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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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allé
directement chercher son amie à Prince Street après son travail, mais celle-ci
n’aurait de toute façon que modérément goûté la noblesse de cette initiative.
    Sa sœur Megan l’avait
accompagné. Assise sur le canapé, ses longs cheveux auburn, qui bouclaient
naturellement, coulaient autour de son visage encore poupin, contrairement à la
mode qui voulait qu’on les tire en arrière, avec des anglaises par-dessus les
oreilles. La jeune fille tentait désespérément de donner une allure présentable
à un ouvrage de broderie entamé depuis déjà plusieurs mois. Peu douée pour ce
genre de travaux et absolument dépourvue de patience, elle finit de guerre
lasse par le jeter sur le sol.
    — Jamais je n’y
arriverai ! s’écria-t-elle avec irritation. C’est grotesque !
Pourquoi les femmes sont-elles obligées d’avoir des activités aussi
stupides ? Je voudrais être infirmière comme Florence Nightingale,
ajouta-t-elle d’un air extatique. Soigner les malades et les blessés sur les
champs de bataille est beaucoup plus gratifiant que de faire de la
broderie !
    — Toi qui
t’évanouis à la vue d’une goutte de sang, je t’imagine mal dans ce rôle !
se moqua Andrew qui interrompit un instant ses va-et-vient.
    — Alors je pourrais
être la nouvelle Mary Wollstonecraft, persista Megan, et lutter pour l’égalité
entre les hommes et les femmes.
    Elle
loucha vers son frère, guettant sa réaction, mais celui-ci s’était replongé
dans ses pensées et ne s’occupait pas d’elle le moins du monde. Cette vision
acheva de l’excéder.
    —  Ne
te tracasse pas ainsi, tu es ridicule ! Cassandra n’a pas besoin que tu
lui tiennes la main, elle se débrouille très bien sans toi !
    Andrew adorait sa sœur,
mais il y avait des moments où il éprouvait l’envie peu charitable de la pincer
pour la faire taire.
    Ce
n’est pas la question.
    Megan
se calma soudain. Elle poursuivit d’une voix plus douce :
    — Tu sais ce que je
pense, n’est-ce pas ? Tu gâches ta vie pour une femme qui ne le mérite
pas.
    Elle se leva dans un
bruissement de popeline mauve et vint se planter devant lui.
    —  Je
veux que tu sois heureux.
    —  Mais
je le suis, Megan. Tu te fais des idées.
    —  Tu
mens, dit-elle d’une voix grave. Aussi longtemps que tu espéreras quelque chose
de Cassandra, tu ne pourras pas l’être. Et jamais elle ne te donnera ce que tu
attends d’elle, car elle en est tout simplement incapable.
    Elle
prononça ces derniers mots d’un ton empreint de tristesse. Cette situation
l’affligeait profondément.
    Andrew
s’approcha d’elle en souriant et la prit dans ses bras.
    —  Ne
t’inquiète pas. Nous avons déjà eu cette conversation des centaines de fois. Je
suis assez grand pour savoir ce qui est bon pour moi, et toi, tu es trop jeune
pour t’occuper de ma vie sentimentale.
    Megan
se dégagea, de nouveau furieuse.
    —  Pourquoi
refuses-tu de me prendre au sérieux ? Je n’ai peut-être que dix-sept ans,
mais je vois les choses ici les qu’elles sont, ce qui est loin d’être ton
cas !
    Un instant, ils
s’affrontèrent du regard.
    —  Et
toi, pourquoi persistes-tu à m’accompagner puisque tu détestes Cassandra ?
se renfrogna le médecin, poussé dans ses retranchements.
    — Tu sais très bien
pourquoi je viens ici, rétorqua Megan, la mine boudeuse. Pour la bibliothèque,
bien sûr ! Je ne connais personne qui possède autant de livres que
Cassandra !
    Andrew allait répondre
lorsqu’il fut interrompu par l’arrivée de la jeune femme. Il ressentit un vif
soulagement en la voyant, mais celui-ci fut de courte durée. Elle était en
effet accompagnée d’un homme. Un homme séduisant, malheureusement. Et arrogant
qui plus est. Il regardait déjà Cassandra avec un instinct de propriétaire, ou
du moins est-ce l’impression qu’il eut.
    — Andrew, Megan,
que faites-vous ici ? s’exclama Cassandra quand elle s’aperçut de leur
présence.
    L’intéressé leva les
yeux au ciel.
    —  Aussi
surprenant que cela puisse te paraître, nous nous inquiétions pour toi.
    —  Je
ne souhaite pas être associée à ce « nous », coupa Megan avec
véhémence.
    — Quelle délicieuse
jeune fille ! intervint Nicholas sans chercher à masquer l’ironie du
propos.
    Rattrapée par les bonnes
manières, Megan rougit et se tut.
    Cassandra,
imperturbable, fit les présentations.
    —  Nicholas,
je vous présente mon ami le docteur Andrew Ward, et

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