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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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Julian nous a déclaré ne pas avoir
entendu le son de sa voix quand il était chez lui.
    —  Peut-être.
Il faudra qu’Andrew l’examine, lança la jeune femme en commençant à descendre
l’escalier.
    Arrivée en bas des marches, une irrésistible torpeur
s’abattit sur elle comme un coup de massue, estompant sa colère et
engourdissant ses membres. L’aube était levée depuis longtemps, et les
dernières heures avaient paru des siècles à Cassandra. Une seule envie la
rongeait à présent, celle de prendre du repos. Les paupières lourdes, Cassandra
gagna sa chambre et se laissa tomber sur le lit. Elle se tourna sur le côté et
s’endormit aussitôt.
     
    *
     
    Il règne dans la pièce obscure une étrange atmosphère.
Quelque chose de latent. Quelque chose d’angoissant.
    L’odeur de la mort.
    Elle hésite un instant sur le pas de la porte, une
chandelle à la main. La flamme vacille au rythme de ses tremblements.
    Elle se décide à entrer dans la chambre.
    Tout d’abord elle ne voit rien. Elle continue d’avancer,
si anxieuse qu’elle parvient à peine à respirer. Elle sait ce qui l’attend, ce
n’est pas la première fois qu’elle vit cette scène.
    Ses pieds nus entrent en contact avec un liquide tiède
et visqueux. Elle a un mouvement de recul. Ses yeux se portent craintivement
sur le sol. Elle s’agenouille pour mieux voir. Une sueur glacée inonde son
corps, sa longue chemise de nuit en linon colle à sa peau.
    Ils sont là, l’homme et la femme. Ils n’ont plus de
visage. Leur crâne a explosé sous l’impact des balles. Le pistolet,
négligemment jeté près des cadavres, brille d’un éclat métallique qui semble la
narguer. Le tapis est poisseux. La flamme de la bougie crée sur les murs des
ombres fantomatiques. L’odeur salée du sang fait palpiter ses narines.
    Elle se relève brusquement, mais ses jambes flageolantes
peinent à la soutenir. Un cri s’étrangle dans sa gorge, le sang bat
douloureusement à ses tempes. Elle veut faire demi-tour, s’enfuir en courant le
plus loin possible de cette maison. Elle n’y arrive pas. Son corps est paralysé
d’effroi.
    Derrière elle, un craquement trouble le silence. Elle se
retourne avec lenteur et se fige. Quelqu’un se tient dans l’embrasure de la
porte et l’observe en souriant dans la pénombre. C’est…
     
    *
     
    Cassandra se réveilla en sursaut, au bord de la nausée,
le corps inondé de sueur et le cœur battant la chamade.
    Toujours les mêmes rêves…
    Elle ne se rappelait pas avoir vécu ces événements, mais
ses songes paraissaient si réels… Etaient-ce des souvenirs comme elle le
redoutait par-dessus tout ? Et dans ce cas… qui avait tué ces gens ?
Elle-même… ou bien cette silhouette insaisissable qui traversait ses cauchemars
sans qu’elle pût jamais distinguer son visage… ?

Chapitre XIV
    L’antidote apporté par le garçon aux cheveux blancs fit
des miracles. En à peine six heures, Julian passa de l’état de moribond à celui
d’homme en relativement bonne santé.
    Quoiqu’encore un peu pâle et affaibli, il parvint à se
lever au cours de la journée. Les autres l’accueillirent dans le grand salon
avec une joie non feinte qui contrastait agréablement avec la tension de la
nuit. Le drame qu’ils venaient de vivre les avait soudés.
    —  Asseyez-vous,
Lord Ashcroft, dit Jeremy avec empressement en lui désignant un siège, et
racontez-nous ce qui vous est arrivé. Enfin, si vous vous en sentez capable,
bien entendu, ajouta-t-il, un peu confus.
    Julian le rassura d’un sourire et prit place dans le
fauteuil.
    —  Cela
devrait aller.
    Devant une assistance suspendue à ses lèvres, il relata
alors les instants qui avaient précédé sa perte de conscience. Il omit
toutefois d’évoquer sa visite au domicile du jeune homme aux cheveux blancs et
débuta directement son récit au moment où il l’avait vu dans Bread Street. Il
décrivit sa surprise quand l’assassin du Cercle du Phénix avait surgi dans la
rue sous ses yeux, et la manière dont il l’avait suivi jusqu’à la maison où se
trouvait l’homme qui avait tenté de l’éliminer. Il justifia sa conduite
hasardeuse par une curiosité effrénée, explication qui parut contenter son
auditoire, mais il savait pertinemment que les sentiments qu’il avait éprouvés
en apercevant le garçon étaient infiniment plus complexes.
    —  Et
voilà, conclut-il lorsqu’il eut achevé son récit. Je crois que j’ai de

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