Le Cercle du Phénix
suis pas avare, mais économe, ce qui est complètement différent !
riposta l’intéressé, piqué au vif.
— Peuh !
Tu joues sur les mots, affirma Megan d’un ton dédaigneux. Mais ne t’inquiète
pas, ajouta-t-elle en glissant son bras sous celui d’Andrew, tes défauts ne
t’empêchent pas d’être un très bon frère malgré tout. Je ne t’échangerais
contre aucun autre !
— Merci !
rétorqua-t-il d’un air pincé. Quel soulagement !
À quelques pas derrière eux, Cassandra observait la
scène d’un air amusé, son sac à la main. Près d’elle, Nicholas, qui avait
proposé de lui porter ses affaires mais s’était vu opposer un refus sans appel,
remarqua :
— Andrew
et Megan sont très complices. Ce spectacle semble vous rendre nostalgique.
— Nostalgique ?
Surprise, Cassandra réalisa qu’il disait vrai ; un
inhabituel sentiment de mélancolie lui serrait le cœur, comme si la vision
d’Andrew et Megan faisait resurgir des souvenirs lointains, des images tendres
et joyeuses qu’elle ne pouvait toutefois cerner précisément.
Nicholas la dévisageait avec curiosité, donnant
l’impression d’attendre une réponse. N’ayant ni la possibilité ni l’envie de
lui en fournir une, Cassandra reporta ostensiblement son attention sur le train
et s’arrêta net devant une des portières.
— Voici
notre voiture, annonça-t-elle.
Les Ward, Jeremy et Nicholas s’empressèrent de gagner le
compartiment réservé par la jeune femme, trop heureux d’échapper à la multitude
qui grouillait sur le quai et aux odeurs âcres de fumée, de vapeur, de suie et
de métal surchauffé qui emplissaient la gare. Cassandra s’apprêtait à monter
dans le train à son tour lorsqu’elle s’aperçut que Julian, cloué sur place,
fixait intensément un point situé près de la salle d’attente.
— Que
se passe-t-il, Julian ?
— J’ai
cru voir…
Il se troubla et n’acheva pas sa phrase. Un sourire
triste apparut sur ses traits et il secoua la tête d’un air résigné.
— Non,
c’est sans importance.
Afin de couper court à toute nouvelle question, il
gravit rapidement le marchepied, suivi par une Cassandra perplexe.
Ils n’étaient installés que depuis quelques minutes sur
les moelleuses banquettes rembourrées lorsque les portières claquèrent
au-dehors et qu’un coup de sifflet retentit. La locomotive expulsa un nuage de
vapeur qui noya le quai. Un employé cria quelque chose, mais sa voix se perdit
dans le grondement du train qui s’ébranlait. D’abord vacillant, il gagna peu à
peu de la vitesse, et bientôt les lumières de la gare disparurent, remplacées
par l’obscurité automnale de la campagne environnante.
Jeremy s’adossa à la banquette et soupira :
— Eh
bien, nous voilà partis, et Dieu seul sait ce qui nous attend en Ecosse.
Il s’interrompit car le train venait de subir un brutal
soubresaut. L’allure s’accéléra.
— Une
question me taraude, déclara-t-il à l’adresse de Cassandra. Par quel miracle
êtes-vous parvenue à mettre la main si facilement sur l’horloge de
Cylenius ?
Mal à l’aise, Andrew et Julian jetèrent un regard en
coin à leur amie. Nicholas pour sa part guettait sa réponse avec intérêt.
— Oh,
la façon dont je m’y suis prise n’a guère d’importance, repartit-elle d’un ton
léger qui ne trompa personne.
— Au
contraire, insista Jeremy en bon journaliste qui ne lâche pas son sujet, c’est
un véritable exploit ! Vous l’avez localisée avant le Cercle du Phénix…
Un silence contrarié suivit ces paroles, puis Megan
lança d’une voix claire et forte :
— Cet
exploit n’aurait-il pas un rapport avec ton glorieux passé, Cassandra ?
La jeune femme se raidit. Son visage se rembrunit et
elle fronça des sourcils agacés.
— Megan !
explosa Andrew, furieux.
Mais il était trop tard : la curiosité de Jeremy
était définitivement éveillée, et il avait de surcroît flairé une affaire louche.
— Quel
glorieux passé ? demanda-t-il, intrigué.
Tout le monde se tut. Megan avait baissé les yeux, regrettant
visiblement de s’être laissée emporter par sa rancœur.
Pugnace, Jeremy revint à l’assaut.
— Que
me cachez-vous ? questionna-t-il en dardant son regard dans celui de
Cassandra. Vous ne voulez pas répondre ? Comment pourrais-je avoir
confiance en vous si vous me mentez ?
Cassandra poussa un soupir excédé et déposa les armes.
—
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