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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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le
repoussa.
    — Je me suis posé des
questions... Je me suis posé des questions juste après que les souverains
eurent quitté le chœur. Je me suis assis et ai senti le bois trembler et
craquer, puis j'ai ouï le fracas quand tout s'est effondré sur Baquelle.
Comment, Mathilde, comment cela s'est-il passé ?
    — Messire, intervint le
maître charpentier, désireux d'établir son innocence et celle de ses
compagnons, nous avons fabriqué ces tentes, mais elles sont restées dans les
transepts jusqu'à ce matin. L'abbaye était ouverte à cause des préparatifs.
Regardez, même maintenant, elle est si sombre que n'importe qui pourrait être
l'auteur de ce méfait, par malice, comme un méchant tour...
    Casales le congédia d'un geste,
contempla l'amas confus, pivota sur ses talons et redescendit la nef. Il
s'arrêta au milieu et se retourna.
    — Sa Grâce la reine,
lança-t-il, m'a chargé de vous dire qu'il était inutile que vous la rejoigniez.
Marigny et les autres sont bouffis de rancœur devant les privilèges dont jouit
Lord Gaveston. Elle pense qu'il vaut mieux que vous restiez...
    J'obtempérai. Je regagnai donc nos
appartements et dormis par à-coups sans me déshabiller jusqu'au petit matin, quand
Isabelle, escortée de ses dames, revint, ensommeillée et souffrant de crampes à
l'estomac. Je l'aidai à se dévêtir. Elle se planta en chemise devant le feu
languissant et passa les mains dans sa masse de boucles dorées. Je pensais
qu'elle s'endormirait, mais elle prétendit qu'elle avait encore le sang
échauffé et l'esprit fourmillant des événements de la journée. Elle me raconta
que le festin avait tourné à la parodie, la mort de Baquelle flottant comme un
funeste présage sur la fête. Le chaos dans les cuisines n'avait fait
qu'aggraver la situation. Cuisiniers, marmitons et valets ayant été distraits
par le désastre, les mets étaient froids et mal servis. Les nobles, blessés
dans leur orgueil, avaient l'air furieux et étaient partis, tandis que les Français
protestaient sans retenue contre la prééminence du favori qui, dans ses habits
écarlates à boutons d'argent, était assis à la droite du roi à la place
réservée de droit à Isabelle. Édouard avait aux yeux de tous choyé Gaveston,
dédaignant son épouse avec une grossièreté manifeste. Pour la première fois, je
sentis qu'elle était en colère et irritée que le grand jeu soit allé si loin.
    Alors qu'elle faisait les cent pas
en buvant le vin coupé d'eau que j'avais préparé et mêlé d'une bonne pincée de
camomille, je lui fis part de mes découvertes. Elle en tomba d'accord : la
mort de Baquelle — mauvais augure pour son
couronnement — n'était pas un accident. Deux autres membres du
conseil secret d'Édouard avaient été en danger et l'un d'eux avait péri dans ce
qu'on ne pouvait qu'appeler des circonstances suspectes.
    À voix basse, mais avec fièvre,
Casales avait annoncé la nouvelle au roi et à son favori en s'inclinant sur
leurs chaires d'apparat. Isabelle s'immobilisa et, serrant son gobelet, me jeta
un regard enflammé.
    — Cela a mis fin aux
festivités, Mathilde. Oh oui, le trouble et l'étonnement de mon époux et de
Gaveston étaient évidents. Savez-vous — elle se pencha en
avant — que c'est la première fois que je sens leur peur ?
Pensez-y, Mathilde, quand vous laissez vaguer votre esprit.
    Ce matin-là, nous dormîmes tard.
Isabelle se préparait pour assister à un autre banquet dans la Chambre peinte
lorsque nous fûmes dérangées par des coups violents à la porte, les
exclamations et les cris des servantes et des pages dans la salle d'audience.
Je sortis en hâte. Demontaigu arrivait, les cheveux et le visage trempés par la
neige qui s'accrochait encore à ses vêtements.
    — Mathilde, annonça-t-il en
s'essuyant la figure, Mathilde, c'est Sandewic, il est malade, il est mourant !
    Je m'habillai sans perdre de
temps. Je m'enveloppai dans une épaisse pelisse, pris une copie du sceau
d'Isabelle et suivis Demontaigu dans l'enceinte enneigée du palais vers King's
Steps et la barge amarrée aux couleurs de Sandewic. Le trajet fut morne sur le
fleuve tumultueux et menaçant, sous un ciel bas. Le vent glacial était mordant.
Je me blottis à la poupe avec les bateliers penchés sur les rames, sombres
silhouettes qui nous emportaient à travers les bancs de brume. Une fois passé
les arches étroites du Pont de Londres où les eaux mugissaient sourdement,
Demontaigu

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