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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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jeter à la mer. Entre-temps, Mélior était morte en emportant le secret de sa descendance. La Harpie chargée d'elle retourna en Avalon pour prendre de nouveaux ordres et se fit piéger par Merlin. C'est ce que me raconta la descendante d'une des dernières prêtresses que je rencontrai en Anjou. J'ignore où se trouve la Harpie chargée de surveiller Plantine, mais je sais bien qui est la troisième, et tu dois t'en douter aussi.
    — Marthe… murmura Algonde, de nouveau glacée.
    — Elle a dû apprendre la captivité de sa sœur, mais pas davantage. Nous sommes seules, Algonde. Merlin ne peut quitter Avalon pour nous aider. Pour l'heure, la Harpie ignore ta parentèle. Elle se contente d'attendre la naissance de l'enfant pour le tuer, certaine que Mélior, Plantine et moi sommes toujours prisonnières de la malédiction, et que nous ne pourrons dès lors rien empêcher.
    — Notre ressemblance n'a pu lui échapper.
    — Elle ne m'a jamais rencontrée. Seul le portrait aurait pu te trahir, mais tu l'as enlevé, il me semble. Ne t'y trompe pas pourtant. À présent que ma chambre a été ouverte, la Harpie va être sur ses gardes. En chercher la raison.
    — Personne ne peut l'arrêter ?
    — Toi, tu le peux. En permettant à la prophétie de s'accomplir. Libre, je deviens la régente du royaume des Hautes Terres jusqu'à ce que l'enfant soit en âge de régner. Mes pouvoirs alors seront à même de vous sauver de ses griffes, toi et ton Mathieu. Tu vois, Algonde, à quel point tu es importante pour moi.
    Algonde se leva d'un bond, la colère de nouveau au ventre.
    — Oh ! oui, je le vois. Je le vois tant que j'en suis écœurée de lucidité. Et j'en ai assez qu'on se joue de mes sentiments, de mes émotions et de ma vie ! Si je ne meurs pas du venin de la vouivre, c'est Marthe qui continuera à me persécuter. Et tout ça pour quoi ? Pour permettre qu'un royaume disparu et dont personne sur cette terre n'a que faire tombe entre vos mains.
    — Pour le bien de l'humanité, Algonde.
    — Pour votre gloire, surtout. Voilà la vérité. Ne comptez pas sur moi, Mélusine ! Je ne donnerai pas davantage d'arguments à Marthe pour m'abattre. Au contraire. Qu'elle emporte ce nourrisson et en fasse ce qu'elle veut, cela m'indiffère ! Je vais oublier ce cauchemar avec Mathieu, comme je l'avais décidé et le plus discrètement du monde. Si pour cela je dois sacrifier ma virginité dans le lit du baron, soit, j'y suis prête, mais c'est bien la seule chose que j'accorderai à cette prophétie ! La seule, vous m'entendez: Pour le reste, vous vous êtes trompée. Je ne suis pas celle qu'il vous fallait !
    Sur ce, elle piqua la tête la première dans les eaux sombres, bien décidée à retrouver seule son chemin si la fée ne voulait pas l'aider. Le bras de Mélusine s'enroula pourtant autour de sa taille.
    Quelques minutes plus tard, Algonde sortait du puits, traversait la crypte sans avoir seulement aperçu la vouivre, certaine d'être de nouveau seule maîtresse de sa destinée.
     

15
    C'est un gloussement en tous points semblable à celui d'une pintade qui cueillit Philibert de Montoison au moment précis où il émergeait des limbes fantomatiques dans lesquels sa blessure le tenait enfermé. Prolongeant son rêve où il se voyait enfant occupé à pourchasser une volaille dans une basse-cour, il tendit ses mains en avant pour l'attraper, un sourire vainqueur à ses lèvres pâles.
    Un cri de surprise fissura l'image et son contentement. Il ne pensa pas un instant à ouvrir les yeux pour reprendre corps avec la réalité, persuadé que sa mère venait de découvrir son manège et s'approchait pour lui tirer les oreilles. Il y porta instinctivement les paumes et, les traits ratatinés par l'appréhension, rentra sa tête dans son cou comme une tortue dans sa carapace.
    Attribuant l'exclamation de la novice à ses mains qui, hardiment, lui avaient remonté la tunique, Laurent de Beaumont poursuivit l'exploration de ses cuisses, le souffle court et sans vergogne. Prisonnier de son tempérament charnel contrarié depuis trop longtemps, il s'était laissé apprivoiser par les œillades de la jolie Marie, qui assistait sœur Albrante. Il avait suffi de quelques heures à Laurent de Beaumont pour comprendre qu'il plaisait à la jouvencelle au-delà de toute raison. Et trois nuits de rêves libidineux pour se persuader qu'il serait bien avisé de l'aider à jauger sa piété avant qu'elle ne prononce ses

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