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Le Cercle du Phénix

Le Cercle du Phénix

Titel: Le Cercle du Phénix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Carolyn Grey
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résonnait
lugubrement dans la nuit humide. Un brouillard épais tournoyait dans les rues
désertes de Richmond, donnant à Cassandra et Gabriel l’impression peu
enthousiasmante d’être seuls au monde tandis qu’ils arpentaient la ville. La
jeune femme avait été contrainte de mettre Julian au courant de leur échappée
nocturne – il n’aurait en effet pas manqué de s’apercevoir de l’absence de
Gabriel – mais sans lui préciser qui en était l’instigateur. Elle s’était
en revanche abstenue de prévenir les autres, se conformant ainsi à l’injonction
de Charles Werner.
    Plus de deux heures s’étaient écoulées depuis leur
départ du manoir Jamiston. Cassandra suivait Gabriel le long de ruelles que
quelques réverbères ceints de volutes brumeuses n’éclairaient qu’avec
parcimonie. Bien que censé connaître le lieu du rendez-vous, le jeune homme
semblait remarquablement ignorant du plus court chemin pour s’y rendre. Il ne
cessait de revenir sur ses pas et Cassandra, de plus en plus impatiente, constata
à plusieurs reprises qu’ils tournaient en rond. Ils passèrent devant une petite
église dont le clocher sonna onze coups assourdis puis sortirent enfin de la
ville pour se diriger vers Richmond Hill. Les maisons s’espacèrent peu à peu
jusqu’à disparaître, et le froid se fit plus intense encore. À ce moment, les
nuages qui obscurcissaient le ciel se dissipèrent, et la pleine lune apparut,
recouvrant le paysage d’une lumineuse étole argentée.
    Après moult détours et hésitations, Gabriel arrêta enfin
son cheval devant une grille entrouverte dont la partie supérieure était ornée
d’un treillis soigneusement peint. Il mit pied à terre, aussitôt imité par
Cassandra qui franchit la grille à sa suite avec un soupir de soulagement et
entreprit d’examiner les alentours d’un œil critique. Elle n’aurait su dire à
quoi elle s’attendait exactement, mais le lieu de la rencontre était loin
d’être aussi sinistre qu’elle se l’était imaginé. Nichée au cœur d’un jardinet
bien entretenu et entourée de hauts murs de briques qui la protégeaient des
regards indiscrets, la coquette maisonnette blanche aux volets pimpants et au
toit à pignons qui se dressait devant elle respirait plutôt la douceur et la
tranquillité.
    Lanternes à la main, ils traversèrent le jardin immobile
bordé d’arbustes et de bosquets pour gagner la maison. Il leur fallut avancer
avec prudence car les pierres du sentier étaient recouvertes d’une couche de
givre qui le rendait dangereusement glissant. Arrivé à la porte, Gabriel frappa
trois coups brefs et entra sans attendre de réponse, suivi par Cassandra.
    « Voici venu le moment de vérité », songea
celle-ci, la main posée sur la crosse de son pistolet.
    Deux petites lampes aux abat-jour à glands dorés,
placées sur des guéridons drapés de dentelles, répandaient une lumière tamisée
dans le couloir d’entrée. Gabriel s’arrêta là, en proie à une répugnance
manifeste. Il n’avait visiblement pas l’intention d’aller plus loin.
    Cassandra hésita une seconde, puis se dirigea seule vers
une pièce brillamment éclairée sur la gauche dont émanait un arôme mêlé de thé,
de sherry et de tabac. Sa surprise monta d’un cran lorsqu’elle pénétra dans ce
qui s’avérait être le salon. Les meubles nombreux et confortables, les
aquarelles anglaises aux couleurs tendres suspendues aux murs, les vases de
fleurs fraîches posés sur des napperons brodés, les boiseries de chêne blond,
le lapis moelleux et les tentures bleu pâle, tout concourait à baigner la pièce
dans une atmosphère chaleureuse et accueillante. Un homme de haute taille lui
tournait le dos, posté devant une belle cheminée de marbre blanc où brûlait un
feu clair. Il pivota à son entrée, et Cassandra se retrouva face à Charles
Werner, dont l’expression glaciale et résolue offrait un contraste saisissant
avec le décor douillet au milieu duquel il se tenait.
    Cassandra n’avait encore jamais rencontré Werner, mais
elle le reconnut immédiatement grâce à la description que Julian en avait
fournie. Le chef du Cercle du Phénix la toisa de la tête aux pieds, d’un regard
pénétrant qui l’agaça d’emblée.
    —  Vous
êtes en retard, dit-il d’un ton peu amène. Où est-il ?
    —  Si
vous parlez de votre homme de main, il attend dans le couloir, rétorqua la
jeune femme tout aussi fraîchement.
    Werner parut

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