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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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diplomatie qu'il préférait aux armes, il suggéra à son frère de partager l'Empire. Bayezid ne céda rien. Ils s'affrontèrent en une bataille sanglante et forcenée près de la ville de Yenisehir. L'armée de Djem fut défaite et ce dernier dut se réfugier au Caire avec sa femme et ses enfants.
    Un an plus tard, trahi par l'un des siens, il dut capituler une nouvelle fois alors qu'il assiégeait Konya, en Anatolie, depuis des semaines.
    À bout de ressources, Djem avait alors cherché le soutien du grand maître de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean. Si le roi de France l'aidait à récupérer son trône, Djem était tout disposé à favoriser leurs échanges en Méditerranée.
    Le grand maître le reçut avec tous les honneurs qu'il était en droit d'attendre et lui promit une alliance qui allait dans le sens de leurs intérêts communs. Le 1er septembre 1482, Djem s'embarquait pour la France, dans l'idée d'y rencontrer le roi, sans savoir que le grand maître avait négocié avec son frère, le sultan Bayezid, le prix de sa captivité.
    Philibert de Montoison, qui avait accompagné les Hospitaliers jusqu'à Istanbul, s'était vu aborder discrètement par une servante au détour d'un des couloirs du palais de Topkapi. Le sultan Bayezid voulait s'assurer que les chevaliers de Saint-Jean ne changeraient pas d'idée et était prêt à s'allouer les services de l'un d'entre eux pour une somme qui ne souffrait aucun remords.
    Depuis que Djem avait débarqué, les Hospitaliers le leurraient, l'étourdissaient de fête en fête, de place en place, prétextant tantôt que les sauf-conduits manquaient pour s'aventurer sur les terres du roi de France, tantôt que les routes étaient devenues impraticables en raison du mauvais temps. A la vérité, le roi, malade depuis longtemps, s'intéressait peu à Djem. Il lui suffisait que Bayezid tienne, lui, ses engagements et que le commerce maritime de la France soit florissant.
    Pour autant, Djem était convoité par les autres souverains, qui espéraient bien moins lui venir en aide que le récupérer et bénéficier par sa captivité des mêmes avantages. Force était donc de le déplacer souvent. Guy de Blanchefort, à qui le grand maître avait confié la garde de Djem, avait donc chargé Philibert de Montoison de se mettre en quête d'un lieu à l'écart de toute commanderie, facile à protéger et bien sûr discret. Philibert de Montoison s'était souvenu de Sassenage où il avait passé quelques belles heures en compagnie de Sidonie. L'endroit leur sembla parfait. Philibert de Montoison avait été envoyé pour conclure l'affaire.
    S'il n'était tombé éperdument amoureux de Philippine avec les conséquences que son orgueil trop vif avait entraînées, il n'aurait pas été présentement occupé à longer l'orée d'un bois pour trouver la marque gravée dans l'écorce d'un chêne centenaire par un des hommes de l'escorte qu'il y avait laissée.
     
    Il finit pourtant par repérer l'entaille. Mettant pied à terre, la longe de son palefroi en main, il repoussa de l'autre les branchages qu'on avait disposés anarchiquement pour dissimuler l'étroit sentier taillé à coups de lame dans les fougères et les épineux. Philibert de Montoison s'y enfonça sans crainte, son cheval, docile, au pas derrière lui. Connaissant ses hommes, il les savait déjà en alerte, prévenus par un des guetteurs qu'ils avaient dû placer autour du campement. Pour leur confirmer sa présence, il siffla par deux fois, selon le code d'approche qu'ils s'étaient donné. Comme il le supposait, l'un d'eux sortit de derrière un arbre pour lui barrer le chemin.
    — Par Notre-Seigneur tout-puissant, c'est grand bonheur de vous revoir, messire !
    — Vous en doutiez, Garnier ?
    — Ma foi, je n'étais pas le seul.
    — Pas d'ennui de votre côté ?
    — Un renard, une biche et deux sangliers. Quelques trublions édentés et misérables aussi, qui eurent la malencontreuse idée de vouloir nous dépouiller. Les uns comme les autres ont cessé de respirer, s'amusa le soldat.
    Philibert de Montoison hocha la tête. Se retrouver dans son élément le soulageait. Il emboîta le pas à Garnier, troublant le silence végétal de sifflements stridents à intervalles réguliers. Ils parvinrent très vite à une petite clairière où les hommes avaient établi leur campement. De sommaire, il s'était agrandi d'une hutte de branchages recouverte de mousse, près d'une source qui s'étirait en un

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