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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tournai vers le mur et sanglotai
amèrement devant la façon cruelle et déloyale dont Sandewic avait été piégé.
Demontaigu vint me rejoindre et s'accroupit dans l'ombre.
    — Il nous a quittés, absous
et apaisé. C'était un vieil homme, Mathilde.
    — C'était mon ami,
rétorquai-je à travers mes larmes cuisantes. Il me faisait confiance. Un vil
bâtard a été témoin de ce que je faisais et l'a abreuvé de potions. Il croyait
qu'elles venaient de moi et c'est pour cela qu'il ne cessait de me remercier.
    Je me recroquevillai.
    — Un vieillard qui se
reposait sur moi et mon savoir. Il souffrait toujours de nombreux maux ;
l'assassin l'a compris et s'est servi des mêmes flacons couleur de glaise.
C'était aussi facile et aussi perfide que d'empoisonner un enfant.
    J'examinai une fresque délavée
représentant une scène tirée de l'Apocalypse, le Grand Dragon précipitant les
étoiles sur la terre en balayant le ciel de sa queue cornue.
    — Depuis qu'oncle Réginald a
été arrêté et occis, j'ai observé et attendu sans pouvoir riposter.
    Je désignai le dragon.
    — Et mon adversaire lui
ressemble : il balaie tout ce qu'il veut hors de ma vie, sans la moindre
pitié, la moindre merci.
    — Avez-vous étudié avec soin
les symptômes de votre tourment ?
    — Ce n'est point le moment de
jouer les sophistes, maître Bertrand, m'emportai-je.
    Demontaigu vint sans bruit me
faire face.
    — En effet. Vous avez parlé
de pouvoir, alors usez du vôtre. Pourquoi tous ces hommes ont-ils péri ?
Pourte, Wenlock, Baquelle, Sandewic ?
    — Et il s'en est fallu de peu
pour Casales, ajoutai-je.
    Je narrai à Demontaigu ce que
j'avais découvert la veille.
    — Qu'ont-ils donc tous en
commun ? insista-t-il.
    — Ils sont membres du conseil
secret d'Édouard.
    — Et ?
    — Ils ont conseillé à Édouard
d'épouser d'Isabelle, d'affronter les templiers, de respecter la paix avec
Philippe de France ainsi qu'avec ses grands barons.
    — Ils étaient donc pour la
paix. Quoi encore ?
    — Pourte et Baquelle étaient
de puissants marchands. Ils pouvaient pousser Londres à se soulever et,
peut-être même, contrôler la sédition.
    — Et Wenlock ?
    — Il avait la haute main sur
la redoutable abbaye de Westminster, lieu du couronnement.
     
    — Sandewic ?
    — La Tour.
    Je pris une profonde inspiration
et ressentis comme un frisson d'excitation.
    — Quant à Casales, c'est un
éminent chevalier de la maison royale.
    — Réfléchissez ! me
pressa Demontaigu. Winchelsea de Cantorbéry est encore en exil, Langton, l'évêque
de Coventry et de Lichfield, est aux arrêts en sa demeure. Le roi n'a plus de
bons conseillers.
    — Mais encore ?
rétorquai-je. Que peut-on remarquer encore ?
    Je me levai et me dirigeai vers la
porte.
    — Réfléchissez   !
répéta Demontaigu. Raisonnez, Mathilde !
    Je posai la main sur le loquet et
ravalai mes larmes.
    — Ne vous inquiétez point,
messire Bertrand, si je le peux, je pourpenserai, j'intriguerai.
    Quand je revins au donjon, les
gens de Sandewic se préparaient pour la veillée funèbre et ses rituels. Ils
répondirent à mes questions. Selon eux, Sandewic avait, au cours des dernières
semaines, reçu à la fois des courtisans et des notables anglais et français,
une foule de visiteurs n'ayant cessé d'aller et de venir. J'en réclamai la
liste. Rossaleti en faisait partie. En vérité, il ne différait pas des autres,
si ce n'est sur un point. J'avais servi de messagère entre Isabelle et
Sandewic, alors pourquoi Rossaleti, un clerc français, gardien du sceau de la
reine, se rendait-il si souvent chez mon ami ?

     
     
    CHAPITRE XII
     
     
     
    Venge-toi, ô Dieu vengeur !
    Chanson des temps anciens, 1272-1307
     
     
    Plus tard, ce matin-là, alors que
les cloches de St Peter ad Vincula sonnaient l'angélus, Casales arriva
emmitouflé dans une épaisse chape. Il était venu sur ordre du roi pour juger en
personne de la situation. Il examina le corps de Sandewic, me regarda d'un air
navré et s'avança vers l'escalier qui donnait dans la cour intérieure.
    — Encore un mort,
déclara-t-il en me lançant un coup d'œil par-dessus son épaule, Baquelle,
Sandewic.
    Il revint et se dressa devant moi
en tenant son bras mutilé.
    — Devais-je périr, moi
aussi ?
    — Avez-vous aperçu
Rossaleti ? m'enquis-je.
    — Devais-je périr ?
répéta-t-il.
    — Je ne sais, Sir John,
dis-je en secouant la tête.
    — Eh bien, pour

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