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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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recherche d’une boîte à papiers égarée dont elle avait grand besoin pour fêter en bonne et due forme l’anniversaire de sa poupée. Elle tomba sur une lettre décachetée, expédiée d’Auburn, dans l’État de New York, et voulut savoir de qui elle était.
    « Oh, de M lle  Frere ? répéta-t-elle. Comme c’est gentil à elle ! Est-ce qu’elle passera l’été à Nahant, cette année aussi ? Il est tellement agréable de l’avoir auprès de nous, Père.
    — Je ne crois pas. »
    Longfellow fit un sourire à sa fille, mais la petite, déçue, déclara brusquement :
    « Peut-être que ma boîte est dans le secrétaire du salon. »
    Sur ce, elle sortit pour aller demander de l’aide à sa gouvernante.
    Des coups frappés à la porte d’entrée parvinrent à Longfellow, des coups martelés avec exigence et qui redoublèrent avec une force plus terrifiante encore, accompagnés d’une question.
    « Holmes… ? » s’entendit murmurer le poète.
    Annie Allegra, la petite Annie qui s’ennuyait, abandonna son idée de chercher la gouvernante et cria qu’elle se chargeait de répondre. Elle ouvrit la porte tout grand. Dehors, le froid était colossal, dévorant.
    Elle s’interrompit au milieu de son bonjour. De son cabinet de travail, Longfellow comprit qu’elle était effrayée. Dans le marmonnement qui lui parvenait, il ne reconnaissait pas la voix d’un ami. Sorti dans le vestibule, il tomba nez à nez avec un militaire en grand uniforme.
    « Faites-la partir, monsieur Longfellow », enjoignit Teal calmement.
    Le poète attira sa fille à lui et s’agenouilla.
    « Panzie, si tu allais finir ton article pour Le Secret, comme nous en avons parlé.
    — L’entretien, Papa ?
    — Oui. Tu veux bien le finir tout de suite pendant que je suis occupé avec monsieur ? »
    Il s’efforçait de faire entendre raison à l’enfant, lui ordonnant d’obéir par toute son attitude. Son regard plongeait dans les yeux de la petite fille avec la même intensité que, jadis, celui de sa mère. Annie hocha la tête gravement et s’enfuit dans le fond de la maison.
    « On a besoin de vous, monsieur Longfellow. On a besoin de vous sur-le-champ. »
    Teal mastiquait furieusement. Il cracha deux boulettes de papier sur le tapis et se remit à mâcher de plus belle. Les réserves de papier qu’il avait dans la bouche semblaient inépuisables.
    Longfellow fixait le soldat gauchement, conscient de la violence contenue qui émanait de lui.
    Teal dit encore :
    « M. Lowell et M. Fields, ils vous ont trahi. Ils ont trahi Dante. Vous étiez là, vous aussi. Vous étiez là quand Manning devait mourir, et vous n’avez rien fait pour m’aider. C’est pourquoi il vous revient de les châtier. »
    Il plaqua son revolver de l’armée dans les mains de Longfellow. L’acier froid mordit les paumes fragiles du poète où se voyaient encore les brûlures d’autrefois. Longfellow n’avait pas tenu de pistolet depuis son enfance, depuis le jour où il était rentré à la maison, les yeux brouillés de larmes, après que son frère lui eut appris à tirer sur un merle. Fanny avait toujours méprisé les armes et la guerre. « C’est son uniforme éclatant qui fait le soldat aux yeux des hommes, disait-elle souvent. Il en oublie les instruments de meurtre cachés sous sa tenue. » Elle avait interdit à ses garçons de jouer aux soldats de plomb. Longfellow bénissait le ciel qu’elle n’eût pas vu leur fils Charley s’enfuir de la maison pour aller se battre et revenir, l’épaule traversée par une balle. Sans même s’en rendre compte, le poète serra les doigts autour du revolver.
     
    « Eh oui, môssieur, tu vas enfin apprendre à te t’nir tranquille et à faire c’qu’on te dit. Contrebande ! »
    Le rire dansait dans les yeux du détective.
    « Pourquoi restez-vous ici, alors ? » demanda Rey qui s’était rassis par terre, le dos appuyé contre les barreaux. La question parut embarrasser le détective.
    « Pour être sûr que t’apprends bien la leçon, sinon j’te fais cracher tes dents, t’entends ? »
    Rey se retourna lentement.
    « Quelle leçon, déjà ? »
    Le visage du détective s’empourpra. Il se pencha vers la grille d’un air menaçant.
    « D’rester tranquille une fois dans ta vie, saligaud, et d’laisser vivre ceux qui savent mieux que toi ! »
    Rey gardait ses pupilles irisées d’or tristement baissées. Soudain, sans qu’aucun muscle de son

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