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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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confiance. À vous aussi, Gersende.
    Celle-ci contint son exaspération. De toute évidence, dame Sidonie ne mesurait pas un seul instant l'ampleur de sa tâche ! Elle enchaîna :
    — Pour la noce elle-même, il va falloir vous entendre avec la couturière dès ce tantôt, sans quoi le temps lui manquera pour festonner votre traîne.
    — Soit. Qu'elle vienne sitôt le dîner. Nous prendrons d'ailleurs celui-ci dans la salle de réception avec nos visiteurs, c'est le moins que nous puissions faire pour ce pauvre Philibert de Montoison, n'est-ce pas, Jacques ?
    Le baron grommela quelque chose d'incompréhensible que Sidonie préféra prendre pour un assentiment.
    — J'ai déjà pris l'initiative d'en informer maître Janisse, acquiesça Gersende.
    — Autre chose ? demanda Sidonie, pressée d'éclaircir la raison de l'étrange comportement de son amant.
    — Autre chose ? Sauf votre respect, dame Sidonie, il en reste bien assez pour me tenir éveillée sans interruption jusqu'à vos noces, la bouscula Gersende.
    — Peut-être que dame Sidonie n'est plus aussi pressée de convoler après tout…
    Cette fois, Sidonie ne pouvait faire comme si de rien n'était.
    — Laissez-nous, Gersende. Je vous promets de me pencher sur le moindre détail tout à l'heure. Convoquez pour ce faire qui vous semblera nécessaire. Avant ce soir, tout sera à plat.
    L'intendante hocha la tête et s'effaça, rattrapée par la tension qui régnait dans la pièce. Pour une fois, elle ne pouvait l'imputer à Marthe, absente. A peine la porte se fut-elle refermée sur elle que Sidonie se dressa devant Jacques, tristement déconcertée.
    — Mais enfin qu'avez-vous ?
    Il bondit de son siège.
    — J'ai… J'ai que je ne suis pas aveugle ! Vieux, oui ! Trop sans doute ! Mais pas aveugle ! Voilà ce que j'ai. Osez dire que…
    — Que quoi ? interrogea Sidonie, perplexe.
    Le baron se mit à arpenter le parquet, les mains dans le dos pour contenir sa jalousie qui n'avait cessé de croître au fil des minutes.
    — Vous le savez bien. Vous et Philibert de Montoison ! Vous avez été sa maîtresse !
    — Oui, le faucha Sidonie, un sourire soudain léger aux lèvres.
    Tout était clair désormais.
    Il s'immobilisa, défait.
    — Vous avouez ? bredouilla-t-il.
    — Pourquoi en ferais-je mystère quand cette histoire appartient au passé ? Vous l'avez entendu vous-même d'ailleurs, il ne vibre plus ce jourd'hui que pour votre fille.
    Elle noua ses bras autour de son cou et planta son regard dans le sien.
    — Je vous aime, Jacques. En doutez-vous encore pour vous tourmenter de la sorte ?
    — Il a l'œil vif, les traits réguliers, les épaules charpentées, fringant en somme, quand je ne le suis plus.
    — Et prompt à courir les chemins comme ceux de son acabit, sitôt le jour levé. Combien en ai-je connu, de ces lendemains à refermer mes doigts sur du vide ? Gloire et pouvoir les accaparent. Ils n'aiment rien d'autre que la liberté. Montoison différent ? J'en doute. Même s'il veut aujourd'hui rompre ses vœux pour épouser Hélène, il la laisserait se faner à l'ombre d'un château tandis qu'il reprendrait ses chevauchées. Pour ma part, croyez-moi, je continue à préférer vos rides.
    Il la serra contre lui. À peine rassuré.
    — Elles font ombrage à votre beauté, ma douce. Et je me demande bien ce que vous me trouvez.
    — Tout ce que les autres n'ont pas et ne me donneront jamais. À l'exception d'un fils. Enguerrand a l'âge que Montoison avait lorsqu'il m'a engrossée.
    Jacques s'écarta, rouge de nouveau d'une bouffée d'angoisse.
    — Je n'ai pas jugé bon de lui révéler sa paternité, de crainte qu'il ne me force au mariage, ajouta-t-elle, un sourire facétieux aux lèvres. Voyez-vous, mon ami, je rêvais d'un autre. De vous déjà, grand benêt.
    Il l'étreignit avec fougue. L'embrassa tout autant. Brûlant de marquer une fois de plus son territoire, comme un animal qu'un autre viendrait défier.
    — Je ne supporterais pas de vous perdre, gémit-il dans ce souffle qu'elle reprenait.
    — Et moi pas davantage. N'en parlons plus, voulez-vous ?
    — Je ne lui donnerai pas Hélène, renchérit pourtant le baron, vengeur.
    — Tant mieux, elle n'en veut pas.
    — Je n'imposerai pas non plus à nos gens les rustres manières de ce Turc. Pas davantage à ceux de la contrée les débordements d'un régiment. Fût-il celui des Hospitaliers.
    — Je vous approuve tout à fait.
    Leurs regards

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