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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vœux. Fort de ce constat, il s'était assuré que sœur Albrante était occupée à la préparation de ses remèdes, tâche qui la retenait dans l'office après none, et avait rejoint sœur Marie auprès de Philibert de Montoison. Quelques mots choisis et la jouvencelle lui avait fondu dans les bras, si troublée de sa cour qu'elle en avait perdu le sens des usages. Il l'avait acculée à la paroi de pierre, le dos tourné au chevalier, tout en surveillant le restant de la pièce par le discret espace qui détachait légèrement la courtine du mur.
    — Seigneur Jésus ! s'exclama de nouveau Marie avant de se tortiller, le corps tendu.
    Laurent de Beaumont sentit qu'elle lui échappait, sans doute ramenée à la raison par quelque sursaut de conscience, et s'en enragea.
    — Je n'en puis plus, ma douce, laisse-toi faire, feula-t-il contre son oreille, dégrafant à la hâte les boutons de sa brayette.
    — Pas devant lui, oh ! non, pas devant lui. Il s'éveille, baron… Je ne saurais… implora-t-elle en le repoussant à pleines mains.
    Elle se débattit avec tant de force qu'il jugea plus prudent de s'écarter avant qu'elle ne crie. La colère au cœur, il la laissa se jeter au-devant de Philibert de Montoison, bien décidé à la prendre fût-elle agenouillée à son chevet, avant de s'apercevoir à l'attitude du chevalier qu'elle disait vrai. L'ardeur de Laurent de Beaumont retomba aussitôt dans ses braies.
    — Monsieur de Montoison… Messire ! M'entendez-vous ? implorait à présent sœur Marie.
    Laurent de Beaumont se rajusta, couvrit d'un œil noir la pitoyable résurrection de son rival et disparut derrière la courtine. Il avait besoin d'air pour calmer l'envie de meurtre qui le reprenait.
     
    Bien qu'il eût du mal à reconnaître le son assourdi de cette voix, Philibert de Montoison, tout à son délire enfantin, était certain que ces doigts qui tentaient d'arracher les siens étaient ceux de sa mère. Il plissa plus fort les paupières, fronça le nez, tordit la bouche et s'appliqua autant qu'il put à lui résister. Ce que voyant et ne sachant que faire, la jouvencelle l'abandonna à son rêve comme elle avait laissé Laurent de Beaumont à ses fantasmes et s'en fut en courant quérir de l'aide.
     
    D'humeur morose, sœur Albrante brassait distraitement une décoction de plantes médicinales dans un petit chaudron placé au-dessus de l'âtre. Elle sursauta en entendant la porte s'ouvrir à la volée et s'écarta vivement du foyer pour protéger le bas de son scapulaire de toute projection d'étincelles, ravivées par l'appel d'air. Sa cuillère au long manche de bois à la main, elle se retourna, contrariée, et avisa la jouvencelle qui reprenait son souffle, une main sur la poitrine. La tunique de travers. Décoiffée.
    — En voilà une façon de se présenter, sœur Marie ! Ne vous a-t-on pas appris à frapper ?
    — Si fait, ma sœur, si fait, s'excusa à peine la novice, le souffle raccourci par sa course autant que par l'émotion.
    — Alors quoi ? bougonna Albrante qui, depuis le départ de Philippine, avait quelque difficulté à retrouver son allant.
    L'affectation de Marie pour la remplacer n'avait rien arrangé, au contraire. Elle n'était pas dupe du manège de Laurent de Beaumont auprès d'elle, trop jolie et vulnérable. Sœur Albrante était d'une nature tolérante, mais les limites de la bienséance comme celles de sa patience seraient bientôt dépassées.
    — C'est Philibert de Montoison, je crois qu'il est réveillé, finit par lâcher Marie d'un trait.
    — Vous croyez ? reprit Albrante, sceptique.
    — J'en suis sûre, affirma la jouvencelle en bombant le torse devant l'importance de sa responsabilité.
    — Soit, lui accorda l'infirmière pour ne pas la vexer. Où est Laurent de Beaumont ?
    Un fard empourpra les joues de la novice.
    — Il prend le frais, je crois, dit-elle.
    Albrante soupira. Cupidon n'avait-il rien de mieux à faire que de troubler ainsi le cœur de cette abbaye ? Elle posa sa cuillère dans un pot de terre cuite qui en contenait d'autres sur une étagère et s'avança vers Marie, qui n'avait pas bougé, écarlate du souvenir indécent des caresses qu'on lui avait prodiguées.
    — Vous croyez beaucoup, mais visiblement pas autant qu'il le faudrait pour consacrer votre vie au Seigneur.
    La jouvencelle baissa les yeux, gênée.
    — Je vous assu…
    — Silence. Mentir vous couvrirait d'un péché supplémentaire, la coupa

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