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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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blanches, symboles du Mercure, un
chêne creux qui représente l’athanor, des couples unis dans des sphères
figurant les noces des deux principes opposés, le Soufre et le Mercure…
    Durant la demi-heure qui suivit, Dolem s’appliqua à
décrypter le symbolisme alchimique dissimulé dans les peintures de la
bibliothèque. Suspendus à ses lèvres, Julian et Cassandra examinaient d’un œil
neuf les toiles de maîtres dont la voyante leur fournissait successivement les
clés.
    —  L’alchimie…,
conclut Dolem d’un air pensif. L’art de fabriquer la pierre philosophale, ce
joyau inestimable… Une voie sur laquelle des milliers d’hommes se sont engagés
avec espoir et ferveur, mais que seule une infime minorité d’entre eux a pu
suivre jusqu’à son terme. Pour ces privilégiés, l’obtention de la pierre
récompensait les efforts acharnés d’une vie entière consacrée au Grand Œuvre…
    Un silence songeur suivit ces paroles. Julian, non sans
hésitation, le rompit le premier.
    —  Croyez-vous
sérieusement à l’existence de la pierre philosophale ?
    Il avait formulé sa question d’un ton prudent, désireux
de ne pas froisser son hôtesse, mais sans parvenir à masquer totalement son
scepticisme.
    —  Et
pourquoi pas ? repartit Dolem avec froideur en le fixant dans les yeux.
    Julian soutint sans ciller ce regard d’un bleu presque
transparent.
    —  En
mettant à jour la notion de corps simples, Lavoisier a démontré l’impossibilité
matérielle d’effectuer une transmutation…
    —  De
grands savants la jugeaient pourtant réalisable ! le coupa Dolem d’une
voix acérée. Des esprits positifs tels que Robert Boyle, Francis Bacon, Pic de
la Mirandole, Pascal, Spinoza ou encore Leibniz croyaient en la pierre
philosophale ! Et ignorez-vous qu’Isaac Newton, dont la contribution à la
science vaut bien celle de M. Lavoisier, a consacré le quart de ses écrits
à l’alchimie, qui était l’une de ses principales préoccupations ?
    —  Je
ne l’ignore pas, répliqua calmement Julian, et cela me conforte au contraire
dans mon opinion, car à ma connaissance Newton n’est jamais parvenu à effectuer
une transmutation métallique bien qu’il possédât absolument toutes les qualités
requises pour réussir. Si un esprit aussi éminent que le sien a échoué, qui
peut prétendre réaliser un tel prodige ?
    Dolem demeura silencieuse quelques instants, et
Cassandra crut lire sur ses traits une certaine admiration.
    —  Si
l’alchimie n’est qu’un tissu de sottises, reprit-elle avec lenteur, comment
expliquez-vous qu’elle ait touché toutes les classes sociales et se soit
développée sur l’ensemble des continents ? Elle était connue des
civilisations mésopotamienne, égyptienne, grecque, africaine, latine,
byzantine, arabo-persane, indienne, chinoise… Comment ces peuples auraient-ils
pu être amenés à parler et écrire tous conformément d’une chimère ? Un tel
mensonge aurait-il pu se perpétuer plus de trois mille ans sans jamais être
pris une seule fois en flagrant délit de fausseté ?
    —  Et
cependant, s’obstina Julian, vous ne pouvez nier que de nombreux charlatans
gravitaient dans les milieux alchimiques, et que la recherche de la pierre
philosophale a souvent servi de prétexte aux pires abominations…
    Une étincelle de colère brilla dans le pâle regard de
Dolem.
    —  Je
présume que vous voulez parler d’individus tels que le français Gilles de Rays,
déclara-t-elle d’une voix gonflée de mépris, ce compagnon d’armes de Jeanne
d’Arc affublé par la suite du sobriquet de « Barbe-Bleue », ce monstre
infâme qui souhaitait à tout prix posséder la pierre philosophale et l’élixir
de longue vie, et n’hésita pas pour cela à sacrifier plusieurs centaines de
jeunes enfants. Il va sans dire que cet homme ne peut être qualifié d’adepte,
de même que les charlatans que vous évoquez, ces misérables
« souffleurs » uniquement mus par la soif de l’or, ne sauraient être
confondus avec les véritables alchimistes qui s’adonnaient à la recherche de la
pierre philosophale non par cupidité mais pour l’amour de la science et de la
connaissance. Les souffleurs étaient des escrocs ignorants et grossiers, de
vulgaires « faiseurs d’or » ; ils ignoraient les théories de
l’art alchimique et s’efforçaient de les retrouver empiriquement en travaillant
à l’aventure, ce qui ne pouvait bien sûr que les

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