Le Cercle du Phénix
sa jeune sœur Megan.
Andrew, Megan, voici Nicholas Ferguson.
Andrew
sentit une pointe de jalousie lui transpercer le cœur. Elle l’appelait déjà par
son prénom ! C’était le comble ! Sa sœur l’observait à la dérobée,
semblant lire dans ses pensées.
Nicholas salua Andrew,
s’inclina devant Megan puis se tourna vers son hôtesse.
— Avant
d’entamer les choses sérieuses, me serait-il possible de faire un brin de
toilette ? J’en ai bien besoin.
— Bien entendu,
suivez-moi.
— Quel
bellâtre ! grinça Andrew sitôt qu’ils eurent quitté la pièce.
Megan ne paraissait pas
de cet avis.
— Tu
es injuste. Il est très séduisant.
— J’ai
pu en effet constater qu’il ne te laissait pas indifférente, lança son frère,
acide.
— Je
ne vois absolument pas de quoi tu veux parler, répliqua-t-elle, simulant adroitement
la dignité outragée.
*
Au
vu de l’heure tardive, il fut décidé qu’Andrew et Megan passeraient la nuit au
manoir. Désireux d’entendre les explications de Nicholas Ferguson, les Ward
n’avaient toutefois aucune envie d’aller dormir. Megan surtout, à qui son frère
avait relaté l’arrivée de l’étrange paquet venant de Paris, brûlait
d’impatience d’en apprendre davantage. Sa flamboyante imagination lui avait
déjà laissé entrevoir une longue suite d’aventures dangereuses et romanesques
au terme desquelles un fabuleux trésor serait naturellement découvert…
Ils
s’installèrent donc tous dans le grand salon, près du feu qui occupait
l’immense cheminée de bois sculpté, et un valet de pied leur servit du vin
chaud dans des petits gobelets d’argent. Lorsque le domestique fut sorti,
Nicholas, rasé de près et habillé de frais, commença son récit.
— Jusqu’à
l’âge de onze ans, j’ai vécu à Londres avec mes parents dans la maison du 10,
Prince Street. Puis ma mère est morte, et j’ai été élevé à Birmingham par mon
oncle et ma tante, mon père étant bien incapable de s’occuper d’un enfant.
Durant mon adolescence, je le voyais rarement car il voyageait beaucoup ;
lui et moi n’avons donc jamais été proches. Pour dire la vérité, cela faisait
des années que je n’avais pas eu de ses nouvelles. Aussi ai-je été stupéfait
lorsque, voilà environ une semaine, j’ai reçu une lettre de sa part me
demandant de venir le rejoindre de toute urgence en France. Malgré nos rapports
tendus, le ton de sa missive m’a incité à lui obéir sur-le-champ. Il paraissait
effrayé, ce qui ne lui ressemblait pas du tout. Je me suis donc rendu le plus
vite possible à Paris, mais comme la lettre avait mis du temps à me parvenir,
je suis arrivé trop tard. Mon père était déjà mourant, plongé dans une inconscience
dont il ne s’est jamais réveillé. Je suis convaincu qu’il a été empoisonné,
même si les symptômes étaient ceux d’une forte fièvre. La coïncidence serait
par trop étrange.
À ces mots, Andrew et
Megan tressaillirent.
— Mort…, murmura
l’adolescente, un peu pâle. C’est affreux…
— Oui, confirma
Nicholas d’une voix dure. Assassiné.
Un long silence suivit
cette terrible révélation.
— Poursuivez, le
pressa Cassandra.
— Juste après la
mort de mon père, un notaire parisien m’a remis de sa part une seconde lettre
et un paquet contenant un Triangle d’argent.
— Que disait votre
père dans cette lettre ? L’avez-vous toujours en votre possession ?
Nicholas secoua la tête.
— Non,
je l’ai détruite, suivant en cela sa volonté. Mais le contenu de la missive
était de toute manière peu cohérent. Lorsqu’il l’a écrite, il devait déjà
craindre pour sa vie, à raison hélas comme l’a confirmé la suite des
événements. Mon pauvre père a visiblement agi dans la précipitation. Ce dont je
suis certain toutefois, c’est qu’il évoquait ceci…
Il
sortit de son sac un objet de forme circulaire qu’il posa sur le guéridon placé
devant les fauteuils.
— Le
Soleil d’or, annonça-t-il d’une voix solennelle. Je l’ai récupéré sur la tombe
de ma mère, là où mon père l’avait caché…
Cassandra
se pencha vers la table et saisit avec précaution l’objet qui brillait
doucement à la lumière du feu et des lampes à gaz. Elle tenait entre ses doigts
un disque d’or fin dans lequel étaient creusées quatre cavités de forme
triangulaire.
— Il
y a quelque chose d’écrit en dessous, lança Megan d’une voix
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