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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pu contenir la charrette des bagages ayant été arrimées au toit de la litière, un valet s'était précipité pour les descendre. Avant même qu'il ne les ait touchées, la corde de l'une d'elles se rompit. La malle bascula et vint se fracasser aux pieds de Marthe. L'ayant évitée d'un bond de côté en hurlant de surprise, elle darda vers l'homme le regard furieux dont elle couvrait jusque-là le baron et sa fille.
    Devant les marches de l'escalier, Gersende masqua à peine le plaisir que cet incident lui donnait.
    — Bien fait ! chuchota Mathieu à l'oreille de sa promise.
    Il profita de ce que les regards étaient braqués sur Marthe, qui invectivait vertement le valet, pour y rajouter un baiser léger. Algonde ne s'en aperçut pas tant elle était tétanisée. Autant par la certitude que la fille du baron pour laquelle la chambre maudite avait été ouverte était bien la Hélène de la prophétie, que par cet accident lui-même. Ne venait-elle pas à l'instant de penser qu'elle serait ravie si Marthe recevait un des bagages sur la tête ? Se pouvait-il qu'elle puisse commander aux événements par la seule force de sa pensée ? Comme pour l'en convaincre, le valet se confondait en excuses tandis que la chambrière s'époussetait en maugréant.
    — C'est pas ma faute, dame Marthe, la corde a lâché.
    — Je parie que c'est cet épervier qui l'aura becquetée ! gronda le conducteur de la litière.
    Le baron, alerté comme ses dames par le fracas, fronça les sourcils.
    — De quoi parles-tu ?
    — Un rapace nous a attaqués aux portes du château, s'interposa Dumas.
    — Il était bien agressif, mon seigneur, ajouta le voiturier. Vous feriez pas mal d'en référer à votre fauconnier.
    — Il dit vrai, Jacques, intervint Sidonie. Il vaudrait mieux le faire capturer.
    — Je m'en occuperai dès ce soir, lui promit le baron en l'embrassant sur le front.
    Puis, agacé de la désagréable manière dont Marthe venait de rabrouer le valet, il se tourna vers elle.
    — Puisque vous voilà remise, Marthe, ramassez donc ces robes avant que la poussière ne les salisse tout à fait.
    La Harpie manqua s'en étrangler.
    — Moi, messire?
    — Oui, vous, insista le baron, pour le plus grand bonheur de sa fille.
    À ses côtés, Sidonie n'osa le reprendre et baissa les yeux pour ne pas croiser le regard de Marthe. Elle savait pourtant que tôt ou tard cette dernière la punirait. Contrairement à ce qu'elle avait dit à Philippine, la relation qu'elle entretenait avec sa chambrière n'était pas le fruit d'une reconnaissance justifiée, mais bien celui d'un esclavage qui durait depuis de longues années. Bien avant même son veuvage. Sidonie était la prisonnière de Marthe et nul, pas même Jacques, ne le savait.
    — Une servante ferait aussi bien l'affaire, rétorqua Marthe, hautaine.
    Était-ce la tension de l'orage que l'on sentait monter, ou la crainte que la chambrière ne se venge de cette affaire sur quelqu'un de la maisonnée, Marthe eut beau balayer la cour de son regard, tous avaient vaqué, et elle ne trouva personne à désigner, à l'exception de Gersende qui visiblement prenait grand plaisir à la voir humilier, de Mathieu qui lui adressa un pied de nez…
    — Une servante ? Mais n'est-ce pas ce que vous êtes? demanda le baron comme elle allait se rabattre sur Algonde.
    Ne trouvant pas en Sidonie le soutien qu'elle escomptait, d'autant que, reprenant son allant, le baron les entraînait de nouveau, elle et Philippine, en direction des marches, Marthe ravala sa colère et s'agenouilla pour obéir.
     
    — Je suis heureuse de vous revoir, damoiselle. Il y a bien longtemps. Je suis Gersende, l'intendante de cette maisonnée, se présenta celle-ci après avoir souhaité la bienvenue à Sidonie.
    — Bien longtemps en effet, mais j'ai davantage changé que vous, dame Gersende, se mit à rire Philippine.
    — Voici ma fille, Algonde qui a pris grand soin de votre chambre.
    — J'espère, damoiselle Hélène, que vous vous y plairez, s'empressa Algonde en s'avançant, tandis que Mathieu disparaissait sous l'escalier.
    — Ainsi donc, ma bonne Gersende, vous avez trouvé à vous accommoder du peu de place qu'offrait cette maisonnée, se réjouit Sidonie.
    — Nous avons bénéficié d'une aide inattendue, ma douce. Si vous voulez me suivre, j'aimerais vous en entretenir en privé, s'interposa le baron, soudain grave.
    — Comme vous voudrez, mon ami, accepta Sidonie, intriguée. Mais

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