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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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encore des traces de sang. Steapa m’accompagna sur l’ Aigle-des-Mers et me raconta ce qui s’était passé sur la Sture.
    La victoire avait en fait été magnifique. La
flotte d’Æthelred avait surpris les Vikings qui préparaient leur camp sur la
rive sud.
    — Nous sommes arrivés à l’aube, dit-il.
    — Vous êtes restés en mer toute la nuit ?
    — Sur l’ordre du seigneur Æthelred.
    — C’est courageux.
    — La nuit était calme, répondit Steapa sans
émotion. Et à l’aube, nous avons trouvé leurs seize navires.
    — Échoués ?
    — À l’ancre.
    Cela indiquait que les Danes voulaient pouvoir
faire voile à tout moment sans se soucier de la marée, mais aussi qu’ils ne
pouvaient les défendre, puisque les équipages étaient pour la plupart à terre
en train d’élever des remblais de terre pour édifier le camp. La flotte d’Æthelred
avait rapidement fait leur affaire aux quelques hommes restés à bord, puis les
grosses pierres encordées qui servaient d’ancre avaient été levées, et les
seize navires remorqués jusqu’au rivage nord et échoués.
    — Il voulait les garder là-bas jusqu’à la
fin et les ramener, expliqua Steapa.
    — La fin ?
    — Il voulait tuer les païens avant de
partir.
    Steapa expliqua que la flotte d’Æthelred avait
remonté la Sture jusqu’à son affluent, l’Arwan, et débarqué des hommes pour
incendier les demeures danes, massacrer le bétail et, si possible, les Danes
eux-mêmes. Les Saxons avaient provoqué la panique et fait fuir leurs
adversaires, mais Gunnkel, privé de navires dans son campement à l’embouchure
de la Sture, n’avait pas pris peur.
    — Vous n’avez pas attaqué le camp ?
    — Le seigneur Æthelred le disait trop
bien protégé.
    — Ne m’as-tu pas dit qu’ils ne l’avaient
pas encore achevé ?
    — Il manquait la palissade, au moins sur
un côté. Nous aurions pu entrer et les tuer, mais nous aurions perdu beaucoup
de nos hommes.
    — En effet, admis-je.
    — Alors nous avons attaqué les fermes.
    Pendant ce temps, Gunnkel avait dépêché des
messagers au sud sur les rivières de la côte d’Estanglie où se trouvaient d’autres
camps vikings pour demander des renforts.
    — J’ai dit au seigneur Æthelred de partir,
dès le deuxième jour. Je trouvais que nous étions restés trop longtemps.
    — Il ne t’a pas écouté ?
    — Il m’a traité d’imbécile.
    Æthelred, voulant amasser du butin, était
resté sur la Sture et ses hommes lui avaient rapporté tout ce qu’ils trouvaient
de valeur, des marmites aux couteaux.
    — Il a trouvé de l’argent, mais peu, dit
Steapa.
    Et pendant qu’Æthelred perdait son temps à
chercher à s’enrichir, les loups s’étaient rassemblés.
    Des navires danes étaient arrivés du sud. Ceux
de Sigefrid venaient de Beamfleot, rejoignant d’autres venus des embouchures de
la Colaun, de la Hwealf et de la Pant. Je connaissais assez ces rivières pour
imaginer les rapides et minces navires glissant entre les bancs de vase, leurs
proues ornées de figures féroces et leurs flancs remplis d’hommes en armes
assoiffés de vengeance.
    Les navires danes s’étaient réunis près de l’île
de Horseg, dans la vaste baie au sud de la Sture. Puis, un matin gris, sous une
averse venue du large et par une marée renforcée par la pleine lune, trente-huit
navires avaient surgi de l’océan et pénétré dans la Sture.
    — C’était un dimanche, raconta Steapa, et
le seigneur Æthelred a tenu à ce que nous écoutions un sermon.
    — Cela fera plaisir à Alfred, ironisai-je.
    — C’était sur le rivage où étaient
échoués les navires danes.
    — Pourquoi là ?
    — Parce que les prêtres voulaient chasser
les mauvais esprits des bateaux.
    Il me raconta que les figures de proue avaient
été entassées sur un bûcher sur la grève et qu’il y avait été mis le feu
pendant que les prêtres priaient. Dragons, aigles, corbeaux et loups avaient
brûlé tandis que les prêtres chantaient la victoire sur les païens et que
personne ne remarquait les silhouettes noires qui se profilaient dans la bruine.
    Je ne puis qu’imaginer la terreur, la fuite et
le massacre. Des Danes armés d’épées, de lances et de haches. Si tant des
nôtres en avaient réchappé, c’est que bien plus encore tombaient. Les Danes
étaient si occupés à massacrer qu’ils n’avaient pas eu le temps d’atteindre les
fuyards. D’autres navires attaquaient la flotte

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