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Le calice des esprits

Le calice des esprits

Titel: Le calice des esprits Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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posa
Isabelle sur les templiers et sur son mariage révélèrent son embarras. Édouard
n'en tint pas compte et répéta ce que nous savions déjà grâce à Sandewic :
les deux affaires n'étaient que pure politique. Il admit qu'il ne voulait pas
de persécution sanglante des templiers, mais qu'il s'emparerait de leurs
richesses dont il avait un besoin désespéré. Courtois, il me fit participer à
la conversation, cependant je compris qu'Isabelle n'avait pas révélé l'entière
vérité à son époux à mon sujet.
    Gaveston finit par se lever pour
remettre des bûches dans le feu dévorant, et, à l'aide d'un lumignon, alluma
d'autres chandelles pour remplacer celles qui s'étaient consumées. La lumière
se fit plus vive, animant les belles tapisseries qui décoraient les murs.
Gaveston alla rattacher un volet qui battait, puis se dirigea vers la porte,
l'ouvrit et échangea quelques mots avec Sandewic. J'entendis mentionner le nom
de Clauvelin, le morose tabellion de Soissons. Gaveston referma l'huis et nous
rejoignit. Édouard, maussade, but son vin alors que le favori entreprenait de
nous interroger toutes les deux sur la mort de Pourte et celle de Wenlock. Il
me fit parler avec adresse jusqu'à ce que j'en vienne pour ainsi dire à reconnaître
que j'avais des soupçons et pensais que les deux hommes avaient peut-être été
occis. Le favori et le souverain semblèrent soucieux en entendant cela mais ne
le relevèrent pas et demandèrent à Isabelle si elle avait connu messire de
Vitry, le marchand. La princesse d'un regard m'enjoignit de me taire, regard
qui, je crois, n'échappa pas à Gaveston. Il se mordilla les lèvres en écoutant
l'explication d'Isabelle : messire de Vitry, bien sûr, lui était connu
puisqu'il était l'un des banquiers de son père et que l'assassinat sanglant du
négociant et de sa maisonnée avait bouleversé tout Paris. On remplit à nouveau
les coupes de vin et les deux hommes gardèrent le silence, perdus dans leurs
pensées, jusqu'à ce qu'Édouard se penche par-dessus la table pour saisir les
mains de son épouse.
    — Je veux savoir deux choses, mon cœur *. Et je ne veux pas de mensonges. Avant que je vous interroge,
laissez-moi vous assurer, et j'en fais le serment solennel, que vous êtes ma
princesse et mon épouse, la seule femme dans ma vie, et que vous ne serez
jamais supplantée.
    Il parlait avec ferveur, les joues
empourprées, les yeux brillants. Si jamais prince dit la vérité, alors ce
soir-là ce fut le cas d'Édouard d'Angleterre. Isabelle rougit et baissa la tête
pour le dissimuler. Le roi appuya avec douceur le bout de ses doigts sur les
lèvres de la jeune femme.
    — Dites-moi à présent, ma
plaisance *, acceptez-vous Lord Gaveston ? Si ce n'est le cas,
dites-le. L'acceptez-vous pour ce qu'il est, pour lui et pour moi ?
    Le silence qui s'ensuivit fut
tangible, comme si quelque invisible présence s'inclinait vers nous pour
entendre la réponse d'Isabelle. Gaveston, assis, le dos courbé, n'avait plus
rien de l'arrogant godelureau.
    — Oui, déclara ma maîtresse
en adressant un sourire radieux au favori. Moi, la princesse royale, votre
épouse, votre future reine, je suis aussi Isabelle, enfuie il y a peu de
France, de la Cour de mon père, qui était devenue si haïssable. Et
vous — elle appuya la main sur la poitrine du souverain —, vous
êtes le roi d'Angleterre. Vous n'avez point demandé à m'épouser. Je n'ai point
demandé à vous épouser. Nous n'avons choisi ni le jour ni l'heure. Nous devons
nous plier au destin choisi par Dieu, alors pourquoi élèverais-je des
objections ? Messire Gaveston m'enlèvera-t-il ce qui m'appartient ?
    Édouard fit un signe de
dénégation. Gaveston prit une profonde inspiration.
    — La seconde chose, mon
seigneur * ?
    Isabelle avait toujours la main
sur la poitrine de son époux ; il s'en saisit et lui baisa les doigts.
    — Écoutez-moi bien, dit le
roi, presque dans un murmure. Vous ne devez en aucune circonstance montrer
d'affection envers Peter ; et vous devez même lui témoigner de l'aversion,
pour le moment du moins. Il ne faut pas, au moins en public, que vous sembliez
éprouver de l'amitié à l'égard de Lord Gaveston.
    — Pourquoi ? m'enquis-je
avant de réfléchir.
    — Parce que, Mathilde, c'est
ainsi que cela se passe. Plutôt que de me dissimuler leur malveillance, c'est
auprès de vous que mes ennemis iront se trahir.
    Il sourit.
    — Comme on dit dans les
écoles,

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