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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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et en bougeant les lèvres comme s'il se parlait à lui-même.
Mathilde — Isabelle se déplaça pour me regarder bien en face —,
je me demande si mon époux n'est pas un peu fol.
    Elle cilla, s'humecta les lèvres
et m'adressa un sourire radieux.
    — Il hait mon père. Sa simple
vue l'indispose et il affirme que son père et Philippe de France se valaient
bien l'un l'autre. Quand je lui ai dit que j'éprouvais la même chose, il a
éclaté d'un rire sonore et m'a serrée très fort. Je lui ai parlé de vous,
Mathilde.
    Elle reposa son gobelet et me prit
la main.
    — Mais je ne lui ai pas tout
révélé à votre sujet. Il a répondu que vous étiez la bienvenue, que sa maison
serait la vôtre, et il a ajouté que nous comploterions ensemble contre
Philippe. Il adore ça, Mathilde, se moquer, mettre le monde sens dessus
dessous. Pendant l'office, ce matin, il a dirigé les braiements, en
s'esclaffant comme un étudiant débarrassé de son livre de corne.
    — Qu'en est-il de Lord
Gaveston ?
    Isabelle se mit à tortiller
quelques fils lâches de la couverture.
    — Ils ne font qu'un,
Mathilde ! Édouard dit que Gaveston est tout à la fois son frère, son
père, sa sœur, sa mère.
    — Et son amant ?
    Elle hocha la tête sans le
nier ; elle était surtout déroutée et troublée.
    — Nous verrons,
souffla-t-elle. Nous verrons.
    — Et la mort de Pourte et de
Wenlock ?
    — Édouard n'a pipé mot à ce
sujet. Elle resserra la couverture autour d'elle.
    — Il n'était satisfait ni de l'un
ni de l'autre : il a maugréé qu'ils avaient pris parti pour son mariage
avec moi, ou plutôt, pour le mariage français, commenta-t-elle en souriant,
ainsi que pour l'arrestation des templiers, mais qu'ils s'étaient opposés à
l'avancement de Lord Gaveston. Saviez-vous, Mathilde, que Casales, Sandewic et
Baquelle étaient du même avis sur ces questions ? Mon époux leur fait
encore confiance mais n'apprécie guère leur position.
    Isabelle fixa les charbons
ardents.
    — En fin de compte,
chuchota-t-elle, Édouard d'Angleterre pourrait bien être un bouc, un âne, voire
un goret, je n'en passerai pas moins par où il voudra !
    Elle me lança un regard fougueux.
    — Je suis libre, Mathilde,
nous partons ! C'est l'hiver à présent, mais le printemps ne tardera pas
et je sèmerai les graines du futur. Nous les regarderons pousser en été et nous
réjouirons au temps des moissons !
    Isabelle se coucha, se glissa
entre les draps de lin et remonta les courtepointes sur sa tête pendant que je
fermais les courtines de son lit. Je restai quelque temps devant le brasero, me
réchauffant, à moitié assoupie, tout en réfléchissant aux paroles de ma
maîtresse. Un fait était clair : Pourte, Wenlock, Casales, Sandewic et
Baquelle étaient des confidents du souverain et tous lui avaient conseillé de
ne pas favoriser Gaveston. Je me rappelai ce qu'Isabelle avait dit sur son
époux. Ce dernier pouvait-il être responsable des deux trépas ? Avait-il
envoyé les assassins ? Mais j'avais appris aussi que d'autres personnes,
en Angleterre, s'étaient opposées au mariage français ; peut-être
avaient-elles trempé dans ces méfaits ? Je me rendis compte que je ne
comprenais pas grand-chose à tout cela. Je me souvins de ma visite rue des
Écrivains, de cette curieuse pièce vide et de l'homme qui s'y était réfugié. Il
avait disparu en un éclair et semblait m'attendre en Angleterre. Était-ce lui
que j'avais aperçu à la taverne de L' Oriflamme  ? Était-il impliqué
dans ces mystères ?
    J'allais me retirer quand Sandewic
et Casales surgirent. Je n'eus pas le cœur de les renvoyer, aussi
bavardâmes-nous dans la petite salle du bas. L'un des archers gallois avait
préparé un feu et nous servit quelques restes de l'office. Les deux hommes
apportaient des nouvelles. Le lendemain, les Anglais quitteraient Boulogne pour
Wissant. Nous devions nous lever avant l'aube. J'entendais déjà, dehors, les
portefaix et les charretiers qui sortaient les chariots et comptaient les
chevaux de bât.
    — C'est fini ! Et
maintenant nous retournons en Angleterre, dit Sandewic en poussant un soupir de
soulagement et en rejetant la tête en arrière comme pour se détendre le cou.
    — Et Gaveston ? lança
Casales.
    —  Mais oui *, repris-je
en souriant. Et Gaveston ?
    — Mathilde, votre maîtresse
peut avoir son rôle à jouer, déclara Sandewic. L'ennui avec Édouard d'Angleterre,
c'est qu'il est privé de

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