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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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bons conseils. La plupart des principaux barons de son
royaume sont aussi jeunes que lui : Guy de Warwick, Thomas de Lancastre...
Ils ont aussi le sang chaud et le tempérament bouillant ; ils se
considèrent comme les conseillers naturels du souverain, ses mentors de
naissance.
    — Et, naturellement, ils
n'acceptent pas Gaveston.
    — Ils le haïssent !
    — Mais, objectai-je, les
conseillers de feu le roi ont sans doute encore leur mot à dire ?
    — Partis, répondit Sandewic
d'un ton las. Robert Winchelsea, archevêque de Cantorbéry, est âgé et toujours
en exil. Robert Baldock, évêque de Londres, l'ancien chancelier, est en
disgrâce parce que lui aussi s'est opposé à Gaveston et au roi, tout comme
Walter Langton, ancien trésorier, évêque de Coventry et de Lichfield. Ces deux
derniers ont été dépossédés de leur office et de leurs biens et sont aux arrêts
en leur demeure. Les autres sont vieux ou en mauvaise santé. Il n'y a plus
personne au conseil privé ; seul Gaveston a l'oreille du roi, et
ça — Sandewic tendit le doigt vers moi —, c'est dangereux !
    Il s'interrompit, rassembla ses
idées et fixa le plafond.
    — Ce qui est encore plus
périlleux, ajouta-t-il presque dans un souffle, c'est ce que Philippe de France
a l'intention de faire. Que manigance ce subtil esprit fourmillant de
projets ?
    Il me jeta un coup d'œil en coin.
    — Oh ! il peut échanger
le baiser de paix avec Édouard, qu'il nomme son « beau fils », mais
il a des plans bien arrêtés. Il est prêt à en appeler aux fantômes du
passé !
    Quand j'interrogeai Sandewic sur
ce sujet, il devint taciturne et se replia sur lui-même. Dommage : la
remarque du vieux gardien était une clé de ces mystères.
    Nous partîmes pour Wissant le
lendemain matin. Édouard quitta Boulogne sans grande cérémonie, une offense
délibérée envers son beau-père. Isabelle se comporta de même, se contentant de
dépêcher un simple messager chargé de ses adieux et prétendant qu'elle devait
vérifier si on n'oubliait rien. La longue file de chariots anglais, de
charrettes et de bêtes de somme sortit à flots de Boulogne, bannières au vent.
Sur chaque flanc, des archers gallois équipés de morions d'acier et de
justaucorps de cuir allaient à pied et, devant nous, des cavaliers en armures
légères nous ouvraient le chemin. Isabelle aurait pu voyager en litière ;
mais elle avait enfourché un palefroi et galopait souvent le long de la colonne
interminable de soldats en leur offrant des douceurs et des sourires
d'encouragement. Elle agissait avec naturel, cheveux d'or épars, robe un peu
remontée de façon à laisser voir le bord vaporeux de la jupe de dessous et ses
fines chevilles. Les troupes l'adoraient et l'acclamaient. Son époux, en tête
de ses hommes, envoyait ses remerciements à sa charmante *, mais restait
devant pour décider de l'allure de notre marche.
    Le trajet fut sans incidents mais
peu agréable. Il n'arriva rien d'inattendu, si ce n'est que Sandewic et Casales
se séparèrent du détachement et s'en furent avec une petite escorte d'archers à
cheval explorer la contrée. Je me demandai, d'abord, s'ils craignaient quelque
embuscade. Quand ils furent de retour, à la nuit tombée, ils s'installèrent
devant le feu ronflant en chuchotant entre eux. Je les pressai de questions.
Sandewic me répondit sans aménité. Je leur répliquai d'un ton sec que je
pouvais envisager n'importe quel danger, en tout cas en France. C'est tout
juste si Sandewic, transi après sa difficile chevauchée, ne pénétrait pas dans
l'âtre.
    — Avez-vous remarqué ?
murmura-t-il en regardant alentour.
    Mais il n'y avait personne ;
Isabelle avait regagné son pavillon.
    — Remarqué quoi ?
rétorquai-je.
    — Pour l'amour du ciel, les
routes ! s'exclama-t-il. Elles ont été réparées, les haies ont été
taillées, on a jeté de nouveaux ponts sur les cours d'eau, les paysans s'enfuient
à notre approche...
    — Et ? insistai-je.
    — Philippe en personne se
prépare à venir ici. Nous avons découvert des soldats aux avant-postes et la
côte bordée d'une rangée de fanaux. Les villageois parlent de troupes envoyées
dans les ports, plus loin, à l'est, de navires et de barges qui se rassemblent.
    — Des préparatifs pour le
mariage royal ? suggérai-je.
    — Il se peut, grommela
Sandewic, avec un geste d'ignorance. J'ai informé le roi, mais la seule chose
qui l'intéresse, c'est Wissant.
    Le désir

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