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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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saisie par ses déclarations sur les meurtres, connaissez-vous un homme
du nom de Vitry ?
    — J'en ai entendu parler.
Marigny a fait allusion à un massacre. N'était-ce point un marchand qui jouait
un rôle important pour réunir la dot de votre maîtresse ?
    Il me regarda, mais, comme je ne
pipais mot, il fixa le feu.
    — Pourte, Casales, Wenlock,
Baquelle et vous, m'enquis-je, avez-vous quelque chose en commun ?
    Le vieux chevalier, qui se sentait
las, avait les paupières lourdes et pensait peut-être à d'autres Noëls ainsi
que font les vieillards quand ils s'assoupissent près du feu, se contenta de
hausser les épaules. Maintenant que je suis âgée, je comprends cette envie de
capituler, de se préparer pour le dernier repos, de dormir à jamais. Sandewic
se renferma. Puis il se redressa soudain dans sa chaire et, laissant ma
question sans réponse, enfila ses bottes, prit sa chape, remercia la princesse
et s'en fut. Son départ m'attrista. C'était comme si le feu s'était éteint,
comme si les mèches des chandelles s'étaient consumées. Je m'assis sur le
tabouret et me réchauffai les doigts. Isabelle s'approcha de moi par-derrière
et posa les mains sur mes épaules.
    — Il existe une tension
cachée, chuchota-t-elle, des fantômes si furieux qu'ils se rassemblent dans les
ténèbres autour de nous pour nous observer. On met la mort de l'abbé Wenlock
sur le compte d'un malheureux accident, mais Casales et Rossaleti, c'est du
moins ce que j'ai entendu dire, ainsi que Sandewic, s'inquiètent et tremblent.
Oh, Mathilde, qu'allons-nous faire ?
    Elle appuya sa joue contre ma
tête.
    — Nous sommes dans une
situation fort périlleuse. Je dois vous en prévenir. Mon père m'épie comme un
basilic surveille sa victime. Personne ne fait allusion à la disparition de
Pelet mais on ne l'oublie pas. Les hommes de Marigny sont venus céans. Vous
êtes convoquée à la Chambre Ardente à l'heure des vêpres. Vous devez vous y
rendre seule.
    Je me retournai soudain. Isabelle
avait l'air apeuré.
    — Je ne peux rien faire pour
le moment, plaida-t-elle.
    — Que veulent-ils ?
    — Vous interroger.
    — À quel sujet ?
    — Peut-être pour savoir qui
vous êtes en réalité...
    Sa voix mourut.
    Je passai le reste de la journée à
me préparer avec fièvre. Isabelle essaya de m'apaiser en détournant mon
attention par son bavardage sur notre futur départ. Casales et Rossaleti
vinrent, désireux de nous faire comprendre que le roi d'Angleterre s'estimait
en sécurité à Boulogne. Ils avouèrent sans détour qu'Édouard soupçonnait fort
son « beau cousin de France », surtout après la mort de Pourte et
celle de Wenlock, sans même parler de l'attaque contre Casales. Bizarrement,
aucun des deux ne formula la moindre suspicion quant au trépas de Wenlock, mais
ils répétèrent qu'en se rendant en Île-de-France l'abbé, à maintes reprises, avait
dit se sentir mal, ce qu'ils avaient mis sur le compte d'une traversée
difficile au cœur de l'hiver. Ils parlèrent aussi du voyage d'Isabelle et nous
rassurèrent en soutenant que la nef royale, le Margaret of Westminster ,
nous assurerait un passage sans danger. Cette question inquiétait beaucoup
Rossaleti. Il supplia la princesse de lui permettre de se joindre à elle, le Margaret étant bien plus sûr que les autres cogghes disponibles. Elle accepta en riant.
Les deux hommes nous quittèrent et, alors que les cloches de la Sainte-Chapelle
appelaient à vêpres, deux chevaliers bannerets, accompagnés d'un dominicain, se
présentèrent et me demandèrent de les suivre.
    Ils étaient brusques et sévères.
Je pris ma mante, étreignis la main d'Isabelle et les rejoignis. Nous
descendîmes l'escalier, traversâmes couloirs et galeries, tous éclairés par des
chandelles, et des petites cours glaciales qui menaient à la Chambre Ardente,
en bas d'une haute tour. La Chambre Ardente était, en principe, le tribunal de
la maisnie royale et ressemblait à celui d'un maréchal en Angleterre. Mais, en
pratique, c'était une cour de justice avec tous les pouvoirs d'Oyer et Terminer [10] . Elle écoutait et décidait des actes
d'accusation et pouvait, à son gré, imposer la peine de mort. La pièce était
vaste et sombre. Des torches donnaient de la lumière, jetant aussi des ombres
sur ce qui devait être caché. Les murs de brique rouge étaient couverts
d'épaisses tapisseries brodées qui dépeignaient plusieurs formes de châtiment.
Sur l'une d'entre

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