Le Chant des sorcières tome 1
n'est pas négociable.
Il glissa la tête entre ses cuisses qu'il venait d'écarter à pleines mains. Elle s'allongea sur le plateau de chêne en gémissant d'aise, la nuque pourtant brisée par l'arête de la table. Il était des arguments contre lesquels elle ne pouvait lutter. Elle s'y abandonna, le souffle court, l'impatience grandissante. C'était dans ces étreintes-là, avec lui et lui seul qu'elle oubliait ses actes passés, la domination de Marthe. Avec Jacques, elle goûtait l'illusion de sa liberté. Elle jouit en se mordant les lèvres, refusant d'alerter le reste de la maisonnée.
On toqua à la porte comme le baron se redressait, l'œil avide, la main à ses braies.
— Leurs Seigneuries ne sont pas visibles, l'abbé, perçurent-ils par-delà le battant.
Marthe. Sa sollicitude inquiéta Sidonie plus encore que sa colère.
— À cette heure ? s'étrangla le saint homme.
Sidonie n'entendit pas la suite de leur échange.
D'un coup de reins, Jacques, aiguisé par les restes de sa jalousie, venait de la pénétrer. Oubliant tout le reste, elle se cabra en étouffant un cri avant de s'arc-bouter sur ses coudes pour répondre au va-et-vient, plus langoureux que d'ordinaire. Malgré le plaisir grandissant qu'il éveillait en elle, elle réalisa à l'œil soucieux et au visage crispé du baron que son ardeur ne répondait que mollement à son désir. Elle s'en contenta pourtant dans un spasme, espérant déjà le suivant qui la mènerait inévitablement vers l'orgasme. Les doigts agrippés à l'extérieur de ses cuisses, le front dégoulinant de la sueur de sa concentration, Jacques semblait souffrir de ne pouvoir lui-même se satisfaire. Il s'immobilisa en elle. Leurs bouches s'attirèrent. Il l'embrassa fougueusement tandis que les doigts agacés de son autre main défaisaient les lacets du corsage. De nouveau la danse lancinante de ce sexe à l'intérieur du sien, de ces doigts qui pétrissaient ses seins, de cette langue qui caressait son souffle. Sidonie s'agrippa aux épaules de son amant, consciente de la difficulté qu'il avait à se maintenir fermement en elle, et tout à la fois excitée par la crainte de ne pouvoir en jouir.
Une vingtaine d'allers-retours. Violents. Désespérés. Jacques la repoussa pour s'expulser d'elle, le visage rouge, haletant, avant de porter une main à son vit pour lui rendre un peu de sa superbe.
— Tourne-toi, ordonna-t-il, la voix basse et rauque.
Sans la moindre hésitation, Sidonie descendit de la table et colla son ventre contre le plateau. Ramenant sur ses épaules l'épaisseur de l'étoffe, elle lui offrit la vision de ses fesses, fermes et idéalement charnues. Il y avait longtemps qu'elle ne se contentait plus de se laisser prendre comme une dame respectable. Elle aimait la chair, ses jeux, ses vices, et Jacques de Sassenage était de loin l'amant le plus délicat et le plus expert qu'elle avait pu connaître. Cette fois pourtant, et malgré ses efforts, il ne lui offrit qu'une pâle caricature de sa verge et déclara forfait au bout de quelques minutes à s'escrimer tristement en elle.
Sans rancune, elle se redressa contre son torse pour laisser les battements désordonnés de leurs cœurs s'apaiser. Leurs mains se nouèrent. Jacques nicha ses lèvres dans le creux de son épaule.
— Il me semble, lâcha-t-il, amer contre lui-même, que j'ai trop présumé de mon tempérament…
— Un autre et pourtant plus jeune s'y serait abîmé de même, Jacques. Ne m'avez-vous pas beliné une partie de la nuit et au réveil encore ?
— Vingt années de moins et cette fois-ci n'aurait pas même suffi à me guérir du manque de vous.
Elle se tourna de quart pour caresser sa joue.
— Vingt années de moins et j'aurais crié grâce. Accordez-vous le repos du guerrier.
— Ai-je le choix ? soupira-t-il.
Elle sourit.
— Pour vous y aider, songez à ce pauvre abbé que nous avons sans doute scandalisé.
— Il lui en faudra davantage, croyez-moi. Je l'ai surpris qui se laissait butiner la verge pas plus tard qu'hier matin, derrière la tenture qui mène à la sacristie.
Elle se rassura de le retrouver plus léger. Il déposa un baiser tendre sur l'arrondi de son épaule puis s'écarta pour se rajuster.
Sidonie laissa ses jupons retomber sur ses mollets avant de lui faire face. Jacques releva une mèche qui s'était échappée de sa coiffe, la replaça derrière l'oreille.
— Là, dit-il, vos outrages sont effacés.
— Mettons-nous à
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