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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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des hêtres en bordure. Elle grelottait dans ses vêtements trempés. Mathieu s'agenouilla à côté d'elle. Elle éternua. Il effleura les lacets de son corsage.
    — Ce serait mieux… Peut-être… Pour sécher…
    Elle lui sourit.
    — Ce ne serait pas la première fois.
    — On était innocents…
    — Pas tant que ça. Tu me regardais. Toujours.
    Il sourit.
    — Par curiosité. J'étais un garçon et toi une fille. Je voulais savoir où se situait la différence.
    — Et maintenant ? demanda Algonde en tirant elle-même sur les lacets.
    Mathieu déglutit.
    — Je risquerais fort de te déshonorer.
    Elle eut de nouveau envie de rire, mais contint ce cynisme qui l'effleurait. Refuserait-elle à l'homme qu'elle aimait ce qu'elle avait accordé à son maître ?
    Le besoin d'effacer l'injure du plaisir menteur sur sa peau se fit impérieux.
    — Quelle importance, murmura-t-elle en dénudant une de ses épaules, puisque tu vas me marier…
    — À toi et à jamais, fit-il serment à son tour avant d'ôter son gilet.
    Ils se déshabillèrent en silence, évitèrent de se regarder tandis qu'ils étalaient leurs vêtements sur les rochers, puis, nus comme aux premiers temps de la création, se rejoignirent dans cet écrin de verdure que la berge du Furon leur offrait.
    Ils s'étreignirent avec tendresse jusqu'à ce que le désir mêle leur souffle et les emporte tous deux dans la félicité.
     
    Lorsque Algonde reprit conscience du lieu qui l'entourait, Mathieu se tortillait dans son sommeil, chatouillé par une chenille qui progressait avec lenteur sur son ventre. Résistant à l'envie de rire, elle se leva et se glissa dans l'onde pour bassiner ses cuisses. Elle passa de même de l'eau sur son visage. Elle se sentait libre. Épurée de ce qui avait précédé avec le baron. Certes, Mathieu était plus gauche, moins expérimenté, mais le plaisir qu'elle avait éprouvé à ses caresses était sans commune mesure avec ce qu'elle avait ressenti à l'aube.
    Elle en était transcendée.
    — Tu es belle.
    La voix de son amant la fit se retourner. Assis en tailleur, les cheveux hirsutes qu'il ébouriffait du plat d'une main, il la contemplait avec ravissement. Elle ramena de l'eau dans sa main et la lui jeta.
    — Trop court, se moqua-t-il. Mais tu ne perds rien pour attendre.
    Étirant ses jambes longues et musclées, il se redressa et se jeta en avant. Ils se débattirent ensemble dans un éclat de rire, retrouvant la légèreté et l'insouciance de leurs jeux d'autrefois, avant de finir de nouveau enlacés. Malgré le désir qui lui dressa le vit sur le bas-ventre, cette fois pourtant, Mathieu s'écarta d'elle.
    — Il ne faut plus jusqu'à nos épousailles, décida-t-il. Je risquerais de t'engrosser.
    Algonde ne pouvait arguer que le mal était fait. Elle se contenta de hocher la tête.
    — Rhabillons-nous, c'est préférable, décida-t-il en sortant de l'eau.
    Il s'avança jusqu'à ses vêtements et passa ses braies. Elles étaient quasi sèches.
    — Nous avons dû dormir longtemps !
    — Nous nous sommes caressés longtemps, rectifia Algonde en nouant ses bras autour de sa taille.
    — Ne me tente pas. C'est déjà assez difficile…
    Elle s'écarta à regret. Le baron avait raison. Elle était bel et bien faite pour aimer.
    Se tournant le dos, ils achevèrent de s'habiller en silence puis, l'un derrière l'autre, se glissèrent entre les parois de la combe pour retrouver le sentier qui serpentait dans la forêt.
    — Il vaut mieux que nous revenions séparément, jugea Mathieu, comme ils en atteignaient la lisière.
    — On nous a toujours vus ensemble, Mathieu. Nous cacher serait pire. Je ne veux rien changer. Nous rentrons, tu fais ta demande à ma mère et…
    Algonde se tut. Au loin, sur le chemin qui, du village, remontait au château, une litière portée par quatre chevaux couverts d'un drap au couleur des Sassenage et dotée d'une solide escorte d'hommes en armure s'avançait au pas du conducteur qui, devant, la menait à pied.
    — Dame Sidonie, en déduisit Mathieu qui avait suivi son regard.
    Un frisson courut le long des reins d'Algonde.
    — Et Marthe avec elle, murmura-t-elle.
    — Bah, si damoiselle Philippine est aussi jolie qu'on le prétend, cette peste y verra une rivale plus dangereuse que toi. Elle te laissera tranquille.
    — Puisses-tu dire vrai, soupira Algonde qui ne pouvait s'empêcher de penser soudain à ce que lui avait dit Mélusine.
    Un désagréable

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