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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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mentor. Tu veux dire qu’en dehors de toi y reste maintenant plus personne des Cinq de Boston ?
    — Burndy a jamais fait partie des Cinq du début, mon p’tit blanchot, lâcha Langdon Peaslee sur un ton omniscient. Les Cinq – que leur âme à tous et la mienne avec soient bénies quand elles chuteront au fin fond de l’Enfer –, j’va t’dire qui c’était : Randall, qu’a encore la moitié de sa peine à tirer dans les tombes ; Dogde, qu’a pris sa retraite dans l’Ouest après qu’il s’est effondré, rapport à ses nerfs ; Turner, qui s’est fait collé deux ans et quart par sa dulcinée, si c’est pas une leçon à pas se mettre en ménage, je veux bien être pendu ; et ce cher Simonds, qui se terre du côté des docks et pourrait pas ouvrir la caisse à joujoux d’un gamin, tellement qu’il a la tremblote !
    — Si c’est pas une honte. Une honte, gémit l’un des quatre hommes qui composaient le public de Peaslee.
    — Répète un peu, voir ? »
    Peaslee avait levé un sourcil fâché à l’adresse du bigleux.
    « Une honte d’voir qu’il est bon pour monter à l’échelle ! continua l’autre. Je l’a jamais rencontré, non, mais à ce qu’on dit, c’est l’plus meilleur des cambrioleurs d’par ici ! Capable de vous ouvrir un coffre rien qu’avec une plume, qu’y disent ! »
    Les trois autres larrons qui composaient la tablée se réfugièrent dans le silence. S’ils avaient été debout, on aurait entendu leurs bottes racler nerveusement les coquillages qui tenaient lieu de plancher ; ou, alors, ils se seraient écartés de celui qui osait parler de la sorte à Langdon W. Peaslee. Mais, comme ils étaient assis devant des boissons, ils se concentrèrent sur leurs verres et burent de longues gorgées dans le plus grand silence ou bien se mirent à tirer d’un air absent sur les cigares que Peaslee avait fait passer à la ronde déjà déballés.
    La porte de la taverne s’ouvrit toute grande. Une mouche fondit sur les stalles noires et enfumées qui se succédaient en épi le long du bar et vint bourdonner autour de la table de Peaslee. Un petit nombre de ses congénères avait survécu à l’hiver ; un plus petit nombre encore avait même prospéré dans certaines parties des bois et des forêts du Massachusetts, fait authentique que le professeur Louis Agassiz eût taxé de fadaise s’il en avait eu vent. Peaslee darda son regard sur les étranges yeux rouge flamboyant de l’insecte et sur son grand corps bleuté, avant de le chasser vers l’autre bout de la salle où des hommes se firent un plaisir de le courser.
    Langdon Peaslee allongea la main gauche vers son punch, spécialité de la taverne Stackpole. Pour cela, il ne lui fut pas le moins du monde nécessaire de se pencher en avant : son bras d’araignée lui permettait d’atteindre bien des choses dans la vie sans bouger nécessairement le reste de son corps. Et, pourtant, il avait légèrement reculé sa chaise de la table, de façon à pouvoir s’adresser plus commodément à son demi-cercle d’apôtres.
    « Prenez ma parole pour ce qu’elle vaut, mes bons camarades, quand j’vous dis qu’vot’ M. Burndy – le nom sortit avec un sifflement par les trouées entre ses dents –, c’est rien qu’le roi du boucan parmi les monte-en-l’air, dans c’te bonne ville de haricots {44} . »
    Destinée à désamorcer la tension, la plaisanterie fut accueillie par l’assistance avec des toasts et une abondance d’éclats de rire qui fertilisèrent encore le sourire déjà excessif de Peaslee. Soudain, le juif se figea, les yeux levés au-dessus de son verre.
    « Qu’est-ce t’as, le Yiddish ? »
    Se dévissant le cou, Peaslee découvrit un homme debout derrière lui. Sans un mot, sa tablée d’aigrefins et de pickpockets de bas étage s’éparpilla aux quatre coins du bar, laissant la fumée froide qui planait sans but ajouter ses nuages à l’atmosphère en ébullition de ce lieu sans fenêtre. Seul, l’escroc bigleux demeura à sa place.
    « Allez vous faire voir ! » siffla Peaslee entre ses dents.
    Les tablées voisines s’égaillèrent à leur tour parmi la foule.
    « Mazette ! » s’exclama Peaslee en toisant le nouveau venu de haut en bas. Puis il s’enquit avec un sourire étincelant : « Pour vous, ça s’ra une “baffe” ou une “tête” ? » Et de claquer des doigts à l’intention d’une serveuse au décolleté vertigineux.
    Nicholas Rey la

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