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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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les
soldats. Casales et Sandewic tiraient déjà sur les lourds madriers, mais il n'y
avait rien à faire. Tout le pavillon en bois où se trouvait Baquelle s'était
brisé et effondré. Les épaisses poutres de chêne du toit, à six pieds environ
au-dessus de la tête de Baquelle, s'étaient écrasées sur le malheureux
chevalier en armure en l'ensevelissant sous leur masse. Seule une main
pitoyable dépassait.
    Casales, qui avait ôté l'essentiel
de son armure de parade, restaura l'ordre et demanda à ses hommes de disperser
la foule. Il s'empressa de faire quérir une troupe de manœuvres qui enlevèrent
les solives. Dessous gisait Baquelle, le crâne éclaté, des morceaux d'armure
enfoncés profondément dans les chairs. Son corps et sa tête ruisselaient de
sang, ses beaux habits étaient tachés et déchirés. On lui enleva son armure et
on l'étendit sur une paillasse prise à l'infirmerie de l'abbaye. Ce n'était
plus qu'un amas de chair en bouillie, contusionnée et sanglante. Un moine
s'agenouilla près du cadavre, administra en hâte l'extrême-onction et murmura
l'absolution à l'oreille du trépassé. D'autres frères tentèrent de consoler la
famille de Baquelle. On s'empressa d'emporter la dépouille et de faire évacuer
l'abbaye. Charpentiers et ouvriers, troublés et inquiets, se réunirent pour
parler de l'accident. J'aperçus Demontaigu près d'un pilier, presque caché dans
la pénombre. Il leva la main et s'éloigna. Rossaleti demandait à Casales ce qui
s'était passé, mais ce dernier fit un signe d'ignorance.
    — J'étais de garde, déclara-t-il. Le cortège royal a
quitté le chœur. Venez !
    Il m'inclut dans son invitation et
nous conduisit dans son propre pavillon de chêne profond d'à peu près quatre
pieds et demi, de six pieds de large et douze de haut. Long rectangle de
poteaux fendus en deux en chêne sec ciré, il était garni d'un petit banc
capitonné au fond. Les deux côtés et l'arrière formaient une paroi solidement
tenue par des lattes de bois plates fixées à l'intérieur. Un maître charpentier
nous rejoignit et nous expliqua que les poteaux du toit étaient maintenus par
des solives renforcées de glu.
    Casales déclara qu'une fois le
cortège passé, Baquelle, épuisé par sa station debout, avait dû aller s'asseoir
sur la chaire. Il portait son armure de plates et son poids, quand il s'était
adossé à la paroi, avait disloqué le toit. Rossaleti, satisfait de la réponse,
s'en alla. Casales était tout aussi impatient d'obtenir audience du roi pour
lui apprendre la nouvelle. Je restai là. J'avais lu le doute dans les yeux du
maître charpentier quand ses compagnons s'en étaient allés chuchoter dans
l'ombre. J'échangeai quelques mots avec cet homme, puis allai prier dans la
chapelle de la Madone où était érigée une statue de la Vierge Reine tenant
l'Enfant divin, sous laquelle, dans un coffret orné de
joyaux — précieuse relique de l'abbaye —, était conservée une
ceinture autrefois portée par la mère du Christ. Je contemplai l'objet
distraitement, tendant l'oreille dans la direction de la nef qui se vidait. Je
marmonnai un Ave Maria, mais mon esprit retournait vers la demeure de messire
de Vitry. J'ouïs au loin les trompettes qui appelaient aux festivités dans la
grand-salle où le banquet avait déjà commencé. Je n'en tins pas compte :
je me rappelais cette terrible journée où je fuyais loin du meurtre que j'avais
moi-même commis. Mes paupières se firent lourdes.
    — Madame, madame ?
    Le maître charpentier se tenait
sur le seuil de la chapelle de la Vierge. J'allai à sa rencontre. Il me tendit
un morceau de bois.
    — Un accident, murmura-t-il.
    J'examinai le bout de bois qui
avait été coupé net.
    — C'est moi qui l'ai fait,
vous comprenez, madame. L'homme restait dans l'ombre.
    — Le pavillon a été construit
dans des poteaux de chêne fendus par le milieu. La partie ronde vers
l'extérieur, la partie équarrie et plate vers l'intérieur. On a choisi de longs
poteaux pour les trois côtés et des plus courts pour le toit, maintenus grâce à
des solives s'enfonçant comme les doigts écartés de la main dans les opes [16] préparés à
cet effet.
    Il m'expliqua que les poteaux
latéraux étaient collés ensemble et renforcés par des lames de chêne ;
ceux du toit ne dépendaient que des solives et de la glu, car il avait fallu
limiter le poids.
    — Que s'est-il donc
passé ? questionnai-je.
    — Certaines

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