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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les gardes
pour gagner la chambre de ma maîtresse. Elle observait la scène par la fenêtre
dont le petit battant était ouvert. Elle se retourna avec brusquerie quand
j'entrai et renvoya sur-le-champ les pages qui disposaient des rouleaux de
batiste sur le lit pour qu'elle les inspecte. Le visage empourpré, les yeux
étincelants, elle ferma la porte derrière eux.
    — Mathilde, Mathilde, où
étiez-vous ? Que s'est-il passé ?
    Je lui narrai tout. Assises tête
contre tête, nous parlions à voix basse pour éviter les oreilles indiscrètes.
Elle écouta avec grande attention, bien qu'elle fût distraite par l'agitation
dans la cour. Quand j'en eus terminé, elle regretta avec ardeur que Marigny
l'eût échappé de si peu, mais déclara qu'elle jouerait les hypocrites et lui
enverrait ses vœux de prompt rétablissement. Demontaigu et ce qu'il pouvait
savoir semblèrent la préoccuper davantage et elle me pria de lui répéter ce sur
quoi il m'avait dit de méditer « comme une pieuse nonne sur son psautier ».
    — Qu'il se cache céans,
proposa-t-elle. Il y sera en sécurité. Je suis en train d'organiser ma maison.
Quoi qu'il soit en réalité, il peut se dissimuler ici. Il connaît le latin et
parle couramment français et anglais ; il peut être mon clerc.
    Elle battit des mains.
    — Oh ! cela me
réjouirait, mais l'assassin, Mathilde ? Essayez de découvrir si c'était
Gaston et voyez ce qu'on peut faire. Rendez-vous à La Taverne du diable ,
et cherchez...
    Elle s'interrompit quand Casales
frappa et entra. Il s'inclina devant Isabelle et me fit un clin d'œil.
    — Madame, Mathilde a dû vous
faire part des nouvelles. Mon seigneur * Marigny a été attaqué ; il
est sain et sauf, mais furieux.
    — Et l'assassin,
messire ?
    — Un fol, Votre Grâce. Il se
fait appeler Architophel l'Archange, envoyé par Celui-qui-habite-le-silence
pour occire les souverains de la terre. Il croit que Marigny est le roi
d'Angleterre.
    — Pas encore, rétorqua
Isabelle.
    — Il est au cachot où il
danse et chante, reprit Casales. Il est écervelé mais n'en sera pas moins pendu.
Vous avez été en ville, Mathilde. Soyez donc prudente : il y a des déments
partout. Bon, nous devrons tous l'être... Votre Grâce, ajouta-t-il
précipitamment, le couronnement aura lieu le 25 février. C'est pour cela que je
suis venu. Mon seigneur * le roi nous a ordonné, à Rossaleti et à moi, de
vous fournir tout ce dont vous avez besoin ; en attendant, Votre Grâce,
comme c'est l'usage...
    Il expliqua qu'Isabelle et Édouard
devraient rester dans les logis de la Tour. Je n'écoutais qu'à moitié, car je
m'interrogeais sur l'assassin et sa véritable identité. Quand Casales se fut
retiré, Isabelle me détailla ce que je devais faire et je repartis dans la
cour. Bien que Marigny et les grands seigneurs eussent été conduits près du
roi, les lieux étaient envahis par leurs gens qui dévoraient les victuailles
que Sandewic avait disposées sur des tables à tréteaux. Puis ce dernier sortit
en trébuchant d'une embrasure. Il m'aperçut et s'empressa de me rejoindre.
    — Ap Ythel est revenu,
Mathilde, il a attendu, cependant quand il a monté l'escalier de la maison vous
étiez partie ; il est donc rentré ici. J'étais inquiet.
    Il rabattit son chapeau de castor.
    — Je n'ai dit à personne que
vous étiez sortie, mais vous avez appris les nouvelles, n'est-ce pas ?
Bien, bien, murmura-t-il sans se soucier de ma réponse. Un homme touché par la
lune, Mathilde, fou et cabriolant comme un lièvre de mars. Oh, au fait, grand
merci pour vos potions ; elles ont réjoui cette vieille carcasse !
    Il continua à deviser, or c'est
bien le sens caché des mots qui fait la difficulté, n'est-ce pas ? La
différence entre ce que dit la langue, ce qu'entend l'oreille et ce que
comprend le cœur. Les mots reviennent vous hanter comme des spectres, pourtant,
à ce moment-là, on ne peut pas y faire grand-chose. J'avais très envie de
présenter ma requête ; j'étais anxieuse, distraite. Sandewic était dans un
état d'esprit similaire. Bien qu'il fût heureux que je sois revenue sans
dommage, il avait l'esprit ailleurs, à tel point que je dus réitérer ma prière.
    — Vous voulez voir le
captif ? s'étonna-t-il en me jetant un coup d'œil incrédule.
    — Ma maîtresse y tient. Sa
Grâce désire s'assurer que cet écervelé est bien ce qu'il paraît être.
    — Pourrait-il en aller
autrement ?
    — Sir Ralph,

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