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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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à la Grande Dame * des
romans qu'elle lisait avec tant d'avidité et agissait comme elle. On ne me
permit pas de rester près d'elle et je fus parquée avec la valetaille sous le
porche de l'église pendant que les nobles dames des différentes Cours
européennes l'escortaient dans l'édifice. L'office nuptial se déroula. Les voix
puissantes des chanoines de la cathédrale entonnèrent les mélodieux refrains du
plain-chant alors qu'Isabelle et Édouard étaient agenouillés sur de somptueux
prie-Dieu devant le maître-autel, à moitié dissimulés par les nuages d'encens
qui montaient des nombreux encensoirs. Quand l'archevêque de Narbonne eut
chanté l'Ite missa est , le roi et son épouse passèrent, main dans la
main, devant le chœur et descendirent la nef afin de recevoir les félicitations
de l'aristocratie réunie. Puis ils s'avancèrent sur les marches pour être
acclamés par la foule tandis que de nouveaux chœurs entonnaient le Laus,
honor et gloria vobis , suivi d'un hymne en l'honneur d' Isabella regina
Anglorum , bien qu'elle n'eût pas encore été couronnée.
    Plus tard dans l'après-midi, alors
que le soir tombait, on festoya et banqueta dans la demeure du monarque qu'on
s'était empressé de restaurer pour l'occasion. Je n'assistai point aux fêtes.
L'usage, à la Cour de France, voulait que durant les premiers jours de son mariage,
Isabelle ne fût servie que par des femmes de sang royal qui avaient été témoins
de ses noces et du coucher qui s'ensuivait. Je restai dans mon logis sis dans
le palais voisin du vieil évêque et me contentai, comme mes compagnons, des
reliefs des festins : morceaux de venaison, porc, bœuf, poisson, miches de
pain à moitié consommées, fruits abîmés et pichets de vin de divers cépages.
    Isabelle ne m'oubliait pas. Elle
m'envoya une petite escarcelle pleine d'argent anglais et un bout de parchemin
sur lequel on avait avec soin dessiné une fleur de myosotis. Et, plus
important, Sandewic fit preuve de toute sa compétence. Il était à présent custos ,
chevalier-gardien de la maison de la princesse. Comme elle était le centre de
la Cour anglaise, sa maisnie était placée sous la protection du roi
d'Angleterre. Sandewic avait profité de la période du mariage pour faire venir
une escorte d'archers gallois, des hommes petits et nerveux au visage sombre
qui parlaient une langue qui m'était incompréhensible. Ils arboraient la livrée
de Sandewic, un lion blanc rampant sur champ vert, et portaient de grands arcs
en if, des dagues menaçantes pendues aux anneaux de leur ceinturon et, dans le
dos, des carquois de flèches de trois pieds de long. Ces soldats, hommes pleins
de gaieté qui aimaient boire et chanter les airs envoûtants de leur pays,
gardaient et surveillaient le palais de l'évêque. Fort vigilants et diligents,
ils exigèrent que les valets qui m'apportaient ma nourriture la goûtent d'abord
avant de les laisser entrer. Oh ! oui, ces jours indiquaient que les temps
changeaient vite ! Moi aussi, j'étais désormais au pouvoir de
l'Angleterre.
    Casales et Rossaleti également
reconnurent que leurs tâches avaient changé. Ce dernier se préparait à détenir les
sceaux privés et secrets de la princesse bien qu'elle promît en privé qu'elle
et moi uniquement apposerions le sceau sur ce que nous serions seules à
connaître. Une certaine distance se fit jour entre les deux hommes ; ils
n'étaient plus des émissaires mais des membres de maisons différentes. Baquelle
se montra diligent dans l'organisation du départ des Anglais de Boulogne pour
le port voisin de Wissant. Bien sûr, Sandewic me rapportait les nouvelles des
réjouissances auxquelles participaient les multiples courtisans aux discours
fleuris et aux promesses creuses. Il m'emmena aussi dans la morne bruine d'un
hiver normand visiter les sites intéressants.
    Boulogne s'était transformée. Des
oriflammes, des banderoles, des galons aux couleurs vives claquaient partout à
côté des fleurs de lys de France et des léopards anglais. Évêques, nobles,
grandes dames, clergie de haut rang, valets, pleins de leur importance, l'œil
fureteur, paradaient dans leurs splendides atours d'hermine, de brocart, de
soieries chatoyantes, de linges fins sortis des métiers à tisser des Flandres
et des ateliers de Cologne. Des chevaux de toutes races au poil luisant, poneys
de bât, destriers, palefrois, cobs martelaient de leurs sabots les pavés
verglacés. Dans les champs qui entouraient la

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