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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ourlées d'une barbe naissante, ses lèvres gourmandes et ses cheveux empesés de sueur.
    — Ces manières de soudard sont le résultat de ma faiblesse, commença-t-il.
    — Votre faiblesse ? Vous vous conduisez comme un pourceau, messire, et vous parlez de faiblesse quand j'attends des excuses ! gronda Philippine, qui ne décolérait pas d'avoir été enlacée comme une servante.
    Laurent de Beaumont courba la nuque, penaud. L'espace d'un instant, il s'était souvenu de la jouvencelle avec laquelle il avait ri au long de ses visites à sa tante. Une jouvencelle gaie, riche d'esprit et d'espoir, nourrie d'attente et de promesses, disposée mieux qu'une autre et malgré le lieu aux mystères de l'amour. Une jouvencelle qu'il avait respectée jusqu'à ce qu'elle minaude sous les frondaisons du verger, le dressant contre son rival. Il se rendait compte qu'en place de l'avoir guéri, son attitude ne l'avait rendue que plus désirable, comme une fleur vénéneuse dont la beauté fascine au point de la cueillir et d'en mourir. L'espace d'un instant, il l'avait désirée si fort qu'il avait refusé de la voir flétrie. La vérité était là pourtant. Philippine de Sassenage avait changé. Elle ressemblait davantage à une moniale qu'à l'impertinente qu'il avait eu envie de posséder passionnément.
    — Pardonnez-moi, implora-t-il. Vous avez raison, je n'ai pas d'excuses.
    — Je vous pardonne, si vous me jurez de ne plus recommencer. Ni maintenant ni jamais.
    — Sans votre permission jamais, accepta-t-il, car je vous aime, Phi… Hélène, je vous aime à me damner. Épousez-moi et je promets de passer mes jours à vous chérir mieux qu'un autre ne le ferait.
    Philippine soupira. Elle préférait finalement que ce fût lui qui abordât le sujet, car elle n'aurait su comment l'amener.
    — C'est impossible, messire, je suis navrée.
    Laurent de Beaumont se durcit :
    — Douteriez-vous de ma flamme ?
    — Comment le pourrais-je alors qu'elle a failli vous brûler ? J'en suis responsable, je le sais. Mon inconséquence doublée du péché d'orgueil qui me fit me réjouir de votre jalousie…
    — Philibert de Montoison et moi avions d'autres sujets de querelle avant que nous ne soyons rivaux, coupa Laurent de Beaumont. Je n'aime pas ses manières. C'est un Hospitalier certes, mais il est suffisant et à mon sens indigne des vœux qu'il a prononcés. Par deux fois déjà, alors que j'étais au service du dauphin, il m'a bousculé, prenant plaisir à mon ridicule. Hors la présence de notre prince, je l'aurais provoqué pour en demander réparation. Ne vous accablez pas, ma douce, tôt ou tard, nous nous serions frottés, et, Dieu me pardonne, je le préférerais trépassé que guéri et me réjouis de le voir agoniser.
    Loin de rassurer Philippine, cette dernière confidence la mortifia :
    — Vous ne pouvez songer à pareille chose. Et en ce lieu…
    — Il y a bien pire pour le salut de mon âme, Hélène, car je ne pense qu'à vous, nuit et jour. Et cet amour nourrit ma haine à son égard, car la seule pensée qu'il puisse vous courtiser encore et vous posséder enfin me rend fou.
    Philippine se leva, effarée.
    — Jurez-moi, Laurent, de ne rien tenter contre lui.
    — Me croyez-vous assez lâche pour l'achever dans son sommeil ? s'indigna Laurent de Beaumont en s'écartant de son oreiller pour se redresser plus encore, au mépris de la douleur qui lui poignarda les côtes.
    — Certes, non, s'adoucit Philippine. Recouchez-vous, je vous en prie. Le sang quitte votre visage et je m'en voudrais d'être la cause une nouvelle fois de votre malaise.
    Il obtempéra, car, de fait, le souffle lui manquait. Il se prit à tousser et Philippine se précipita pour remplir un gobelet d'eau. Elle le fit boire entre deux quintes, l'autre main soutenant sa nuque, inquiète du sifflement dans ses bronches.
    — Nous reprendrons cette conversation plus tard, voulez-vous ? demanda-t-il, les traits tirés.
    — J'en doute, lui assena-t-elle en s'écartant.
    Elle attendit qu'il se fût recouché pour ajouter :
    — J'étais venue vous faire mes adieux. Je rentre chez mon père tantôt.
    — Un malheur aurait-il frappé les vôtres ?
    — Il est venu par votre épée et me condamne au regard de cette communauté. Je la quitte donc, plus tôt qu'il n'était prévu. Mais pas avant d'avoir obtenu votre promesse que, quoi qu'il advienne, jamais plus vous ne mettrez votre vie en péril au nom d'un attachement que je

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