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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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elles, le Christ, spectral, enveloppé de draperies
virevoltantes, présidait. Sous le trône divin rôdaient des démons en tout genre
qui attendaient que le jugement soit prononcé. C'était une véritable galerie de
figures hideuses, barbues et ailées, à la peau écailleuse et aux crinières de
feu, prêtes à s'emparer des malheureux pécheurs pour les étriper et leur
écraser le cœur. Dans un coin, qu'illuminait fort bien un brasero ardent, saint
Michel pesait les âmes dans une balance tandis qu'un diable tentait d'en saisir
une en guise de souper. Ce tableau, animé par la lumière changeante, avait pour
intention d'instiller la terreur et d'attiser les flammes de la peur. Je me
jurai de ne pas faire preuve de faiblesse.
    On avait placé des gardes royaux
tout autour de la salle et des scribes se penchaient sur leur table. Au bout,
sur une estrade, Marigny, ses cheveux roux luisant à la lueur des torches,
était assis derrière une haute table de chêne et flanqué de ses deux affidés, Nogaret
et Plaisians. À chaque extrémité, des clercs encapuchonnés étaient perchés
comme des corbeaux, plume à la main. Marigny me fit signe d'avancer sur
l'estrade et désigna un tabouret devant la table. Je m'approchai et m'assis.
    — Bienvenue, Mathilde.
    — Pourquoi suis-je céans,
messire ?
    Stupéfait et incrédule devant une
telle insolence, Marigny se pencha en avant, ses yeux de prédateur me fixant
dans son visage pâle, les lèvres pincées.
    — C'est ici le tribunal de la
maison royale dont vous faites partie. Vous êtes convoquée selon notre bon
plaisir.
    — Pourquoi, messire ?
    — Mathilde, êtes-vous dans la
grâce du Seigneur ? me demanda Plaisians.
    — Si c'est le cas, je prie
Dieu de m'y garder, et si ce n'est pas le cas, je Le prie avec humilité de bien
vouloir m'y remettre. Pourquoi cette question ?
    — Vous jouez les femmes sages
ou quelque chose d'autre, dit Nogaret avec un sourire affecté. Vous en savez
long sur les simples et les potions.
    — Il en va de même pour les
médecins du roi. Que voulez-vous insinuer ? Que je suis une
sorcière ?
    — Que nenni ! répondit
Plaisians en se renfonçant dans l'ombre.
    — Mathilde, Mathilde, on ne
vous fait pas de procès, commenta Nogaret, attaquant à son tour.
    — Alors, que fais-je
céans ?
    — Vous avez gagné si vite la
faveur de la princesse...
    Il s'interrompit.
    — Je ne peux répondre pour ma
maîtresse ; interrogez-la vous-même.
    L'amusement plissa le visage de
Marigny.
    — Mathilde, Mathilde, n'ayez
pas peur.
    — Qui prétend que j'ai
peur ?
    Marigny posa les coudes sur la table
et se mit à se balancer comme s'il étudiait ma réponse. Je m'armai de courage.
Je haïssais ces hommes, alors pourquoi leurs questions
m'effraieraient-elles ? J'avais vécu chez oncle Réginald, le plus dur des
maîtres d'école, m'interrogeant sur ce que j'avais observé et étudié même
lorsque je revenais de quelque course en ville. Il lâchait ses questions comme
un archer ses flèches. J'étais préparée, j'étais aguerrie. C'est à lui que je
pensais en ce moment. Je remerciai Dieu pour la discipline de fer dont il avait
usé. Marigny agita la main pour prier ses compagnons de garder le silence et
prit un morceau de parchemin.
    — Mathilde, c'est messire de
Vitry qui vous a recommandée.
    — En effet.
    — On l'a assassiné il y a
peu.
    — Que Dieu l'ait en Sa sainte
garde et que la croix du Christ fasse prompte justice à ses meurtriers.
    — Bien sûr, bien sûr, murmura
Marigny. Avez-vous assisté aux funérailles de ce grand ami ?
    — Je n'ai onc dit que c'était
un grand ami. J'ai allumé un lumignon et payé pour qu'on chante une messe de
requiem.
    — Parfait, fut la réponse
vipérine. Et vous êtes bien originaire de Poitiers, Mathilde de
Clairebon ?
    — Naturellement. Ma mère
était veuve et mon père apothicaire, d'où mes connaissances en potions.
    Je savais par cœur ce que Vitry m'avait
enseigné.
    — Le trépas de Lord Pourte et
celui de l'abbé Wenlock semblaient fort vous intéresser.
    — Non, messire, ils ne
m'intéressaient pas ; mais ils intéressaient ma maîtresse. Après tout,
c'étaient des envoyés anglais qu'on lui avait dépêchés. Je suis allée là où
elle me l'a demandé. J'ai fait brûler des cierges quand elle me l'a ordonné.
    — Où se trouve la collégiale
à Poitiers ?
    — En haut de la

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