conseil, le bruit courait que j’avais plus d’esprit et de
jugement que tous les membres du conseil royal réunis ! N’exagérons point.
Disons que je leur faisais parfois entendre raison avec mon bon sens populaire.
Ma folie ne consistait pas à

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