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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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faire !
    Les cinq jeunes gens affrontaient cinq
adversaires aguerris. On leur avait donné de vraies haches en leur disant de
briser le mur de boucliers qui leur faisait face.
    Cinq boucliers superposés défendus par des
massues, et Clapa sourit en voyant Finan approcher.
    — Voici ce qu’il faut faire, expliqua
celui-ci. Il faut accrocher le haut du bouclier avec la hache. Est-ce si
difficile ? Ensuite, il faut tirer pour abaisser le bouclier, et laisser
son compagnon tuer celui qui est derrière. Nous allons le faire lentement, Clapa,
et cesse de sourire.
    Ils montrèrent le mouvement avec une lenteur
ridicule.
    — Voilà, dit Finan à Osferth quand le
corps de Clapa fut découvert. C’est comme cela qu’on brise un mur de boucliers.
Maintenant, pour de vrai, Clapa.
    Clapa sourit de nouveau, ravi de l’occasion de
flanquer à Finan un coup de massue. Finan recula, se lécha les lèvres, puis il
frappa comme l’éclair. Mais Clapa inclina le bouclier pour que la hache dérape
sur sa surface, tout en poussant sa massue sous le bouclier pour frapper Finan
à l’entrejambe.
    C’était toujours un plaisir de voir l’Irlandais
se battre. Je n’ai jamais connu homme plus vif avec une lame. Je pensais que le
coup de Clapa plierait Finan en deux et qu’il s’écroulerait dans l’herbe, mais
il esquiva, saisit le bas du bouclier, le souleva d’un geste sec, et le bord
gainé d’acier cogna Clapa en plein visage. Clapa tituba en arrière, le nez
ensanglanté. Finan lui arracha sa hache et s’en servit pour crocher la cheville
de Clapa. Il tira et Clapa tomba à la renverse.
    — Ce n’est pas ce que je voulais te
montrer, dit-il en souriant à Osferth, mais cela marche tout autant.
    — Tu n’aurais pas pu si tu avais porté un
bouclier, se plaignit Clapa.
    — Cette chose que tu as sur la face, Clapa,
qui bouge et où tu enfournes à manger, garde-la close.
    Il lança la hache à Osferth qui la manqua et
la laissa tomber dans une flaque.
    Le printemps était devenu humide. La pluie
tombait, la rivière gonflait et il y avait de la boue partout. Bottes et
vêtements pourrissaient. Le peu de grain qui nous restait germait et j’envoyais
mes hommes chasser ou pêcher. Les premiers veaux étaient nés dans ce monde
détrempé. Chaque jour, je pensais qu’Alfred arriverait pour inspecter les
progrès de Coccham, mais en ces jours maussades il restait à Wintanceaster. Il
manda bien un messager, un prêtre blême porteur d’une lettre cousue dans une
peau d’agneau graissée.
    — Si tu ne peux la lire, seigneur, osa-t-il
alors que je fendais la bourse, je peux…
    — Je sais lire, grondai-je.
    C’était vrai. Ce n’était pas une prouesse dont
je tirais fierté, car seuls moines et prêtres ont vraiment besoin de ce savoir,
mais le père Beocca m’avait inculqué l’alphabet à coups de badine dans mon
enfance et ses leçons s’étaient révélées utiles. Alfred avait décrété que tous
ses seigneurs devaient savoir lire, pas seulement pour qu’ils puissent
péniblement déchiffrer les évangiles qu’il persistait à leur envoyer comme
présents, mais aussi pour qu’ils puissent déchiffrer ses messages.
    Je pensais que la missive me donnerait des
nouvelles d’Æthelred, m’expliquerait peut-être pourquoi il prenait autant de
temps à amener ses hommes à Coccham, mais elle m’ordonnait seulement d’emmener
un prêtre pour chaque trentaine d’hommes qui marcheraient sur Lundene.
    — Je dois faire cela ? demandai-je à
haute voix.
    — Le roi se soucie des âmes des hommes, seigneur,
répondit le prêtre.
    — Il veut donc que j’emmène des bouches
inutiles à nourrir ? Dis-lui de m’envoyer du grain et je prendrai ses
maudits prêtres.
    La lettre avait été écrite par l’un des
fidèles clercs du roi, mais en bas figurait une ligne tracée de la main d’Alfred :
« Où est Osferth ? Il doit rentrer ce jour. Renvoie-le-moi avec le
père Cuthbert. »
    — Tu es le père Cuthbert ? demandai-je
au prêtre.
    — Oui, seigneur.
    — Eh bien, tu ne peux ramener Osferth. Il
est malade.
    — Malade ?
    — Comme un chien, et il va probablement
mourir.
    — Mais il m’a semblé le voir, objecta le
prêtre en désignant la prairie où Finan entraînait ses hommes. Vois ! ajouta-t-il,
ravi de m’aider.
    — Ha toutes les chances de mourir, répétai-je.
    Le père Cuthbert voulut répondre, mais se tut
en voyant mon regard.
    — Finan ! criai-je, attendant que

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