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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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était entaillé sur la largeur d'un ongle. Un duvet repoussait sur la cicatrice. Selon l'infirmière, c'était le choc qui était seul responsable de sa léthargie. S'il avait fini par en sortir, c'était sans doute que le sang coagulé sous la calotte s'était résorbé. Tout risque de rechute était pour elle écarté. Cette nouvelle avait rasséréné le chevalier. Leur curiosité à toutes deux concernant ses affaires, beaucoup moins.
    — Nous nous demandions qui prévenir, messire, ignorant si votre visite en nos murs avait une quelconque relation avec l'Ordre, avait susurré l'abbesse de la manière la plus anodine qui soit.
    Elle l'avait pourtant mis sur ses gardes,
    — La question est réglée puisque me voilà remis pour ce faire. Vous n'avez plus à vous soucier de cela, avait-il répondu avec le plus de légèreté possible.
    — Tout de même, chevalier, avait insisté sœur Albrante l'air sévère, un homme de votre condition, s'avancer jusqu'à Saint-Just sans même un écuyer… Pour seulement prier…
    Il s'était aussitôt félicité d'avoir eu la sagesse de laisser son escouade à quelques lieues de là, avec ordre de l'attendre. Quelques hanaps de vin les auraient peut-être portés à moins de discrétion. Cela étant, ne le voyant pas revenir, son lieutenant Hugues de Luirieux risquait de se présenter avant longtemps aux portes de l'abbaye pour quérir de ses nouvelles, d'autant que son duel avec Laurent de Beaumont n'avait pas dû passer inaperçu. Il se demanda ce qui avait pu éveiller ainsi la méfiance des moniales alors même qu'elles l'avaient accueilli sans réserve à son arrivée. Aurait-il parlé durant son sommeil ? Du prince Djem et de sa captivité ? Des accords secrets et financiers de l'ordre de Saint-Jean avec le sultan Bayezid, son frère ? Avait-il avoué qu'il était venu quérir le soutien de Sidonie de La Tour-Sassenage ? Qu'elle avait été sa maîtresse ? Tant de questions sans réponse. Cette incertitude l'agaça.
    Il avait clos l'entretien en se disant fatigué, non sans avoir réclamé la lettre que Philippine lui avait destinée. L'évocation du nom de la jouvencelle avait durci les traits de l'abbesse. Il s'était engouffré dans la brèche, insistant sur l'affection qu'il lui portait. Cela avait suffi pour qu'elle se lève et lui recommande le repos auquel il aspirait. Sœur Albrante, qui l'avait raccompagnée, était venue lui remettre le bref de parchemin quelques minutes plus tard.
    — La confession, mon fils, reste le meilleur moyen pour se libérer l'âme des noirceurs qui l'encombrent et en conséquence un complément non négligeable au traitement que je vous ai administré, lui avait-elle servi sans détour, comme il décachetait la missive.
    — Je l'entends bien, ma sœur, et vous en remercie. Je vous promets d'y songer. A présent, si vous consentiez à me laisser…
    Elle s'était inclinée. Il avait pris connaissance du billet : « Oubliez-moi, chevalier », le suppliait Philippine après lui avoir exposé toutes les raisons qu'elle y mettait. Il les avait écrasées dans sa main. Laurent de Beaumont avait dit vrai. Pas plus que lui, il n'avait l'intention de s'y plier. Bien au contraire. Sa mission, trop longtemps retardée, lui donnait l'occasion d'approcher de nouveau la jouvencelle hors du contexte culpabilisateur de cette abbaye.
    La perspective de prendre de l'avance sur son rival parvint à le distraire un instant. Jusqu'à ce que lui revienne cette phrase qu'en guise d'adieu il lui avait lancée. Tantôt, elle l'avait amusé. A présent, éclairées du contexte soupçonneux dans lequel les moniales s'agitaient, les paroles de Laurent de Beaumont le troublèrent.
    « L'insulte serait de ne pas reconnaître ce que vous valez… » Philibert de Montoison étouffa un juron. Force était d'affirmer qu'il avait dû s'épancher, suffisamment fort pour être entendu du seigneur de Beaumont. Comment expliquer sinon la méfiance que ce dernier avait affichée à l'égard de sa parole donnée ? Sans parler de son départ précipité au moment où lui reprenait connaissance. Il se dressa, oppressé à l'idée que ce morveux puisse compromettre leurs projets en révélant au dauphin le double jeu que l'ordre de Saint-Jean menait. Repoussant les draps, il s'assit au bord du lit. Il devait se lever. Coûte que coûte. Un vertige le prit qu'il se força à contrôler. Laurent de Beaumont ne devait pas rejoindre le dauphin. Philibert de

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