Le Cercle du Phénix
d’émeraude. Des exclamations résonnèrent derrière elle,
puis un coup de feu retentit, assourdissant dans l’espace confiné de la grotte,
aussitôt suivi par un deuxième. Megan poussa un cri. épouvantée, Cassandra
voulut rebrousser chemin pour rejoindre ses compagnons, mais une présence dans
son dos l’en dissuada. L’assassin du Cercle la suivait de près, l’obligeant à
poursuivre sa course folle dans les ténèbres. À un moment, elle vit de la
lumière sur sa droite et se précipita vers ce qu’elle espérait être l’issue du
souterrain. Ses espoirs furent déçus : elle se retrouva dans un cul-de-sac
éclairé par une large fissure dans la roche. Elle était prise au piège.
Le garçon aux cheveux blancs, qui ne semblait pas se
ressentir de sa blessure pourtant récente, déboucha dans la grotte à sa suite
et, sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, bondit vers elle et
d’un coup bien appliqué fit voler la boîte dans les airs. Elle heurta
bruyamment le sol et le jeune homme s’empressa de la ramasser sous le regard
furieux de son adversaire.
— Cassandra !
La voix de Julian résonna sous la voûte de la salle,
précédant de peu le lord qui surgit subitement dans la pièce. Il jeta un rapide
coup d’œil autour de lui, comme pour jauger la situation, puis se figea en
apercevant le garçon aux cheveux blancs. Celui-ci se statufia également, et ils
restèrent debout l’un en face de l’autre à se dévisager avec intensité, au
point que l’espace de quelques secondes Cassandra eut l’étrange sensation
d’être de trop. L’occasion était belle cependant et elle ne comptait pas la
laisser échapper. Profitant de l’inattention passagère de l’assassin, elle se
jeta sur lui et lui arracha le Triangle. Il parut alors sortir de la transe
dans laquelle l’arrivée de Julian l’avait plongé. L’air indécis, il hésita un
instant, puis, contre toute attente, il quitta la salle, rapide et furtif comme
une ombre, en abandonnant la boîte d’émeraude aux mains de Cassandra, mais non
sans avoir jeté un dernier regard à Julian.
Cassandra renonça à le poursuivre ; elle avait le
Triangle, c’était le principal. Toutefois, l’extraordinaire attitude du jeune
homme avait aiguisé sa curiosité, et elle jeta un coup d’œil inquisiteur à
Julian, persuadée qu’il détenait la clé de cette énigme.
— Que
s’est-il passé ? Ce garçon a perdu ses moyens lorsqu’il vous a vu.
— Je
l’ignore, répondit Julian à voix basse, je l’ignore…
Il semblait être en état de choc, ce qui ne fit qu’accroître la
perplexité de son amie. Décidément, Julian lui cachait quelque chose. À moins
que…
— Il
y a eu des coups de feu, s’affola-t-elle, quelqu’un a-t-il été blessé ?
Julian secoua la tête.
— Jeremy
a paniqué et tiré. Le garçon a riposté, mais par bonheur sa balle n’a fait qu’entailler le bras de Nicholas. Andrew s’occupe de
panser sa blessure.
Cassandra eut l’impression qu’on la soulageait d’un
grand poids.
— Dieu
merci, murmura-t-elle. Allons les rejoindre.
Nicholas se portait très bien, en effet. Il se montrait même
particulièrement virulent à l’encontre de Jeremy.
— Votre
imprudence aurait pu nous coûter la vie à tous, rugissait-il. La prochaine
fois, maîtrisez vos nerfs, de grâce !
— Désolé,
riposta Jeremy, le visage crispé, mais je n’ai pas l’habitude de me confronter
à des meurtriers !
— Vous
discuterez plus tard, les interrompit Cassandra. Le plus urgent est de sortir
d’ici.
Ils poursuivirent leur chemin et, après quelques
tâtonnements, découvrirent dans la dernière grotte un levier qu’Andrew
actionna. Un pan de la roche bascula alors grâce à un mécanisme rouillé et ils
se retrouvèrent dans la grande salle où ils avaient manipulé les globes
(Cassandra nota avec soulagement que le cadavre de l’homme de main du Cercle
avait disparu, sans doute emporté par ses comparses). De là, ils gagnèrent sans
difficulté leur point de départ et émergèrent à l’air libre près de l’arbre avec
un soupir de contentement.
Aucun membre du Cercle du Phénix n’était visible dans
les environs. Profitant de ce répit, ils se hâtèrent de quitter l’île.
Chapitre XII
Secoué par les cahotements de la voiture roulant sur les
pavés disjoints, Julian, l’esprit absent, regardait se dérouler derrière la
vitre le spectacle de la rue, très animée
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