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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d'Angleterre était là ! Une forêt de tentes s'éleva
autour de la ville, chaque chambre, chaque galetas disponible fut loué ;
jusqu'aux porches et seuils des églises et des tavernes qui furent occupés
alors que s'assemblaient les grands seigneurs et leurs escortes. Les Anglais
avaient, avec sagesse, installé leur camp dans et autour de la ville de
Montreuil. C'est de là qu'Édouard conduisit une délégation dans Boulogne pour
traiter avec son futur beau-père de la Gascogne et autres questions épineuses.
Il n'y eut pas de rencontre officielle avec Isabelle ; le protocole et
l'étiquette exigeaient que le souverain garde ses distances avec sa promise.
    Casales, Sandewic et Baquelle nous
régalaient de savoureux ragots sur les événements. Les relations entre les deux
rois restaient aussi glaciales que le temps. Édouard avait accepté de supprimer
les templiers, plus contrarié qu'il était par les exigences de ses grands
barons au sujet de Gaveston. Il n'en avait pas tenu compte et avait même nommé
le favori, intronisé comte de Cornouailles, régent pendant sa royale absence.
Bien entendu, Isabelle et moi n'eûmes de cesse que d'observer Édouard quand il
rendit visite à Philippe. Nous y parvînmes en découvrant des points de vue
discrets. Édouard II faisait plus de six pieds de haut. Large d'épaules, il
avait la taille fine, les longues jambes d'un cavalier-né et les bras musclés
d'un homme d'épée. Ses traits étaient harmonieux et sa peau légèrement mate
contrastait de façon marquée avec sa chevelure d'or, sa barbe et sa moustache
taillées avec soin. Il avait des yeux bleus aux paupières lourdes ; la
droite tombait un peu comme s'il se méfiait du monde, impression renforcée par
la moue désabusée de sa bouche. Il marchait vite, les bras ballants, le port
altier mais, quand il se détendait, il était le plus courtois des princes. Une vraie
girouette ! Je l'étudiai avec la plus extrême attention ; dès les
premiers aperçus que j'en eus dans ma jeunesse, je compris qu'il était
inconstant. Il pouvait donner une tape amicale dans le dos d'un serviteur mais,
si l'envie lui en prenait, il pouvait aussi bien jouer des poings ou des pieds
en lançant une bordée de jurons. Il avait une voix qui portait et une présence
imposante. De tempérament nerveux et énergique, il criait à ses palefreniers de
prendre bien soin des chevaux tout en jetant des regards autour de lui comme
s'il s'attendait à ce qu'un archer français ou un assassin rôde dans les
parages.
    Il semblait avoir hâte d'en finir
avec les festivités du mariage et de repartir. Sans égards pour l'amour-propre
du roi de France qu'il n'honorait guère, il se plaignait amèrement du froid, de
l'isolement de Boulogne, et expliquait qu'il devait retourner sans tarder en
Angleterre pour traiter d'affaires urgentes à Westminster. Selon Sandewic,
Édouard avait déclaré qu'il viendrait en France, qu'il épouserait Isabelle,
rendrait hommage au roi en ce qui concernait la Gascogne et accepterait
d'éradiquer les templiers : cela ne suffisait-il pas à Philippe ?
Bien sûr, la raison de son désarroi était le conflit grandissant à Londres
entre Gaveston et les nobles, conduits par son propre cousin, Thomas de
Lancastre. Ce groupe de barons, qui finirait par dominer nos vies, était aussi
hostile aux noces françaises. Ils avaient sans détour prié leur souverain de
renoncer à ces réjouissances, de lever une nouvelle armée et d'aller en
découdre avec les Écossais qui faisaient des incursions dans les marches
septentrionales. Les grands seigneurs étaient tombés d'accord sur un
point : il fallait exiler Gaveston. Casales prétendait que ce n'était
qu'un écuyer gascon qu'on avait créé premier comte et qu'à présent les barons
étaient contraints de ronger leur frein, Gaveston régnant en maître.
    C'était au milieu de ce tourbillon
de rumeurs et de nouvelles qu'Isabelle se préparait pour son mariage à la
cathédrale Notre-Dame de Boulogne, où l'archevêque de Narbonne, assisté
d'autres éminents ecclésiastiques, célébrerait ses fiançailles et la messe
nuptiale. Le jour de la conversion de saint Paul, le 25 janvier 1308, Isabelle,
resplendissante dans une robe de pure soie couleur argent, un voile blanc
maintenu sur la tête par un bandeau de l'or le plus fin, rencontra son royal
fiancé, vêtu de tuniques bleu, écarlate et or, au portail de Notre-Dame pour
l'échange des vœux. La princesse ressemblait

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