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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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solives du toit
ont dû casser ou glisser. Sir John, que Dieu l'ait en sa sainte garde, était
lourd dans son armure. S'il s'est assis ou appuyé contre le côté, cela a pu
affaiblir la structure. Madame, les poutres du toit sont en chêne massif ;
une fois disloquées, elles ne pouvaient que tomber avec toute la force d'une
masse d'armes.
    — Combien de solives y
avait-il ? Beaucoup, je suppose ? Deux à chaque poteau et bien quatre
ou cinq poteaux sur le toit.
    Le charpentier se contenta de
hausser les épaules et de lorgner par-dessus son épaule vers ses compagnons.
    — Comment l'expliquer ?
interrogeai-je d'une voix douce.
    — Venez voir.
    Il me conduisit vers le chœur.
J'avais sans doute été à ce point plongée dans mes pensées que je ne les avais
pas entendus démonter le second pavillon, celui qui avait servi à Casales. Il
était maintenant à plat devant les marches. Le maître charpentier apporta un
lumignon.
    — On les a laissés
là — il montra les transepts baignant dans la
pénombre — jusqu'à ce matin, puis on les a apportés ici, montés et
décorés. Nous pensions qu'il n'y aurait pas de risque.
    J'observai le haut du pavillon de
bois à la lueur du lumignon. Il n'y avait que des demi-poteaux fixés entre les
côtés et le fond. L'agitation de mon interlocuteur s'accrut. Je m'emparai de la
chandelle, l'approchai, et la surprise me coupa le souffle. Entre le bout des
poteaux, des deux côtés, ainsi qu'au fond, il y avait un espace indéniable,
assez large pour qu'on ait pu user d'un couteau ou d'une petite scie. La glu
manquait aussi et certaines solives étaient détachées, les traces de gouge
visibles sur le côté. Je me retournai soudain et lâchai le lumignon. L'homme me
lança un regard affolé.
    — Nous prétendrons que
c'était un accident, maugréa-t-il.
    — Mais ce n'est pas le cas,
accusai-je. Quand ces pavillons étaient à plat dans les transepts, quelqu'un a
dû s'en approcher pour enlever la glu et scier les solives. Les transepts sont mal
éclairés. Le malfaiteur s'en prenait sans doute à celui de Casales quand il a
été dérangé et a dû s'enfuir, mais celui de Baquelle a été suffisamment
endommagé. On a coupé les solives. Une fois le pavillon monté et orné, Sir John
Baquelle a pris son poste. C'était un homme corpulent et son armure était
lourde ; il est probable qu'il a bougé, qu'il s'est assis et adossé. Le
toit branlant a fini par se disloquer et s'écrouler et choir en lui brisant le
crâne. Casales devait en fait subir le même sort.
    — Nous n'y sommes pour rien,
plaida le charpentier, nous n'y sommes pour rien ! C'était le meilleur
chêne, les solives et les opes s'emboîtaient. On ne peut nous blâmer !
    J'embrassai du regard la lugubre
abbaye. Les cierges avaient coulé et seuls quelques-uns brillaient encore. Les
ténèbres tombaient ; il avait dû être si facile, me dis-je, de se glisser
dans l'ombre, pendant les jours qui avaient précédé le sacre, avec une scie ou
une lame aiguisée comme un rasoir, pour affaiblir les toits des pavillons. Qui l'aurait
remarqué ? Même quand le pavillon s'était effondré, tous les yeux étaient
tournés vers le chœur. Il semblait qu'on ait voulu le trépas des deux hommes.
Dieu avait donné ce signe pendant le couronnement pour indiquer que tout
n'était pas parfait, que notre prince n'était pas béni par le ciel. Dans cet
endroit à la lumière incertaine, il était aisé de commettre de tels dégâts...
    — Mathilde ! Mathilde !
    Casales et Rossaleti, chapes
flottant au vent, remontaient vivement la nef. Casales décrivit ce qui se
passait dans la grand-salle. Le banquet avait été gâché par la malemort de
Baquelle et certains barons s'étaient retirés avant même que le premier plat
eût été servi. Il se plaça dans une petite flaque de lumière et Rossaleti le
suivit comme son ombre. Ils baissèrent les yeux sur le pavillon de bois.
    — Qu'est-il arrivé, Mathilde ?
    Je narrai en détail à Casales ce
que j'avais découvert. Le chevalier examina lui-même le pavillon, donna un coup
de pied sur le côté et, soudain, attrapa le maître charpentier par son
justaucorps et l'attira vers lui. Ce dernier, terrifié, bredouilla qu'il était
innocent.
    — Laissez-le, dis-je avec
lassitude. Ils ont fait ce qu'on leur avait ordonné. Ils n'ont rien à voir avec
ce qui a tué Baquelle et ce qui aurait pu vous occire.
    Casales lâcha le malheureux et

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