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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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l'infirmière.
    La jouvencelle se mit à trembler et Albrante la sentit prête à fondre en sanglots. Adoucie, elle se planta devant elle et la prit par les épaules
    — Rien d'irréparable ?
    La novice secoua la tête.
    — Laurent de Beaumont partira demain. Il est bien assez remis pour voyager. Je le tiens pour seul responsable et ne dirai donc rien à la mère supérieure de votre complicité. Je vous laisse le soin de signifier vous-même à celle-ci votre décision de quitter la vie religieuse.
    — Est-ce nécessaire ? se lamenta Marie en relevant le nez.
    — Ce n'est pas une punition, mon enfant. J'ai deviné dès votre arrivée chez nous il y a six mois que votre piété était conditionnée par le souhait de vos parents. Aussi, je ne veux pas croire que l'exemple de Philippine soit la cause de vos débordements.
    — Je ne saurais l'accuser, lui accorda la jouvencelle.
    — Bien. J'appuierai de mon sentiment les arguments que vous donnerez à l'abbesse. Mais, jusqu'à son départ je vous interdis d'approcher de ce diable.
    Marie en pâlit de regret tout en acquiesçant du menton.
    — À présent que cela est réglé, racontez-moi donc quel tour vous a joué ce chevalier qui parle en son étrange sommeil.
    — Mais il n'a pas parlé, corrigea Marie, comprenant qu'Albrante ne l'avait pas crue.
    — Ah non ? Et qu'a-t-il fait cette fois ?
    Le temps d'étouffer dans les rares et longs poils noirs de son menton le juron qui faillit lui échapper à peine le récit de la jouvencelle achevé, Albrante se précipitait vers Philibert de Montoison, sa curiosité aux aguets.
    Elle le trouva redressé contre son oreiller et les yeux ouverts qui roulaient d'un mur à l'autre. Ils s'arrêtèrent sur elle comme elle déboulait par la courtine relevée, Marie sur ses talons.
    — Par tous les saints du paradis, c'était donc vrai ! s'exclama-t-elle en ébauchant un signe de Croix sur sa poitrine.
    Un sourire léger affranchit les traits pâles de l'homme tandis que, mue par un réflexe conditionné, Albrante s'approchait déjà pour lui prendre le pouls à la carotide.
    — Il me semble, ma sœur, que ma barbe a poussé, lui dit-il en portant son autre main à sa joue. Quel jour sommes-nous ?
    — Quinze de plus que celui où vous vous êtes accroché avec Laurent de Beaumont. Vous en souvenez-vous ?
    Le front du chevalier se plissa.
    — Le 16 août donc, compta-t-il, visiblement ennuyé.
    — Vous souvenez-vous du duel, messire ? insista Albrante en lui soulevant une paupière pour mieux juger des mouvements et de la blancheur de l'œil.
    — Et de Philippine tout autant.
    — En ce cas, se réjouit à peine Albrante, je peux affirmer que vous voilà sauvé. Avez-vous faim ?
    — Et soif. Et hâte de voir Philippine, de même que l'abbesse à qui j'ai à parler.
    — Je vais envoyer quérir cette dernière. Quant à Philippine, il n'y faut pas compter, messire. Elle n'est plus des nôtres désormais, ajouta Albrante, un rien tranchante.
    L'inquiétude balaya le regard de Philibert de Montoison.
    — Est-elle…
    — Philippine est retournée chez son père, le rassura Marie, à laquelle on ne demandait rien et qui le comprit aussitôt en se voyant foudroyée par l'œil réprobateur de l'infirmière.
    Philibert de Montoison, en revanche, la gratifia d'un sourire enjôleur.
    — Votre voix… dit-il. Étiez-vous à mon chevet lorsque j'ai émergé de ce rêve étrange ?
    — J'en ignore la teneur, messire, mais en effet, lui répondit aimablement la jouvencelle.
    — Filez en cuisine et ramenez au chevalier de quoi se sustenter, ordonna Albrante, qui ne tenait pas à ce que la novice se laisse séduire maintenant par Philibert de Montoison.
    Marie hocha la tête et disparut.
    — Je vais vous enlever cette sonde dont vous n'avez plus besoin, déclara sœur Albrante en écartant les draps à peine la courtine retombée.
    Le chevalier, découvrant l'affaire, n'eut pas le temps de s'en inquiéter qu'elle retirait le jonc de son urètre sans le moindre ménagement. La douleur le surprit tant qu'il ne put retenir un cri.
    — Vous voilà bien couard, se moqua-t-elle, en reposant avec indifférence son organe malmené.
    Un instant, l'idée traversa Philibert de Montoison qu'elle avait peut-être œuvré pour qu'il le reste, mais il préféra la chasser. Sa virilité ne pouvait être entamée !
    — Je ne saurai trop vous remercier pour vos bons soins, ma sœur, se fendit-il à

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