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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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pu être la fin de la
négociation si Æthelred n’était pas arrivé à son tour sur le pont en exigeant
qu’on le laisse passer. Erik me jeta un regard interrogateur.
    — C’est lui qui commande ici, dis-je.
    — Il me faudra alors sa permission pour
partir ?
    — Oui.
    Erik ordonna qu’on laisse passer Æthelred, qui
s’avança sur le pont avec son habituelle outrecuidance, seulement accompagné d’Aldhelm,
le commandant de sa garde. Il ignora Erik et me toisa.
    — Tu imagines pouvoir négocier pour moi ?
    — Non.
    — Alors que fais-tu ici ?
    — Je négocie pour moi-même. Voici le
comte Erik Thurgilson, dis-je en anglois. Et voici l’ealdorman de Mercie, le
seigneur Æthelred, poursuivis-je en danois.
    Erik s’inclina légèrement, mais en pure perte.
Æthelred balaya le pont du regard et compta les hommes qui s’y étaient réfugiés.
    — Ils sont peu, dit-il. Qu’ils meurent
tous.
    — Je leur ai déjà proposé la vie sauve, répondis-je.
    — Nous avions ordre de capturer Sigefrid,
Erik et Haesten, et de les livrer au roi Æthelstan.
    Je vis Erik écarquiller les yeux. Apparemment,
il savait l’anglois.
    — Désobéirais-tu à mon beau-père ? me
défia-t-il, comme je ne répondais pas.
    — Tu peux les combattre ici si tu le
désires, répondis-je en me contenant. Et tu perdras bien des hommes de valeur. Trop.
Tu peux les acculer ici, mais à l’étale un navire viendra les sauver. Tu peux
aussi débarrasser Lundene de leur présence, et c’est ce que j’ai décidé.
    Aldhelm ricana à ces mots, sous-entendant que
j’avais choisi la solution des couards. Je le défiai du regard, mais il ne se
détourna pas.
    — Tue-les, seigneur, dit-il à Æthelred
sans me quitter des yeux.
    — Si tu désires les affronter, c’est ton
droit, mais je n’y aurai point part.
    Un instant, je vis qu’Æthelred et Aldhelm
étaient tentés de m’accuser de lâcheté. Mais devant mon expression, ils se
ravisèrent.
    — Tu as toujours adoré les païens, ricana
Æthelred.
    — Je les aime tant, répliquai-je en
désignant la chaussée de planches brisée du pont, que j’ai fait passer deux
navires par la brèche pendant la nuit. Que j’ai pénétré dans la ville avec mes
hommes, mon cousin, que je me suis emparé de la porte de Ludd et que j’ai dû y
mener un combat comme jamais je ne désire en connaître à nouveau, et que j’y ai
tué maints païens pour ton compte. Oui, je les adore.
    Æthelred considéra la brèche, où l’eau s’engouffrait
en bouillonnant avec une telle force que la chaussée tremblait et que l’air
était rempli de son grondement.
    — Ton ordre n’était nullement de venir
par navire, s’indigna-t-il, redoutant visiblement que mon action le prive de la
gloire dont il espérait se draper comme vainqueur de Lundene.
    — J’avais ordre de m’emparer de la ville,
et la voici ! rétorquai-je en désignant la fumée qui flottait au-dessus du
tumulte de cris. Voici ton présent de noces, me moquai-je en m’inclinant.
    — Et non seulement la cité, mais tout ce
qu’elle recèle, seigneur Æthelred, ajouta Aldhelm.
    — Tout ? interrogea. Æthelred, qui n’en
croyait pas sa bonne fortune.
    — Tout, répéta Aldhelm avec une
expression cupide.
    — Et si tu dois en remercier quelqu’un, ajoutai-je
aigrement, que ce soit ton épouse.
    Æthelred se retourna brusquement et me fixa en
ouvrant de grands yeux, incrédule et furieux, comme si je venais de le frapper.
    — Mon épouse ? finit-il par demander.
    — N’eût été Æthelflæd, expliquai-je, nous
n’aurions pu prendre la ville. Elle m’a donné des hommes la nuit dernière.
    — Tu l’as vue la nuit dernière ? s’étonna-t-il.
    — Bien sûr ! répondis-je en me
demandant s’il était idiot. Nous sommes retournés à l’île pour embarquer sur
les navires ! Elle était là et a enjoint à tes hommes de se joindre à nous.
    — Et elle a fait prêter serment au
seigneur Uhtred, ajouta Pyrlig, de défendre ta Mercie, seigneur Æthelred.
    Æthelred l’ignora. Il posait sur moi des yeux
chargés de haine.
    — Tu es monté sur mon navire et tu as vu
mon épouse ? articula-t-il en s’étranglant de fureur.
    — Elle est descendue à terre avec le père
Pyrlig.
    Je ne faisais que relater les faits en
espérant qu’Æthelred admirerait son épouse pour son initiative, mais à peine
eus-je parlé que je compris que j’avais commis une erreur. Je crus un

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