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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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répandant un
capiteux parfum de jasmin et de fleurs d’amandier qui lui fit tourner la tête.
    —  Cassandra…
    Une voix étrangement familière venait de rompre le
silence feutré.
    La peur à son paroxysme, Cassandra fît volte-face.
Eclairée par un rayon de lune argenté, Lady Angelia Killinton se tenait devant
elle, ses yeux violets étincelant dans la pénombre.
    —  Cassandra…,
répéta doucement la comtesse en tendant la main vers elle.
    Cassandra recula, paniquée. Elle avait l’impression
d’avoir pénétré dans un couloir obscur dont la porte s’était refermée en
claquant.
    —  Comment…
comment connaissez-vous mon nom ? articula-t-elle péniblement.
    De nouveau cette effroyable sensation de chute. Sa
vision se brouillait. Chancelante, elle s’appuya au mur derrière elle.
    Ses fins sourcils noirs arqués par la surprise, Lady
Killinton la dévisageait avec une incrédulité non feinte.
    —  Tu…
tu ne te souviens pas de moi ? questionna-t-elle d’un ton hésitant, comme
si elle appréhendait la réponse.
    —  Comment
me connaissez-vous ? insista Cassandra, très pâle.
    Angelia Killinton parut complètement démontée. Une amère
déception perçait dans sa voix lorsqu’elle reprit la parole.
    —  Quelle
question ! Tu ne peux m’avoir oubliée, ce serait… insensé. Je n’ai pas
changé à ce point en quinze ans !
    Quinze ans… Cassandra tressaillit. Cette femme
appartenait donc à la période de sa vie plongée dans les ténèbres de l’amnésie.
Elle l’avait probablement rencontrée avant de perdre la mémoire. Dans ce cas,
elles devaient être très jeunes à l’époque, pas plus de douze ou treize ans.
Cassandra fouilla désespérément ses souvenirs, mais aucune lueur nouvelle ne
vint éclairer les abysses de son passé. Une fois de plus, celui-ci lui
échappait.
    Et pourtant… elle connaissait forcément cette femme.
Sinon, comment expliquer la douloureuse angoisse qu’elle ressentait en sa
présence ? Du reste, la manière dont Angelia Killinton lui parlait
laissait supposer qu’elles avaient été autrefois très proches.
    Transformée en statue de pierre, Angelia continuait à la
scruter avec consternation. Cassandra ne put supporter plus longtemps la
brûlure de ce regard. Elle devait s’en aller immédiatement : demeurer une
minute de plus en compagnie de cette femme représentait une épreuve au-dessus
de ses forces. Les jambes flageolantes, elle s’approcha de la fenêtre.
    —  Cassandra,
appela soudain Lady Killinton d’une voix plaintive. Ne pars pas, je t’en
supplie…
    Une étrange émotion, alliance de nostalgie et de
tendresse, vrilla le cœur de la jeune femme qui se figea et tourna la tête.
    Les yeux d’Angelia Killinton brillaient de larmes
contenues.
    Bouleversée, Cassandra éprouva un bref élan de pitié
envers cette inconnue, mais très vite, le pernicieux malaise l’envahit de
nouveau. Dans un état proche de l’affolement, elle se retourna et se précipita
au-dehors sans jeter un regard derrière elle.
    Sous le choc, Angelia n’ébaucha pas le moindre geste
pour la retenir. Cassandra ne jouait pas la comédie : elle était
réellement devenue une parfaite étrangère à ses yeux. Comment une chose aussi
monstrueuse avait-elle pu se produire ? C’était trop injuste. Et dire
qu’elle avait repoussé son départ pour l’Espagne afin de la voir…
    Atrocement déçue, Angelia regagna sa chambre à pas
lents. Le coffre ouvert confirma ses soupçons : Cassandra avait récupéré
le carnet de Charles Werner.
    Aucune importance. Le jour où celui-ci avait décidé de
la trahir, il avait lui-même scellé son destin. De toute manière, il ne lui
serait bientôt plus d’aucune utilité. Et puis, Werner constituait vraiment le
cadet de ses soucis à l’heure actuelle.
    Séchant ses larmes d’un geste rageur du poing, Angelia
poussa un cri déchirant, un cri de bête blessée, qui réveilla les domestiques
et fit accourir ses hommes de main, demeurés cachés jusque-là selon ses ordres.

Chapitre XIX
    Cassandra ne se reconnaissait plus. Elle si froide, si
déterminée, avait totalement perdu le contrôle et cédé à la panique. De retour
au manoir, elle s’empressa de se réfugier dans sa chambre. Elle rangea le
carnet dans le tiroir secret de sa table de chevet, trop troublée pour s’y
intéresser de près, et s’effondra sur le lit.
    Seigneur, que lui arrivait-il donc ? La violence de
ses émotions la terrifiait,

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