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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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l'inverse.
    Albrante ramassa le pot de chambre et y noya le drain, ravie du doute qu'elle avait semé dans son esprit. Il méritait bien cela pour avoir tourmenté sa Philippine ! Sans parler du reste. Car, jusqu'à preuve du contraire, elle ne pouvait s'empêcher d'entrevoir la possibilité que Philibert de Montoison soit un meurtrier. Et dire qu'elle avait gaspillé de ce précieux élixir pour le sauver !
    — La brûlure vous suivra au cours des premières mictions. Si elle ne disparaissait pas dans trois jours, je vous traiterais en conséquence. Pour l'heure et en attendant votre repas, je ne saurais trop vous conseiller de vous reposer.
    — Qu'en est-il de Laurent de Beaumont ? demanda-t-il encore alors qu'elle se détournait avec la visible intention de s'éloigner pour vider l'urinoir.
    — Il est sur le départ, comme vous le serez vous-même dès que vos forces le permettront.
    — Le retour de Philippine chez elle annonce-t-il leurs épousailles ?
    Le souvenir du regard concupiscent de Laurent de Beaumont sur Marie gâta le mensonge qu'elle aurait pu lui servir pour qu'il laisse Philippine en paix.
    — Elle a laissé une lettre à votre intention. Je vous la remettrai, décida-t-elle en lui tournant le dos pour lui signifier que l'entretien était terminé.
    Il n'insista pas et ferma les yeux, conscient de ses propres limites. Lorsque Marie revint avec un bouillon, du pain et un verre de vin, il dormait. Craignant qu'il ne fût retombé en léthargie, elle posa son plateau au pied du lit et lui secoua l'épaule avec violence.
    — Messire… insista-t-elle.
    Elle s'écarta lorsqu'il ouvrit un œil.
    — Votre repas, bredouilla-t-elle pour s'excuser.
    Elle le lui ramena sur les genoux à peine se fut-il redressé, lui souhaita un bon appétit et s'échappa pour rejoindre Laurent de Beaumont qui l'en avait priée, profitant de ce que sœur Albrante s'en était allée quérir l'abbesse.
    Le jouvenceau la guettait, près de l'office. Il écarta la porte et elle s'engouffra derrière lui, tout à la fois pressée de son étreinte et résolue à ne pas lui céder.
    — Ainsi que sœur Albrante vient de vous le signifier, vous partez demain, messire. Lors, si vous voulez de moi comme je veux de vous, je vous rejoindrai et nous pourrons nous marier, lui annonça-t-elle sans détour en s'écartant de lui suffisamment pour ne pas succomber.
    — Douce et belle Marie, susurra-t-il en avançant d'un pas, convaincu sur-le-champ du piège qu'on lui tendait. Comment ai-je pu être assez égoïste pour croire que vous vous divertissiez seulement de votre pieuse existence à mes côtés ? Si j'avais entendu le murmure de votre cœur, et lu dans vos yeux au lieu de m'y noyer…
    Elle recula, blême.
    — Je n'ose comprendre, messire…
    — Las, ma mie, il me faut l'avouer avant que vous ne fuyiez votre vocation. J'en aime une autre, et étais sincèrement certain que vous le saviez. Loin de moi l'idée de vous tromper.
    Le menton de la jouvencelle se mit à trembler.
    — Elle ne veut pas de vous. Elle vous l'a dit. Nous le savons toutes ici. Je vous croyais résigné.
    — Je n'étais que troublé…
    — Vous ne comprenez pas… C'est pour cela que j'ai insisté pour la remplacer. Je vous aime, messire. Je vous aime depuis le premier jour où je vous vis vous promener avec sœur Aymonette. Bien avant elle et à jamais. Je me suis offerte quand elle vous a repoussé. Vous ne pouvez me rejeter. J'en mourrais, avoua-t-elle d'une voix hachée par le tourment.
    Il le devina si sincère qu'il en fut désarmé. Pas de piège non, juste l'élan d'une femme qui aurait été jusqu'à s'avilir pour se faire remarquer.
    Malgré la haine que lui inspirait Philibert de Montoison, il se prit à louer sa résurrection qui l'avait empêché de la déshonorer. Fallait-il que Philippine lui ait troublé les sens pour qu'il se soit attaqué en prédateur implacable à proie si vulnérable, si pure. Et dans ce lieu même ! Il avait accusé le chevalier de toutes les perversités. Ce jourd'hui il ne valait pas mieux que lui. Il se sentit soudain misérable et se méprisa de le penser. Face à lui, les larmes de Marie coulaient, silencieuses, dans ses yeux clairs. Tant d'amour… Il n'en avait pas lu le dixième dans le regard de Philippine. Seulement de la fierté.
    — Laissez-moi le temps, murmura-t-il sans y croire. Le temps de l'oublier.
    — Je vous attendrai. Mais point dans le mensonge. Je ne saurais prononcer

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