Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
Vom Netzwerk:
préfèrent disputer une partie de billard que se plonger dans un livre. Je ne sais qui a dit : “Qu’un ange écrive, c’est quand même un démon qui imprime le texte”, mais je compte bien faire graver un jour cette devise sur mon cachet. » Houghton dissimula derrière sa main un gloussement plein de dignité.
    « Thomas Moore », ne put s’empêcher d’intervenir Lowell, qui savait toujours tout, tandis que Fields reprenait :
    « Voulez-vous nous montrer la pièce où vous gardez ces doubles, je vous prie. »
    L’imprimeur conduisit ses visiteurs au sous-sol par un escalier étroit. Tout au bout d’un long couloir, une porte fermée par une serrure à combinaison donnait accès à une spacieuse chambre forte, jadis propriété d’une banque défunte.
    « Après avoir vérifié que les épreuves de M. Longfellow archivées dans le bureau étaient au complet, l’idée m’est venue de contrôler celles conservées dans la chambre forte. Et là, drame ! Plusieurs planches des extraits de L’Enfer composées antérieurement s’étaient envolées !
    — Quand ont-elles disparu ? » demanda Fields.
    Houghton leva les épaules.
    « Je ne descends pas ici régulièrement, vous savez. Elles ont pu disparaître il y a quelques jours comme il y a plusieurs mois sans que je m’en rende compte. »
    Longfellow repéra le casier portant son nom. Lowell l’aida à répertorier les épreuves de La Divine Comédie.
    « On dirait que des pages ont été prises au petit bonheur la chance, chuchota Lowell. Il en manque plusieurs au chant III.
    Apparemment, c’est le seul chant incomplet auquel corresponde un meurtre. »
    L’imprimeur s’éclaircit la gorge et proposa, soucieux de manifester sa bonne volonté :
    « Si vous le désirez, je peux réunir tous ceux de mes employés qui connaissent la combinaison permettant d’entrer dans cette salle. Croyez bien que j’irai au fond des choses. Quand je dis à un garçon de suspendre mon pardessus, j’attends de lui qu’il revienne me dire que c’est chose faite. »
    Dans la salle des machines, les démons s’affairaient à côté des presses, replaçant les caractères en plomb dans leurs casses ou épongeant les mares d’encre noire, quand la cloche intérieure retentit. En troupeau, ils se rendirent à la salle de réunion.
    « Mes garçons. S’il vous plaît, mes garçons. » Houghton frappa plusieurs fois dans ses mains pour faire taire les bavardages. « Un problème mineur a été signalé à mon attention. Vous reconnaissez sûrement l’un de nos visiteurs, monsieur Longfellow, de Cambridge. Ses travaux représentent une part importante de notre travail dans le domaine littéraire. Ils nous apportent le succès sur le plan commercial, et ils nous font participer à la propagation de la pensée. »
    Un gars de la campagne au teint blafard et au visage taché d’encre commença à se tortiller en lançant des regards inquiets au poète. S’apercevant de sa gêne, Longfellow le désigna à ses compagnons. Lowell se rapprocha de lui.
    « Des épreuves enfermées dans la chambre forte au sous-sol se sont… dirons-nous… égarées », continuait l’imprimeur.
    Notant à son tour l’agitation de l’ouvrier, il s’interrompit. Lowell tendit la main vers l’épaule du garçon qui s’enfuit à toutes jambes, renversant un collègue. Immédiatement, Lowell le prit en chasse. Arrivé au coin du couloir, il entendit le démon dévaler l’escalier de service. Fonçant vers les bureaux, il s’élança dans l’escalier principal en pente raide et déboucha dans la rue. Là, il réussit à couper la voie au fuyard qui courait le long de la rivière et se jeta sur lui pour le plaquer au sol. Esquivant la manœuvre, le démon se laissa glisser à bas du remblai gelé. Hélas, incapable de freiner sa chute, il dégringola jusqu’au fleuve et traversa la mince couche de glace à quelques pas de gamins occupés à pêcher des anguilles au harpon.
    Lowell se précipita. Sourd à leurs protestations, il arracha son crochet à l’un d’eux et parvint à rattraper le démon par son tablier rempli d’eau. Il le hissa sur la berge malgré les algues et autres fers à cheval qui entravaient la remontée. Transi après son bain dans l’eau glacée, l’ouvrier claquait des dents, hébété par le choc.
    « Pourquoi avez-vous volé ces épreuves, canaille ? hurla Lowell.
    — Qu’esse z’avez à gueuler ? Bas les pattes ! réussit à

Weitere Kostenlose Bücher