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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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qui
venait de se passer, dépêcha un messager. Isabelle — Casales,
Rossaleti et Sandewic sur ses talons — se précipita à ma rencontre
dans la cour. Elle remercia les bateliers avec effusion, ordonna à Casales de
noter leurs noms pour les récompenser plus tard et envoya Rossaleti quérir une
petite coupe en argent qu'elle leur glissa dans les mains. Casales et Rossaleti
brûlaient de me questionner ; Sandewic, sans mot dire, me scrutait de ses
froids et durs yeux de faucon, en hochant la tête comme s'il parlait à son
bonnet. Isabelle voulut savoir où se trouvait Baquelle ; Sandewic lui
désigna le corps de garde d'un signe de tête.
    — En ville.
    — J'espère qu'il est sain et
sauf, chuchota ma maîtresse.
    Les trois envoyés anglais
décidèrent d'aller à la recherche de Baquelle et Isabelle m'emmena aux cuisines.
Je me déshabillai et m'emmitouflai dans une épaisse robe, chaussai des heusses
souples, puis m'accroupis devant le grand feu rugissant en buvant du vin chaud
et épicé jusqu'à ce que je m'endorme. Quand je m'éveillai, j'étais dans la
chambre d'Isabelle, pas autrement affectée dans mon corps par une telle
épreuve, pourtant apeurée et affolée. Je voulais dire à la princesse que nous
devrions nous en aller. Mais elle se contenta de s'asseoir au bord du lit, me
prit la main qu'elle caressa avec douceur et m'interrogea avec attention. Elle
conclut que ce n'était pas un accident. J'en étais, moi aussi, certaine, mais
quant à savoir pourquoi et qui était responsable... Isabelle m'expliqua que,
lorsque j'étais partie, elle avait bavardé avec les Anglais. L'arrivée de ses
frères, sourire malveillant aux lèvres, l'avait mise mal à l'aise ; ils
étaient venus, disaient-ils, pour s'entretenir avec les émissaires. Puis ils
s'étaient éloignés d'un pas nonchalant. Je lui demandai si elle les tenait pour
coupables. Elle fit un geste d'ignorance. Elle ne savait pas, mais me confia
que tous les trois, ainsi que Marigny et Nogaret, nous rejoindraient en
Angleterre pour le couronnement. Elle commanda de quoi se restaurer aux
cuisines et me fit manger elle-même. Elle s'arrêtait de temps à autre, me
tapotait le bras et murmurait en navarrais, marque de sa profonde agitation.
    Par la suite, je ne quittai plus
le palais. La proue pointue et incurvée, le bateau qui arrivait droit sur nous,
les archers génois, bras et jambes écartés, qui coulaient dans les ténèbres
vertes, l'eau glaciale qui m'enveloppait, ces images terrifiantes ne cessaient
de me hanter. Qui avait mis sur pied ce guet-apens ? Pourquoi ?
Étions-nous attendus ? J'avais commis une erreur. Nos préparatifs, ce
matin-là, avaient été annoncés à tout vent, Giacomo et Lorenzo s'étant rendus à
l'embarcadère royal en quête d'une barque. Ces préoccupations me tourmentaient
l'esprit et me rongeaient le cœur. L'attaque, bien sûr, devait ressembler à un
accident, mais quelle en était la sinistre racine ? La méchanceté des
princes, frères d'Isabelle ? Les soupçons de Marigny ? Le
ressentiment de Philippe devant l'intimité que je partageais avec sa
fille ? Ou autre chose ? Oncle Réginald m'avait appris à toujours
étudier les causes et les effets, à rassembler les preuves, pourtant, au fond
de moi, j'étais convaincue que cette agression avait un lien avec le massacre
chez Vitry. Marigny m'avait interrogée avec précision à ce sujet, mais
pourquoi ? L'assassin solitaire s'était-il tout le temps caché dans la
maison et m'avait-il surveillée de près ? Avais-je été témoin de quelque
chose dont l'importance m'avait alors échappé ? Sandewic vint me voir. Il
m'offrit une copie des œuvres de Trotula qu'il avait achetée au Quartier Latin.
Ce vieux soldat bourru la poussa avec brusquerie vers moi en disant qu'il était
heureux que j'aie survécu, ajoutant qu'il était au moins aussi heureux que son
catarrhe et sa fièvre aient disparu et que l'ulcère de sa jambe se soit bien
refermé. Il se montra maladroit et raide. Bien qu'il eût envie de deviser avec
moi, il était encore suspicieux et sur ses gardes, aussi, très vite,
grommela-t-il de nouveaux remerciements et se retira-t-il.
    Quant aux autres, ils estimèrent
que ma mésaventure n'était qu'un regrettable incident ; on me fit des
civilités, on m'envoya des messages, mais ce n'était qu'un détail négligeable
dans les préparatifs de la Cour. Ils furent achevés vers la Saint-Hilaire, puis
les hérauts proclamèrent le jour

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