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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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renvoya gentiment d’un geste de la main et prit un siège en face de Peaslee.
    « Allez, l’agent, offrez-vous un nuage, alors. »
    Il tendit à Rey un cigare longue feuille que le policier refusa.
    « Qu’est-ce que c’est que c’te mine de vendredi ? L’heure est à la joie ! » Peaslee rajeunit son sourire et reprit : « Vous z’inquiétez pas pour les copains. De toute façon, ils allaient dans le fond chatouiller l’tigre {45} . On se retrouve un soir sur deux, vous savez. Sûr qu’y vous en voudraient pas de vous joindre à nous. C’est-à-dire, si vous avez assez d’haricots pour monter la mise.
    — Je vous remercie, monsieur Peaslee, mais c’est sans façon.
    — À votre guise. » Peaslee se pencha en avant, un doigt sur ses lèvres, comme pour échanger une confidence. « L’agent, vous croyez pas… qu’vous auriez été filé ? On sait que vous étiez après le toquard qui voulait effacer Manning, le type d’Harvard qu’a une gueule d’élan. Il aurait à voir avec les aut’meurtres à Burndy, que vous croyez.
    — C’est exact.
    — Ben, c’t une chance pour vous que ça a rien donné. Ces primes, c’est les récompenses les plus rondelettes depuis que Lincoln a été descendu, vous savez. Et moi, j’sera pas mis au trou pour ma p’tite participation. Quand le Burndy, il aura monté l’échelle, ma part s’ra grosse à étouffer un porc, comme je vous l’dis, mon vieux Rey. On continue à se méfier.
    — Vous l’avez fait arrêter injustement, monsieur Peaslee, mais vous n’avez pas à vous inquiéter de moi. Si j’avais disposé de preuves permettant sa libération, je les aurais déjà produites sans m’occuper des conséquences. Et vous, vous ne toucheriez pas le reste de la prime. »
    À la mention de Burndy, Peaslee avait levé son punch d’un air pensif.
    « Quand même, ça a été gentil d’la part des avocats d’raconter que Burndy, y détestait le juge Healey qu’avait libéré trop d’esclaves avant le Fugitive Slave Act, et qu’il a supprimé Talbot et Jennison pa’ce qu’y z’avaient pas été réglos avec lui. L’a rencontré son Waterloo, ça oui. Y lui reste plus qu’à agiter les guiboles quand son heure sonnera. »
    Peaslee descendit une longue rasade et reprit sur un ton sévère :
    « Paraît que l’gouverneur, il a demandé le démantèlement du bureau des détectives après vot’bagarre à l’hôtel de police. Et on dit qu’les conseillers municipaux, y veulent faire remplacer le vieux Kurtz et vous rétrograder à vie. À vot’place, je mettrais un capuchon à ma chance pour qu’elle s’envole pas, très cher Lis des neiges, et je m’tirerais vite fait d’ici tant que c’est possible. Vous vous êtes gagné pas mal d’ennemis, ces derniers temps.
    — Je me suis fait aussi quelques amis, monsieur Peaslee, dit Rey après une pause. Comme je vous le dis, ne vous inquiétez pas pour moi. Méfiez-vous plutôt de quelqu’un d’autre. C’est pour ça que je suis ici. »
    Les sourcils drus de Peaslee se levèrent si haut que son derby fauve bascula en arrière.
    Se retournant sur son siège, Rey désigna du regard un client dégingandé, assis sur un tabouret au comptoir.
    « Ce monsieur pose des questions dans tout Boston. Apparemment, il ne croit pas à votre explication des meurtres. D’après lui, Willard Burndy ne serait pour rien dans cette histoire. Son insistance risque de faire s’envoler ce qu’il vous reste à toucher de la prime, monsieur Peaslee. Jusqu’au dernier cent.
    — C’te histoire, c’est du passé, rétorqua Peaslee. Vous proposeriez quoi, à son sujet ? »
    Rey réfléchit un moment.
    « Si j’étais à votre place ? Je le convaincrais de prendre de longues vacances loin de Boston. »
     
    Assis au comptoir de la taverne Stackpole, le détective privé Simon Camp, responsable de la région de Boston à l’agence de détectives Pinkerton, relut la lettre anonyme – adressée par Nicholas Rey – qui lui enjoignait de se rendre dans ce bar, à cette heure de la nuit, pour un rendez-vous important. Juché sur son tabouret, il scrutait avec une colère croissante les escrocs et prostituées qui peuplaient la salle. Au bout de dix minutes, il laissa des pièces sur le comptoir et se leva pour aller prendre son manteau.
    Le juif espagnol l’intercepta.
    « Hep ! Où c’est-y qu’vous partez d’un si bon pas ? » lui lança-t-il s’emparant de sa main pour la secouer

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