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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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puis repoussée avec délicatesse en la sentant se raidir à son contact.
    — Jusqu'à ce que dame Sidonie revienne, tu gagneras ma couche au petit jour. Nue et offerte. Va à présent. Je suis fatigué.
    Elle s'était retirée, presque reconnaissante, avant de comprendre que cette contrainte lui gâterait ses nuits bien davantage qu'elle le faisait de ses journées. Au point d'en avoir l'estomac retourné. Un coq chanta dans la cour, au pied du donjon. Algonde repoussa ses couvertures, se leva et saisit son miroir pour juger comme chaque matin de la progression du poison en elle. La surprise se peignit sur ses traits. La trace de la morsure avait disparu. Les veinules aussi. Cela ne pouvait signifier qu'une chose : elle était enceinte.
    Mélusine avait dit vrai. Elle était sauvée. Un instant, elle envisagea de ne pas répondre à l'invitation du baron, de prétexter qu'elle s'était endormie, mais elle chassa l'idée aussitôt. Il était doux et patient avec elle quand il aurait pu à loisir la brutaliser. Elle refusa de prendre le risque de le mettre en colère. S'il s'avisait pour la punir de la battre, elle pourrait perdre cette chose en elle. Forte de cette certitude, elle s'activa pour ne pas le faire attendre.
     
    Le baron Jacques de Sassenage se dressa sur son lit, éveillé en sursaut par un cauchemar. Il se trouvait dans une voiture sans conducteur que des chevaux, devenus fous par l'apparition de Mélusine serpentant dans les airs, amenaient inexorablement vers un précipice. Malgré ses tentatives désespérées pour s'en extraire, il ne parvenait pas à ouvrir la porte, brinquebalé par les cahots du chemin. Face à lui, sur le siège, stoïque et décomposée, sa défunte épouse le regardait se débattre contre sa fin inéluctable. Se retrouver en sécurité dans son lit lui amena un râle de soulagement. Il se laissa retomber sur l'oreiller.
    Il n'avait plus rêvé de Mélusine depuis qu'il s'était rendu dans la grotte avec maître Dreux. Peut-être parce que ses efforts pour initier Algonde aux jeux amoureux l'en avaient distrait. Il en avait oublié le portrait disparu et le caillou ramassé près du lac souterrain, semblable à celui que lui avait montré Sidonie. Il le conservait encore dans la sacoche à sa ceinture, précieuse relique d'un mystère qu'il avait renoncé à élucider. De fait, ses journées passaient plus vite qu'il n'aurait cru, Gersende sollicitant son avis constamment pour la préparation du mariage. A la Rochette, maître Dreux avait tenu parole au-delà même de ses exigences. La bâtisse grouillait de la main-d'œuvre qu'il avait finalement recrutée et qu'il appelait ses « ouvriers de Dieu », tant ils étaient providentiels et reconnus dans leurs corporations. Quant à la chambre de Philippine, Algonde la lui avait ouverte la veille, avant le coucher. Il avait à peine reconnu le lieu et l'avait chaleureusement félicitée. Le retour de Sidonie s'annonçait au mieux.
    Le baron s'étira. À en juger par le nombre de coups que martelait le clocher de la chapelle, Algonde ne tarderait plus à le rejoindre. Il avait renoncé à comprendre pourquoi elle l'attirait tant. Plus encore pourquoi elle s'était offerte, tant il était évident qu'elle ne goûtait pas ses caresses. Il avait pourtant la réputation d'être un bon amant et ne se souvenait d'aucune entre ses bras qui n'ait eu envie d'y revenir. Certes, elle s'appliquait à le satisfaire, mais les paupières closes et le corps triste. Pas un gémissement, rien. Pas même l'ébauche d'une sensation. Cette pensée l'attristait.
    Un froissement léger à sa porte. Il reconnut son pas, discret. Éteint. Alors que quelques jours plus tôt, elle était encore si malicieuse et gaie. Il refusa de s'en rendre responsable et, cependant, ne pouvait en écarter l'hypothèse. Elle passa les rideaux, s'étonna à peine de le voir éveillé.
    — Viens, dit-il en lui tendant la main.
    Nue, elle se glissa à ses côtés, un pâle sourire aux lèvres. Un instant il se sentit misérable de la contraindre, mais chassa l'envie de la renvoyer. La tendresse au cœur, il décida de s'appliquer à la révéler. Elle était trop belle pour demeurer dans l'austérité. Au bout de quelques minutes à la caresser sans obtenir plus de réaction que les autres fois, il immobilisa sa main sur son bas-ventre, la joue soutenue par sa main pour mieux la contempler.
    — Me trouves-tu laid ? demanda-t-il avec douceur.
    Algonde sursauta et

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