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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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observa l’Irlandais.
    — Nous ne pouvons combattre six équipages.
    — Ils ont dressé leur camp, d’après toi ?
    L’idée était déplaisante. C’était suffisamment
ennuyeux que les navires de Sigefrid soient passés du côté nord de l’estuaire
sans devoir subir un autre nid de serpents sur l’autre rive.
    — Non, dis-je en touchant mon amulette, car
j’avais eu pour une fois l’œil plus aigu que le sien.
    — Quoi ? interrogea Finan, qui avait
surpris mon geste.
    — Le navire de bâbord, c’est le Rodbora.
    J’avais aperçu la croix qui ornait sa proue.
    Finan resta un moment interdit. Six navires, pas
davantage, alors que quinze avaient quitté Lundene.
    — Par le Christ, dit-il finalement en se
signant. Les autres ont peut-être remonté la rivière ?
    — Nous l’aurions vu.
    — Ou bien ils suivent.
    — J’espère que tu ne te trompes pas, sinon,
c’est que nous avons perdu neuf navires.
    — Seigneur, non.
    Nous approchions. À terre, voyant la tête d’aigle
de ma proue, quelques-uns des hommes s’enfuirent tandis que d’autres faisaient
un mur de boucliers.
    — C’est Steapa, dis-je en apercevant le
colosse au centre du mur.
    J’ordonnai qu’on enlève la tête d’aigle, puis
je me présentai les bras écartés pour annoncer que je venais en paix. Steapa me
reconnut. Les boucliers s’abaissèrent et un instant plus tard, l’ Aigle-des-Mers s’échouait à son tour.
    Je sautai dans l’eau qui m’arrivait à la
taille et pataugeai jusqu’au rivage. Il devait y avoir au moins quatre cents
hommes à terre, bien trop pour six navires seulement, et je vis que certains
étaient blessés et allongés. Des prêtres les soignaient et je distinguai, sur
le sommet des dunes, des croix plantées dans des tombes fraîchement creusées.
    — Qu’est-il advenu ? demandai-je à
Steapa qui m’accueillit, l’air grave.
    Il désigna Æthelred assis devant un feu où
bouillonnait une marmite. Il était avec ses compagnons habituels, dont Aldhelm,
qui m’accueillit d’un air maussade. Tous se taisaient. Æthelred continua de
tripoter une algue sans prendre la peine de lever le nez.
    — Où sont les neuf autres navires ? demandai-je
en arrivant auprès de lui.
    Il leva la tête, comme surpris de me voir.
    — Bonne nouvelle, sourit-il. Nous avons
remporté une grande victoire.
    — Une victoire magnifique, renchérit
Aldhelm.
    Je vis que le sourire d’Æthelred était forcé.
    — Gunnkel, expliqua-t-il difficilement, a
appris la puissance de nos épées.
    — Nous avons brûlé leurs vaisseaux !
clama Aldhelm.
    — Et fait grand massacre, ajouta Æthelred,
le regard brillant d’excitation.
    — Tu es parti avec quinze navires, répondis-je
en contemplant les blessés qui jonchaient le rivage et les rescapés qui
baissaient la tête.
    — Nous avons brûlé leurs navires, répéta Æthelred
d’un ton presque larmoyant.
    — Où sont les autres navires ? demandai-je.
    — Nous nous sommes arrêtés là, expliqua-t-il,
comme s’il croyait que je lui reprochais d’avoir décidé d’échouer les navires, parce
que nous ne pouvions pas ramer à contre-marée.
    — Les neuf autres navires ? répétai-je.
(Il ne répondit rien et je continuai de scruter le rivage sans voir ce que je
cherchais. Je me tournai vers Æthelred, qui avait de nouveau baissé la tête, et
je posai la question dont je redoutais tant la réponse :) Où est ton
épouse ? (Silence.) Où est Æthelflæd ? répétai-je en haussant le ton.
    — Elle a été prise, dit-il d’une petite
voix.
    — Comment ?
    — Elle est prisonnière.
    — Par le Christ ! jurai-je en
imitant Finan.
    Je n’en croyais pas mes oreilles, mais tout
autour de moi prouvait que la magnifique victoire d’Æthelred n’était en fait qu’une
désastreuse défaite. Neuf navires avaient disparu, mais nous pouvions les
remplacer, tout comme la moitié des soldats qu’il avait perdus. Mais qui
remplacerait la fille d’un roi ?
    — Qui l’a prise ? interrogeai-je.
    — Sigefrid, marmonna-t-il.
    Voilà qui expliquait la disparition des navires
de Beamfleot.
    Et Æthelflæd, la douce Æthelflæd à qui j’avais
prêté serment, était captive.
    Nos huit navires
profitèrent de la marée montante pour regagner Lundene. En ce soir d’été
limpide, l’énorme soleil rouge s’attardait sur l’horizon voilé de fumée
au-dessus de la ville. Æthelred voyagea sur le Rodbora dont les flancs
portaient

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