Le calice des esprits

ait eu
des rapports conflictuels avec son père et ses trois frères. Elle n'assista aux
obsèques d'aucun d'entre eux et, comme le montrera ce cycle romanesque, créa de
terribles difficultés à sa famille chaque fois qu'elle le put. Quand j'ai
étudié le personnage d'Isabelle dans le cadre de mon doctorat à Oxford, j'ai eu
l'impression très nette que c'était une femme fort belle, fort intelligente,
qui, avec une volonté de fer, manipulait son entourage. Elle fut un des rares
monarques qui, avant 1603, comprirent qu'une guerre contre l'Écosse était
destructrice pour les deux pays et ne profiterait à aucun.
    Les événements de 1307
correspondent à ceux que j'ai décrits. Wenlock, Pourte et Sandewic sont morts
en moins de douze mois, après qu'Édouard II eut succédé à son père, et leurs
portraits sont basés sur des sources de première main. Baquelle, selon le London
Chronicle , mourut écrasé pendant le couronnement d'Édouard, cérémonie
désastreuse, mal organisée, durant laquelle la colère des nobles fut si
violente qu'on évita de justesse une échauffourée. Le caractère d'Édouard II,
comme celui de Gaveston, repose aussi sur des sources identiques. L'amour du
roi pour Peter était si fort que lorsque son favori, plus tard, fut exécuté,
l'Église dut ordonner au souverain de faire ensevelir son corps. Plusieurs
sources font de la mère de Gaveston une sorcière, mais c'était une accusation
banale contre les femmes que les hommes craignaient ou jalousaient.
    La description des événements de
1307-1308 prend également appui sur des sources directes. Il est certain
qu'entre Édouard II et Philippe se jouait une subtile machination concernant
l'élimination des templiers (qui s'est passée comme je l'ai écrit) et le
mariage d'Isabelle. Édouard II résista fermement aux exigences françaises, puis
fit soudain volte-face. Mon explication, comme le montre ce roman, est une
hypothèse très vraisemblable. Philippe se voyait déjà en nouveau Charlemagne.
Il avait dû se rappeler l'intervention française dans les affaires anglaises pendant
la minorité d'Henri III. Lui et ses conseillers, tous décédés de mort violente
et mystérieuse, étaient sans nul doute une bande d'hommes sinistres qui
jouaient très gros jeu.
     
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    [1] Le roi exerce
sa justice soir grâce à des magistrats itinérants, soit grâce à deux
cours : le Banc commun ou Cour des plaids communs pour les contestations
entre particuliers, et le banc du roi pour les procès criminels. (N.d.T.)
    [2] Les mots
suivis d'un astérisque sont en français dans le texte.
    [3] Fine planchette de chêne sur laquelle étaient
gravés l'alphabet, les neuf chiffres et parfois le Notre-Père. Elle était munie
d'une poignée et recouverte d'une mince plaque de corne pour la protéger. (N.d.T.)
    [4] Édouard II
battit les barons rebelles menés par le comte de Lancastre à Boroughbridge en
1322. (N.d.T.)
    [5] Mendiants qui cousaient des coquilles sur leurs
vêtements afin de se faire passer pour des pèlerins. (N.d.T.)
    [6] Membres du
guet veillant à l'exécution des décisions du pouvoir municipal, chassant les
vagabonds ou organisant les rondes de nuit. (N.d.T.)
    [7] Les Anglais
portaient des chaperons à longue queue. (N.d.T.)
    [8] Plat réservé aux festins. Il s'agissait d'un
chapon et d'un porcelet coupés en deux, farcis de pain et de diverses épices,
puis recousus ensemble de façon à former un animal fabuleux. (N.d.T.)
    [9] Les quatre
derniers soucis du chrétien : la mort, le Jugement dernier, le Paradis et
l'Enfer. (N.d.T.)
    [10] Procédure d'audition et de jugement d'une cause
criminelle ou autorisation accordée aux juges itinérants de présider une cour
de justice. (N.d.T.)
    [11] Enfant
choisi parmi les enfants de chœur de la cathédrale le jour de la Saint-Nicolas
pour jouer le rôle d'un évêque pendant trois semaines. Coutume abolie sous le
règne d'Henri VIII. (N.d.T.)
    [12] Figure
héraldique occupant une place variable dans l'écu. (N.d.T.)
    [13] Large bande verticale au milieu
de l'écu. (N.d.T.)
    [14] Piétons irlandais à l'armure
légère. (N.d.T.)
    [15] Hastings, Sandwich, Douvres,
Romney et Hythe, qui assuraient la défense des côtes de la Manche. (N.d.T.)
    [16] Trou aménagé pour recevoir une
tête de poutre. (N.d. T.)