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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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armes. Il m'a dit avoir remis une lettre pour toi à ce chien galeux de Guy de Blanchefort qui n'a pas voulu le laisser t'approcher.
    Djem serra les dents.
    — S'il ne me l'apporte, j'irai la réclamer, assura-t-il. Rends-toi en ville et retrouve le Grec. Je doute que mon frère l'ait envoyé jusqu'ici seulement pour jouer les messagers. Il faut savoir ce que cela cache.
    — La lettre était peut-être empoisonnée, hasarda Houchang.
    — L'interprète des Francs la touchera en premier, se réjouit Djem.
    — En ce cas, il n'y a plus de danger.
    — Lorsque Hussein bey aura parlé, si cette lettre n'appelle pas de réponse, tue-le.
    Houchang hocha sa belle tête que couvrait un fez rouge cerné de velours bleu. Rien ne pouvait lui faire plus plaisir que d'exécuter ce chacal.
    Il sortit et Djem se leva pour faire ses ablutions et s'habiller.
     
    Il n'eut pas besoin d'attendre longtemps. Il terminait sa collation, assis par terre sur un tapis persan au milieu des coussins et de ses femmes, lorsque Guy de Blanchefort s'annonça, le pli décacheté en main.
    — Bien le bonjour à toi, prince Djem.
    —  Salam aleikoum , mon ami. Almeïda, fais une place au grand prieur.
    La favorite s'écarta en ondulant de la croupe, révélant une cuisse fuselée. Sous la fourrure blanche de son manteau, on pouvait déceler sa nudité. Sa beauté n'en était que plus poignante et Djem savait que tout moine qu'il était, le chevalier n'y était pas insensible. Il en jouait à plaisir, mesquinement, comme d'une revanche dérisoire. Guy de Blanchefort s'assit et lui présenta le parchemin.
    On m'a remis ceci pour toi, de la part de ton frère, lui dit-il.
    — Tu l'as ouverte et je t'en remercie. Cette prévenance pour me garder du poison qu'on aurait pu y répandre me touche infiniment, mon ami.
    Guy de Blanchefort sourit, faiblement décontenancé. De toute évidence, c'était une hypothèse qu'il n'avait pas envisagée. Déjà, Djem parcourait les signes. Il comprenait pourquoi finalement on lui avait remis cette lettre. Elle était rédigée en farsi, langue qu'aucun des traducteurs n'utilisait. Il fronça le sourcil sur ses yeux d'azur.
    Se félicitant intérieurement des ordres qu'il avait donnés à Houchang, Djem fit mine de se désoler et secoua la tête.
    — Mon frère me demande d'admettre la légitimité de son règne et de rentrer en Istanbul. Il m'assure en retour de la vie sauve et de son affection. Son discours ne me trompe pas, hélas. Je connais la tradition mieux que quiconque. Il me fera décapiter à peine aurai-je mis le pied dans la ville souveraine.
    — Je le crois aussi, Djem. La sagesse veut que vous nous fassiez confiance encore pour vous protéger. Même en terre de France, vous êtes en danger.
    — Ma reconnaissance vous est acquise, affirma faussement Djem avant de taper dans ses mains et d'ajouter, aussi gaiement qu'il le pouvait : Femmes, dansez pour mon ami.
    Espérant que ce serait un supplice de Tantale pour le grand prieur, il prit un réel plaisir lorsque la musique éclata, à les regarder onduler des hanches, des bras et des seins.
     
    Lorsque Houchang revint en fin d'après-midi, Djem relâcha la pression qui l'avait tenu toute la journée derrière un masque de fête. Avant de mourir sous la pointe courbe de son propre poignard de nacre, Hussein bey avait révélé sa véritable mission. Elle consistait à rencontrer le roi de France. En échange de la promesse que Louis XI empêcherait par tous les moyens Djem de se dresser contre lui, Bayezid lui offrait, en plus d'une somme considérable, des reliques chrétiennes conservées à Istanbul. Mais le Grec avait échoué. Le roi n'avait voulu ni le recevoir ni l'entendre. Il était mourant.
    Cette nouvelle laissa Djem dans l'expectative. La démarche de son frère prouvait qu'il le craignait encore ; tandis que la mort du roi amenait de nouvelles difficultés. Ombre et lumière. Toujours.
    Son véritable réconfort lui vint d'un cri terrifiant en fin de journée. Il sortit de ses appartements pour s'informer de sa provenance et tomba sur Anwar, son frère de lait, le troisième de ses fidèles compagnons d'infortune, qui s'esclaffait avec Nassouh.
    — C'est Blanchefort. La dent qu'il se faisait arracher s'est cassée et le bourreau fourrage depuis dix minutes dans ses chairs pour extraire la racine.
    Si Djem ne lui avait autant gardé rancune de ses mensonges, il se serait précipité avec ce flacon de verre bleu serti d'une

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