Le Cercle du Phénix

rainures au centre du disque… Je suis
certaine que l’ensemble a été forgé pour s’emboîter dans un autre élément.
    —  Ce
serait donc une sorte de clé ? Mais qu’ouvre-t-elle ? s’empressa de
demander Megan.
    — Cela me semble un
peu facile de raisonner ainsi, Cassandra, tenta Andrew, l’air atterré.
    Elle
lui jeta un regard grave, puis reporta son attention sur Megan.
    —  C’est
là toute la question. Peut-être une cachette supposée abriter la pierre
philosophale…
    Un
silence pensif accueillit ces derniers mots.
    —  Nous
pouvons logiquement supposer que les Triangles de l’Eau et du Feu restent à
découvrir, reprit Nicholas après quelques instants de réflexion. Mon père
comptait sans doute m’en dire plus à Paris, mais on ne lui en a pas laissé le
temps… J’ignore encore la façon dont je vais m’y prendre, mais je compte bien
poursuivre sa quête et démasquer par la même occasion ses assassins.
    Andrew
le fixa avec stupéfaction.
    —  Vous
ne pouvez sérieusement croire à cette histoire de pierre philosophale !
Une pierre qui permet de changer les métaux en or et d’acquérir
l’immortalité ? C’est grotesque, voyons !
    Nicholas haussa les
épaules.
    — J’admets que
cette histoire a l’air invraisemblable, et je ne vous oblige aucunement à y
souscrire. Je m’y suis néanmoins retrouvé impliqué contre mon gré, et je n’ai
maintenant d’autre choix que de gérer les événements au fur et à mesure qu’ils
se présentent. Du reste, certaines personnes semblent être assez naïves pour
croire à l’existence de cette pierre, puisqu’elles sont prêtes à tuer pour
l’obtenir. L’explication est sans doute rocambolesque, mais je n’en vois pas de
meilleure pour le moment. Je reste cependant ouvert à toutes les suggestions,
ajouta-t-il d’un ton railleur en plantant son regard dans celui d’Andrew.
    Les yeux d’Andrew
étincelèrent. Il s’apprêtait à riposter de façon pour le moins discourtoise
lorsque Cassandra, qui était restée plongée dans ses pensées durant cet
échange, annonça au grand dam de son ami :
    — J’aimerais vous
aider, Nicholas. Je suis moi aussi engagée dans cette affaire à présent, et
elle pourrait s’avérer divertissante. Je constate en outre que vous n’avez pas
l’intention d’y mêler la police. Judicieuse décision…
    —  Ce
n’est pas un jeu, Cassandra ! coupa Andrew, l’air offusqué. Ces gens sont
très dangereux, ils ont déjà tué et n’hésiteront pas à recommencer ! Dieu
seul sait de quoi ils sont capables pour arriver à leurs fins ! Il faut au
contraire avertir les autorités. Megan… que fais-tu ?
    Complètement
indifférente à ces mises en garde, sa sœur s’était levée, en proie à un
enthousiasme débordant.
    —  Je
vais effectuer des recherches dans la bibliothèque. Tu possèdes sûrement des
ouvrages sur l’alchimie, Cassandra. Nous y trouverons peut-être des
renseignements utiles.
    Cassandra
et Nicholas sourirent, amusés par l’exaltation juvénile de la jeune fille. Son
frère à l’inverse la scruta d’un air réprobateur.
    —  Il
n’est pas question que tu sois mêlée à cette entreprise, Megan.
    Une
moue boudeuse s’afficha aussitôt sur le visage de l’adolescente. Nicholas
s’empressa d’intervenir en sa faveur.
    —  Elle
ne court guère de risques à faire quelques recherches. Et de toute manière, que
vous le vouliez ou non, elle est déjà impliquée dans cette aventure du seul
fait de sa présence ici.
    Megan
jeta un regard reconnaissant à son sauveur. Andrew fléchit de mauvaise grâce,
regrettant amèrement d’avoir amené sa sœur avec lui au manoir.
    —  Vous
avez probablement raison, reconnut-il du bout des lèvres.
    Craignant
que son frère ne change d’avis, Megan se précipita à la bibliothèque, et
Cassandra se leva pour la suivre.
    Demeurés
seuls au salon, Andrew et Nicholas s’affrontèrent du regard.
    —  Je
ne préviendrai pas la police car Cassandra ne souhaite pas avoir de rapports
avec elle, déclara Andrew d’un ton aride, mais je m’étonne que vous-même n’y
fassiez pas appel. Votre père a été victime d’un meurtre après tout… Pour un
avocat, je trouve votre conduite surprenante !
    Nicholas lui adressa un
sourire narquois et se leva à son tour. Avant de quitter
la pièce, il laissa tomber :
    — Manifestement,
vous ne connaissez pas encore tout de ma vie, cher ami…

Chapitre V
    Huit heures