Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
l'ouvrage, alors. Ce lieu ne vaut pas la Bâtie pour de telles festivités, mais il me convient mieux qu'un autre, Jacques, car c'est ici que pour la première fois nous nous sommes aimés. Je veux qu'on le sache et que ceux qui viendront ne l'oublient jamais, conclut-elle en déposant un baiser léger sur ses lèvres avant de se diriger vers la porte pour la déverrouiller.
    Elle l'ouvrit pour héler une servante et recevoir monsieur le curé. Marthe attendait, adossée au montant de l'escalier à vis. Le sourire cruel qu'elle lui offrit confirma à Sidonie ce dont elle se doutait. L'impuissance de Jacques n'était que le début de la punition qu'elle leur réservait.
     
    Le soir même, contre toute attente, Philibert de Montoison repartait avec ses hommes. Il était furieux. À plus d'un titre.
    Passé l'émotion de le revoir en bien meilleure mine qu'elle ne l'avait quitté, Philippine s'était drapée dans une fin de non-recevoir à peine le déjeuner terminé. Il avait pourtant fait élégamment les choses, s'était renseigné sur un endroit point trop éloigné des regards et pourtant isolé. Dame Gersende lui avait conseillé un banc à l'ombre d'un chêne séculaire dont la ramure s'étendait à l'est dans la cour extérieure, et sous lequel la coutume voulait à Sassenage qu'on échangeât son premier baiser. Philippine en fut-elle avertie par sa chambrière qui ne les quitta pas d'une semelle ? Toujours est-il qu'elle était restée sur la défensive, les mains croisées sur ses genoux, hochant la tête souvent en guise d'assentiment à ses questions, souriant à peine à ses traits d'esprit quand il se souvenait de son rire inconséquemment appuyé dans le verger de l'abbaye. Il avait ensuite tenté de l'étourdir par son mérite en lui racontant l'Orient et ses sortilèges, la beauté de l'île de Rhodes posée sur son rocher comme un diamant brut cerné de lapis-lazulis. Les batailles sanglantes que les pirates livraient en Méditerranée et les Turcs en embuscade. Il avait même évoqué le prince Djem, sans toutefois rien dévoiler de la mission dont on l'avait chargé.
    Cette Algonde, fort jolie il en convenait, avait semblé plus curieuse que sa maîtresse, demandant où se situait l'Anatolie dont elle avait entendu parler. Philibert lui avait expliqué que le prince Djem en venait justement et qu'il s'était déclaré sultan de cette province au moment de sa guerre avec son frère Bayezid. Un instant, il avait semblé au chevalier que les rôles s'étaient inversés, tant Philippine se faisait distante et sa servante attentive. Au bout de deux heures de palabres stériles à son projet, Philippine s'était excusée, et, prétextant que le mariage prochain de son père mobilisait chacun et chacune au château, avait émis le souhait de rentrer. Il s'était infiltré dans la brèche qu'elle lui avait innocemment ouverte.
    — Accordez-nous plutôt le temps d'évoquer le vôtre, avait-il susurré en lui prenant la main d'autorité.
    Elle avait sursauté et l'avait retirée vivement.
    — Il m'avait semblé être claire, messire, à ce sujet !
    Il avait insisté. Elle n'avait rien voulu savoir ni de ses sentiments, ni de ses louanges, ni de ses promesses.
    — Je ne vous aime pas, un point c'est tout, et vos discours n'y changeront rien. Je vous l'ai écrit et persiste. Je ne vous épouserai pas et ne veux plus en entendre parler !
    Il avait dissimulé sa colère derrière un sourire affligé, avec l'envie, au creux des reins, de la culbuter sur l'herbe. Elle s'était levée. Il l'avait raccompagnée jusqu'au château, Algonde dans leurs traces, gardienne tenace de la vertu de sa maîtresse. Déjà il songeait au discours qu'il allait servir au père pour obtenir son consentement malgré elle. Après tout, elle ne serait pas la première à se plier à la raison à défaut d'amour. Sidonie, à qui il rafraîchirait la mémoire si besoin était, se rallierait à sa cause. Philippine serait sienne, il se l'était juré.
    Resté seul au bas des marches du perron, il s'était renseigné sur l'endroit où il pouvait trouver Jacques de Sassenage. Longeant l'enseigne du maréchal-ferrant qui, tout à son ouvrage, n'avait pas même relevé la tête, il avait passé une des tours de guet de la cour intérieure en direction de la fauconnerie. Jacques de Sassenage s'était renfrogné à sa vue avant de répondre à sa demande par la négative.
    — Mais enfin, messire, que me reprochez-vous ? s'était-il

Weitere Kostenlose Bücher