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Le cercle de Dante

Le cercle de Dante

Titel: Le cercle de Dante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matthew Pearl
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d’Ednah Healey à l’étage parvenaient jusqu’à Lowell en un terrible crescendo. Il s’efforça d’oublier qu’il se trouvait dans une maison où rôdait la mort.
    Demeuré seul au milieu du vestibule, Fields lut le papier que lui avait donné Lowell. Il était signé de Nell Ranney : On me dit de garder ça pour moi, mais je peux pas et je sais pas à qui le dire. Quand j’ai rapporté le juge Healey dans son bureau, il a gémi dans mes bras avant de mourir. Quelqu’un peut-il m’aider  ?
    « Ô Seigneur ! Il vivait encore ! » s’exclama Fields en froissant le papier sans même s’en rendre compte.
    Dans le bureau du juge, Lowell s’était mis à genoux. La tête posée sur le plancher, il prononça tout bas :
    « Vous viviez encore, vous qui avez commis le grand refus. C’est pour ce grand refus que l’on vous a tué. » Il parlait avec douceur, comme pour expliquer les choses à Artemus Healey. « Que vous a donc dit Lucifer ? Et que vouliez-vous transmettre à votre bonne quand elle vous a trouvé ? »
    Il remarqua des taches de sang sur le plancher et autre chose aussi, le long du tapis : des larves écrasées qui ressemblaient à des vers, d’étranges fragments d’insectes qu’il ne reconnut pas – les ailes et les troncs de ces mouches aux yeux de feu que Nell Ranney avait découpées en morceaux au-dessus du corps du juge Healey. Il fouilla parmi les objets posés sur la table en quête d’une loupe pour examiner les débris. Ces insectes aussi portaient des traces de sang.
    Soudain, de dessous des piles de journaux entassées au pied du bureau, quatre ou cinq de ces mouches à œil de feu jaillirent sur un seul front et foncèrent sur l’intrus. Hébété, le souffle court, Lowell trébucha contre un lourd fauteuil et sa jambe alla heurter durement un porte-parapluie en fer forgé. Il s’écroula.
    Assoiffé de vengeance, il abattit un épais code pénal sur les mouches, méthodiquement, l’une après l’autre.
    « N’espérez pas effrayer un Lowell ! »
    Il ressentit une petite piqûre au-dessus de la cheville : un de ces taons avait dû se faufiler sous le revers de son pantalon. Il secoua la jambe. La mouche, désorientée, s’échappa du vêtement en tourbillonnant sur elle-même, cherchant à s’enfuir. Lowell l’écrasa du talon sur le tapis avec un plaisir d’enfant. C’est alors qu’il remarqua une marque rouge au-dessus de sa cheville, là où il s’était cogné contre le porte-parapluie.
    « Saloperies ! » s’exclama-t-il à l’intention du bataillon de mouches décimé.
    Il se figea brusquement, haletant : ces mouches avaient quelque chose de l’expression des morts. Du corridor, il entendit Fields lui chuchoter de se hâter. Il ignora l’avertissement jusqu’à ce que des bruits de pas et de voix se fissent entendre au-dessus de sa tête.
    À l’aide d’un mouchoir brodé à ses initiales par Fanny, il ramassa les mouches qu’il venait d’occire et d’autres résidus d’insectes et fourra son butin dans sa poche, avant de s’élancer hors de la pièce. Les voix se rapprochaient, plus fortes. Visiblement, ses cousins étaient débordés.
    Grillant de curiosité, Fields l’aida à repousser le sofa à sa place. « Alors ? Vous avez trouvé quelque chose, Lowell ? »
    Le poète tapota le mouchoir dans sa poche.
    « Des témoins, mon cher Fields. »

9
    La semaine qui suivit l’enterrement d’Elisha Talbot, tous les pasteurs de Nouvelle-Angleterre s’attachèrent à célébrer sa mémoire dans des panégyriques passionnés. Le dimanche d’après, les homélies se concentrèrent sur le commandement « Tu ne tueras pas ». Ensuite, quand il apparut que ne se produisait aucune avancée notoire dans l’enquête, le clergé de Boston se mit à recenser tous les crimes commis depuis le début de la guerre pour fustiger avec une puissance de jugement dernier l’inefficacité de la police. Incontestablement, la conviction fascinante qui se déploya en chaire au cours de ces diatribes eût arraché des larmes d’admiration à un prédicateur aussi chevronné que le révérend Talbot.
    De leur côté, les journalistes n’étaient pas en reste d’indignation. Deux personnalités parmi les plus en vue de Boston se faisaient occire et leurs meurtriers couraient toujours ! Les fonds votés par le conseil municipal en vue d’améliorer le travail de la police n’auraient-ils servi qu’à orner l’uniforme des gardiens de

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